Cambodge - Vendre ses cheveux pour un bol de riz
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Cambodge - Vendre ses cheveux pour un bol de riz
La décision tient du désespoir. Mais, quand le ventre crie famine, certaines femmes n’ont d’autre choix que de tondre leur chevelure.
Kheng Chen a sacrifié sa chevelure en janvier pour un peu moins de 8 dollars [6,50 euros]. Elle est aujourd’hui triste d’avoir la tête tondue, car elle paraît plus que ses 48 ans. Mais dans quelques mois, quand ses cheveux auront repoussé, elle compte les vendre à nouveau. "Toutes les femmes aiment les cheveux et veulent être belles, dit-elle. Mais, entre la beauté et la faim, que dois-je choisir ?" Kheng Chen n’est pas la seule à être torturée par ce dilemme. Elle vit dans la province de Kandal [qui entoure la capitale Phnom Penh], dans le village de Srah Po, où ont été relogés les expulsés de Borei Keila [en janvier, 133 familles ont été chassées par des agents de sécurité aux ordres du promoteur immobilier Phan Imex]. Chen fait partie de la trentaine de femmes qui ont décidé de céder leur chevelure contre de l’argent. Un brin honteuses, la plupart d’entre elles portent un foulard pour cacher leur coupe de garçon manqué.
Le commerce de cheveux naturels [pour les perruques ou les extensions] n’est pas nouveau. Au Cambodge, pourtant, il n'en est qu'à ses débuts. La société Arjuni, implantée à Phnom Penh, se fait une place dans ce secteur traditionnellement dominé par l’Inde et la Chine, écrivait récemment The New York Times. Janice Wilson, sa directrice, affirme que le cheveu cambodgien ressemble au cheveu indien. "L’Inde représente quelque chose comme 99 % du commerce mondial de cheveux. Jusqu’ici, personne n’avait pensé au Cambodge", observe-t-elle. A Srah Po, ces transactions font désormais partie du quotidien. Au guidon de leur moto, les courtiers vietnamiens se présentent au milieu des huttes recouvertes de bâches bleues. Ils viennent une à deux fois par mois pour faire du démarchage.
Le prix dépend de la longueur et de la qualité du cheveu. Saom Sokunthea, 42 ans, a négocié sa chevelure pour 7 dollars [5,60 euros]. Elle n’avait d’autre choix afin d'acheter du riz pour ses trois enfants. Mais, en renonçant à ses cheveux, elle a réveillé en elle des souvenirs douloureux : "Si mon mari avait été vivant, il ne m’aurait pas autorisée à les vendre, même si nous étions en train de mourir de faim. Il les chérissait tellement !" Yoeun Soeun, 32 ans, a cédé les siens il y a trois mois pour 12 dollars [9,60 euros]. Le bon prix qu’elle en a tiré s’explique, selon elle, par sa jeunesse et par le fait qu’elle se rendait souvent chez son coiffeur. Elle retire son chapeau et passe sa main dans ses cheveux noirs. Avant de le remettre précipitamment. "Personne ne le fait de gaîté de cœur, mais, quand il n’y a pas d’autre solution, que voulez-vous ? Dans mon village, presque toutes les femmes sont ainsi devenues du jour au lendemain des grand-mères." [Traditionnellement, au Cambodge, il est courant que les femmes âgées se rasent la tête.]
http://www.courrierinternational.com/
Kheng Chen a sacrifié sa chevelure en janvier pour un peu moins de 8 dollars [6,50 euros]. Elle est aujourd’hui triste d’avoir la tête tondue, car elle paraît plus que ses 48 ans. Mais dans quelques mois, quand ses cheveux auront repoussé, elle compte les vendre à nouveau. "Toutes les femmes aiment les cheveux et veulent être belles, dit-elle. Mais, entre la beauté et la faim, que dois-je choisir ?" Kheng Chen n’est pas la seule à être torturée par ce dilemme. Elle vit dans la province de Kandal [qui entoure la capitale Phnom Penh], dans le village de Srah Po, où ont été relogés les expulsés de Borei Keila [en janvier, 133 familles ont été chassées par des agents de sécurité aux ordres du promoteur immobilier Phan Imex]. Chen fait partie de la trentaine de femmes qui ont décidé de céder leur chevelure contre de l’argent. Un brin honteuses, la plupart d’entre elles portent un foulard pour cacher leur coupe de garçon manqué.
Le commerce de cheveux naturels [pour les perruques ou les extensions] n’est pas nouveau. Au Cambodge, pourtant, il n'en est qu'à ses débuts. La société Arjuni, implantée à Phnom Penh, se fait une place dans ce secteur traditionnellement dominé par l’Inde et la Chine, écrivait récemment The New York Times. Janice Wilson, sa directrice, affirme que le cheveu cambodgien ressemble au cheveu indien. "L’Inde représente quelque chose comme 99 % du commerce mondial de cheveux. Jusqu’ici, personne n’avait pensé au Cambodge", observe-t-elle. A Srah Po, ces transactions font désormais partie du quotidien. Au guidon de leur moto, les courtiers vietnamiens se présentent au milieu des huttes recouvertes de bâches bleues. Ils viennent une à deux fois par mois pour faire du démarchage.
Le prix dépend de la longueur et de la qualité du cheveu. Saom Sokunthea, 42 ans, a négocié sa chevelure pour 7 dollars [5,60 euros]. Elle n’avait d’autre choix afin d'acheter du riz pour ses trois enfants. Mais, en renonçant à ses cheveux, elle a réveillé en elle des souvenirs douloureux : "Si mon mari avait été vivant, il ne m’aurait pas autorisée à les vendre, même si nous étions en train de mourir de faim. Il les chérissait tellement !" Yoeun Soeun, 32 ans, a cédé les siens il y a trois mois pour 12 dollars [9,60 euros]. Le bon prix qu’elle en a tiré s’explique, selon elle, par sa jeunesse et par le fait qu’elle se rendait souvent chez son coiffeur. Elle retire son chapeau et passe sa main dans ses cheveux noirs. Avant de le remettre précipitamment. "Personne ne le fait de gaîté de cœur, mais, quand il n’y a pas d’autre solution, que voulez-vous ? Dans mon village, presque toutes les femmes sont ainsi devenues du jour au lendemain des grand-mères." [Traditionnellement, au Cambodge, il est courant que les femmes âgées se rasent la tête.]
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