Cambodge - Ils recueillent le sucre de palme au risque de leur vie

Les fermiers de Kompong Chhnang escaladent des arbres très hauts pour collecter la sève nécessaire à la production de sucre de palme

Tous les matins, Long Lonh se réveille avant même que l’aube ne se lève, il se débarbouille avant de charger sa bicyclette de récipients en plastique. Son couteau accroché à la ceinture, il pédale lentement sur la route pavée qui mène de sa maison à la rizière surplombée par des centaines de palmiers. En dépit de l'heure matinale, Long Lonh n'est pas le seul aux champs. D'autres hommes sont arrivés avant lui, certains grimpent déjà le long des arbres ondoyants, d'autres marchent d'un tronc à l'autre chargés des conteneurs remplis d’une sève qu'ils ont récoltée du point le plus haut des palmiers.

Long Lonh range son vélo à proximité d’un des arbres qu’il commence à escalader après avoir accroché un des récipients qu'il porte à sa ceinture. Il grimpe à l’aide d’une échelle en bambou attachée au tronc. Une fois en haut, il enlève le récipient en plastique rempli durant la nuit de sève, et le remplace par celui qu’il a apporté. Et de redescendre ensuite. Long Lonh vit dans le village Dorkrong dans la province de Kampong Chhnang, il travaille comme collecteur de sève depuis 1970. Chaque jour, il grimpe une vingtaine de palmiers, chacun d’une hauteur avoisinant les 20 mètres. "Oui c'est un travail dangereux, mais mon père me dit de répéter le mantra balinais ‘Monte prudemment ou tombe vers la mort’ chaque fois que je grimpe."

Produire du sucre de palme n'est pas compliqué mais cela demande certaines connaissances, chaque collecteur est capable de récolter différentes sortes de sève. Celle-ci est obtenue à partir des arbres mâles comme femelles, mais dans les deux cas seuls les arbres en fleur sont concernés, car le liquide est recueilli à partir des fleurs. Long Lonh récolte habituellement la sève des arbres mâles. En utilisant le plat de deux morceaux de bois, il presse la fleur et ensuite en coupe la tête. Le processus doit être répété trois jours de suite avant que la sève ne commence à couler, "Après trois jours, la fleur commence à relâcher la sève, à nous ensuite d’utiliser le récipient en plastique pour la recueillir" raconte Long Lonh qui précise "S’il n'y a toujours pas de sève au bout de trois jours, alors la fleur est peut être malade". Et d’ajouter "Les arbres les plus hauts donnent plus de sève. J'imagine qu'ils sont meilleurs que les plus petits pour en produire ". Long Lonh explique qu'il est possible de récolter de la sève tout au long de l’année, aussi longtemps qu’il y a des fleurs, mais à la saison des pluies il arrête de grimper aux arbres et se concentre sur son travail agricole.

Uch Thanith, 31 ans, est un autre collecteur de Dorkrong, il affirme avoir commencé cette activité à l’âge de 18 ans. La plupart de ses collèges ont appris le métier au sein de leur famille, mais Thanith lui vient d’un autre village, son père ne connaissait donc rien de cette activité. "Une fois, alors que j’approchais du sommet, mon échelle s’est accidentellement rompue, j’ai été par chance capable de me tenir au tronc et ainsi de me sauver d’une chute." Un incident qui l’aura effrayé un temps mais qu’il a ensuite pris pour un avertissement à être plus prudent, "Je préfèrerai un autre travail mais je n'ai pas d'autres options" et de préciser que lui aussi se récite le mantra 'Monte prudemment ou tombe vers la mort' à chaque ascension.

Dorkrong compte 86 familles selon son chef Ros Chhong. La plupart des hommes sont collecteurs tandis que les femmes fabriquent le sucre à partir de la sève récoltée. "Les palmiers dans notre village sont très utiles parce que les habitants gagnent de l'argent tous les jours grâce à eux". Il ajoute qu'en dépit du caractère dangereux de la récolte de sève, aucun collecteur n'est tombé des arbres à Dorkrong. Cependant, il raconte aussi que quelques années auparavant un homme du village voisin, Andong Por, a fait une chute mortelle d'un palmier de 30 mètres. Long Lonh avoue avoir eu également une expérience similaire à celle de Thanith en perdant son équilibre alors qu'un barreau de l'échelle en bambou s'est cassé sous son pied. Lui aussi a pu se rattraper au tronc avant de tomber. Et s’il travaille doucement et prudemment pendant son escalade, c’est rapidement qu’il pédale jusqu’à sa maison une fois la sève récoltée de ses 20 arbres. Une fois arrivé, sa femme Phang Sim verse la sève dans un gros pot et la fait bouillir pendant deux heures, jusqu'à ce que la majorité du liquide se soit évaporée, laissant un sucre visqueux et très doux. Une partie de la sève peut aussi être utilisée pour faire du vin de palme. Chaque jour, Long Lonh récolte près de 30 litres de sève, qui fournissent 2 à 3 kilogrammes de sucre. La production, vendue au marché, rapporte environ 1.900 riels par kilo. "Nous pouvons produire au moins deux tonnes de sucre par an" affirme Phang Sim.

Comment y aller?
Le village Dorkrong est situé dans la commune de Pong Po du district de Rolea Paea de la province Kompong Chhnang. De Phnom Penh, roulez sur la route nationale 5 sur 100 kilomètres. Passez devant la ville de Kompong Chhnang puis tournez à droite sur la route en béton qui mène à l'aérodrome local. Dorkrong est à environ10 kms de la nationale 5.

source http://www.lepetitjournal.com/content/view/53358/1841/

J'ai pus voir cela aussi en Birmanie, où là, ils accrochent des petits pots et les prélèvent le matin et en fin de journée.