Les boat people poussés vers une mort certaine
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Les boat people poussés vers une mort certaine
Les Birmans qui sont capturés dans les eaux thaïlandaises alors qu’ils cherchent à fuir leur pays sont escortés en haute mer, puis abandonnés à leur sort. Le South China Morning Post s’indigne de cette “pratique répugnante”.
Plusieurs témoignages ont décrit récemment la brutalité avec laquelle l’armée thaïlandaise traite les musulmans birmans qui fuient, à bord d’embarcations de fortune, l’oppression et la pauvreté régnant dans leur pays. Des dizaines d’entre eux ont été détenus pendant des heures, certains étant même roués de coups sous les yeux des touristes étrangers en vacances sur ces plages paradisiaques. Mais le pire est commis loin de tout regard accusateur : une fois remis à l’armée thaïlandaise par la police ou la marine, ces boat people sont rassemblés dans le plus grand secret sur Koh Sai Daeng [l’île du Sable rouge], une île de la mer d’Andaman, avant d’être conduits dans les eaux internationales et abandonnés sur de vieux rafiots équipés de simples pagaïes.
La Thaïlande est aux prises depuis longtemps avec le problème à la fois légal et social des centaines de milliers de réfugiés en provenance du Myanmar, qui fuient une vie de travail forcé ou la répression politique. Récemment, les autorités ont donc décidé de muscler leur réponse face à l’afflux de Rohingyas, un peuple musulman vivant dans l’ouest du Myanmar. Beaucoup ont fui vers le Bangladesh voisin. Mais, à cette époque de l’année, quand la mer se fait moins dangereuse, ils sont des milliers, encouragés par des passeurs dénués de tout scrupule, à tenter la traversée en rêvant d’un emploi dans l’un des pays de la région.
Pour justifier leur politique, les autorités thaïlandaises invoquent des craintes sécuritaires, arguant que les nouveaux arrivants – tous des hommes adultes – pourraient rejoindre la rébellion musulmane terroriste, toujours active dans le sud du royaume. Si des inquiétudes pour la sécurité nationale peuvent justifier la mise en place de mesures strictes de dissuasion, abandonner des hommes en haute mer sans voile ni moteur est tout simplement inhumain, et ce sans même faire mention de la violation des droits de l’homme tels que définis par le droit international. Le nouveau Premier ministre, Abhisit Vejjajiva, élu le mois dernier, hérite de cette politique répugnante. Il se doit de la renier sur-le-champ s’il tient à préserver la réputation de la Thaïlande sur la scène régionale. Dans un premier temps, il serait avisé de remettre le sort des réfugiés rohingyas entre les mains des autorités compétentes, autrement dit celles des services de l’immigration. Dans un second temps, en tant qu’hôte du prochain sommet de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (ASEAN) le mois prochain, le Premier ministre devrait saisir l’occasion pour soulever cette question auprès des autres pays concernés. Car la Thaïlande n’est pas un cas isolé : des Rohingyas parviennent à gagner également l’Indonésie ou la Malaisie, deux autres membres de l’entente régionale. Si les exactions commises au Myanmar peuvent être considérées comme un sujet sensible par l’ASEAN au regard de son principe de non-ingérence dans les affaires intérieures de ses membres, le flux de clandestins que ces abus jettent sur les côtes des pays voisins est incontestablement du ressort de l’entité régionale.
LES ROHINGYAS Une minorité martyrisée
Le 18 décembre, la marine thaïlandaise a escorté 412 Rohingyas au nord de l’île de Koh Surin, avant de les abandonner dans les eaux internationales, précise le South China Morning Post. Quelque 800 personnes auraient subi le même sort ces dernières semaines ; certaines d’entre elles, dans un état de déshydratation avancée, ont été secourues par les gardes-côtes indiens patrouillant autour de l’archipel d’Andaman.
Les Rohingyas, une ethnie de confession musulmane vivant dans l’Etat birman de Rakhine (ou Arakan), sont linguistiquement, physiquement et culturellement proches des Bengalis. Ils sont soumis à une cruelle oppression de la part des militaires au pouvoir. En 1978, note Amnesty International, 200 000 Rohingyas ont fui vers le Bangladesh voisin à la suite d’une campagne meurtrière de l’armée. En 1991, une nouvelle vague d’exactions en a poussé 250 000 à franchir la frontière. En 2006, 237 000 d’entre eux sont retournés au Myanmar avec l’assistance des Nations unies, qui cherchent aujourd’hui à rapatrier les 28 000 derniers officiellement répertoriés
lire aussi http://www.asie-forum-voyage.com/birmanie-cambodge-indonesie-laos-malaysie-philippines-singapour-vietnam-f1/birmanie-bangladesh-repression-inouie-contre-les-rohingyas-t942.htm
source www.courrierinternational.com
Plusieurs témoignages ont décrit récemment la brutalité avec laquelle l’armée thaïlandaise traite les musulmans birmans qui fuient, à bord d’embarcations de fortune, l’oppression et la pauvreté régnant dans leur pays. Des dizaines d’entre eux ont été détenus pendant des heures, certains étant même roués de coups sous les yeux des touristes étrangers en vacances sur ces plages paradisiaques. Mais le pire est commis loin de tout regard accusateur : une fois remis à l’armée thaïlandaise par la police ou la marine, ces boat people sont rassemblés dans le plus grand secret sur Koh Sai Daeng [l’île du Sable rouge], une île de la mer d’Andaman, avant d’être conduits dans les eaux internationales et abandonnés sur de vieux rafiots équipés de simples pagaïes.
La Thaïlande est aux prises depuis longtemps avec le problème à la fois légal et social des centaines de milliers de réfugiés en provenance du Myanmar, qui fuient une vie de travail forcé ou la répression politique. Récemment, les autorités ont donc décidé de muscler leur réponse face à l’afflux de Rohingyas, un peuple musulman vivant dans l’ouest du Myanmar. Beaucoup ont fui vers le Bangladesh voisin. Mais, à cette époque de l’année, quand la mer se fait moins dangereuse, ils sont des milliers, encouragés par des passeurs dénués de tout scrupule, à tenter la traversée en rêvant d’un emploi dans l’un des pays de la région.
Pour justifier leur politique, les autorités thaïlandaises invoquent des craintes sécuritaires, arguant que les nouveaux arrivants – tous des hommes adultes – pourraient rejoindre la rébellion musulmane terroriste, toujours active dans le sud du royaume. Si des inquiétudes pour la sécurité nationale peuvent justifier la mise en place de mesures strictes de dissuasion, abandonner des hommes en haute mer sans voile ni moteur est tout simplement inhumain, et ce sans même faire mention de la violation des droits de l’homme tels que définis par le droit international. Le nouveau Premier ministre, Abhisit Vejjajiva, élu le mois dernier, hérite de cette politique répugnante. Il se doit de la renier sur-le-champ s’il tient à préserver la réputation de la Thaïlande sur la scène régionale. Dans un premier temps, il serait avisé de remettre le sort des réfugiés rohingyas entre les mains des autorités compétentes, autrement dit celles des services de l’immigration. Dans un second temps, en tant qu’hôte du prochain sommet de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (ASEAN) le mois prochain, le Premier ministre devrait saisir l’occasion pour soulever cette question auprès des autres pays concernés. Car la Thaïlande n’est pas un cas isolé : des Rohingyas parviennent à gagner également l’Indonésie ou la Malaisie, deux autres membres de l’entente régionale. Si les exactions commises au Myanmar peuvent être considérées comme un sujet sensible par l’ASEAN au regard de son principe de non-ingérence dans les affaires intérieures de ses membres, le flux de clandestins que ces abus jettent sur les côtes des pays voisins est incontestablement du ressort de l’entité régionale.
LES ROHINGYAS Une minorité martyrisée
Le 18 décembre, la marine thaïlandaise a escorté 412 Rohingyas au nord de l’île de Koh Surin, avant de les abandonner dans les eaux internationales, précise le South China Morning Post. Quelque 800 personnes auraient subi le même sort ces dernières semaines ; certaines d’entre elles, dans un état de déshydratation avancée, ont été secourues par les gardes-côtes indiens patrouillant autour de l’archipel d’Andaman.
Les Rohingyas, une ethnie de confession musulmane vivant dans l’Etat birman de Rakhine (ou Arakan), sont linguistiquement, physiquement et culturellement proches des Bengalis. Ils sont soumis à une cruelle oppression de la part des militaires au pouvoir. En 1978, note Amnesty International, 200 000 Rohingyas ont fui vers le Bangladesh voisin à la suite d’une campagne meurtrière de l’armée. En 1991, une nouvelle vague d’exactions en a poussé 250 000 à franchir la frontière. En 2006, 237 000 d’entre eux sont retournés au Myanmar avec l’assistance des Nations unies, qui cherchent aujourd’hui à rapatrier les 28 000 derniers officiellement répertoriés
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source www.courrierinternational.com
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