Poussés par les réformes, les exilés envisagent le retour au pays
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Poussés par les réformes, les exilés envisagent le retour au pays
Les exilés birmans n'ont pas été les premiers convaincus de la sincérité du nouveau régime. Mais l'ampleur des réformes et l'amour du pays viennent peu à peu à bout de leur scepticisme et les incitent à rentrer pour reconstruire un pays épuisé par la dictature militaire.
En 1988, après le soulèvement étudiant réprimé par la junte, Aung Naing Oo avait traversé la jungle à pied pour fuir en Thaïlande.
Il est depuis devenu un analyste respecté, et voudrait inspirer ses semblables.
"Je vois aussi ce voyage comme une réconciliation personnelle avec mon propre pays, ma vie entière, une tentative pour soigner les blessures, le traumatisme que nous avons subi", explique-t-il à l'AFP, espérant marquer une "nouvelle ère" pour les exilés.
Au Vahu Development Institute (VDI) dans lequel il travaille depuis la Thaïlande voisine, il a beaucoup milité pour réformer un pays aujourd'hui éreinté, amputé de beaucoup de ses élites.
Les récents changements sont "une sorte de miracle", estime-t-il. Mais "il y a beaucoup de défis" à relever. "Bien qu'il y ait des compétences dans le gouvernement, ils manquent d'expérience et ils sont paralysés par l'ancienne culture bureaucratique".
En mars 2011, la junte s'est autodissoute et a transféré ses pouvoirs à un nouveau gouvernement dit "civil" bien que contrôlé par d'anciens militaires, qui a multiplié les réformes politiques spectaculaires.
L'opposante Aung San Suu Kyi, libérée de résidence surveillée fin 2010, est revenue au coeur du jeu politique, des centaines de prisonniers politiques ont été libérés et le parlement a entrepris de modifier le corpus législatif.
Reposer le pied sur leur terre natale fait donc moins peur aux millions de Birmans de la diaspora. Et l'arrivée des universitaires du VDI, formés à Harvard, leur envoie un message fort quant à l'opportunité qui se présente à eux d'inverser la fuite des cerveaux.
Un enjeu fondamental pour le pays. "Cela va être vraiment important parce que c'est la question des compétences qui va freiner les réformes", estime Richard Horsey, spécialiste de la Birmanie.
Alors que les proches de l'ancienne junte se sont accaparés les richesses et que le système éducatif a été ravagé par des généraux qui craignaient les étudiants, rien n'a été fait pour former une main d'oeuvre qualifiée.
"Vous avez ce groupe de jeunes Birmans à Singapour, en Malaisie, en Thaïlande et en Occident, qui ont été formés à haut niveau dans différents domaines. Que faut-il pour les récupérer?", s'interroge Horsey.
Tout manque, dans ce pays en reconstruction. Les infrastructures sont cruellement insuffisantes, le parlement n'a pas encore voté la première loi sur les investissements, et le système financier attend une refonte complète dans un pays où cohabitent de multiples taux de change.
Mais les investisseurs étrangers sont à l'affût, attendant avec avidité une levée de moins en moins inimaginable des sanctions occidentales. Et le Fonds monétaire international a parié que le pays deviendrait la nouvelle destination à la mode, "s'il peut tourner à son avantage" ses richesses naturelles et sa force de travail, qui puise dans un vivier de 60 millions d'habitants.
A Singapour, les frais de scolarité sont en partie offerts aux étudiants birmans en échange de plusieurs années de travail après leur diplôme. Mais malgré cette carotte financière, le retour n'est plus une utopie. "Je pense qu'un futur magnifique attend la Birmanie", assure ainsi San May Thu, 21 ans, étudiant en gestion d'entreprise.
Pour les plus âgés, quitter leur terre d'accueil est compliqué, tout comme s'acclimater à cette culture natale longtemps regardée depuis l'étranger.
Mais c'est alors le coeur qui parle. "Les gens m'ont prévenu: aussitôt que tu sors de l'aéroport, tu te retrouves dans un monde étrange", explique Aung Naing Oo. "Tu entends des voix qui sont familières et tu réalises que tu es Birman jusqu'au plus profond de ton coeur".
AFP
En 1988, après le soulèvement étudiant réprimé par la junte, Aung Naing Oo avait traversé la jungle à pied pour fuir en Thaïlande.
Il est depuis devenu un analyste respecté, et voudrait inspirer ses semblables.
"Je vois aussi ce voyage comme une réconciliation personnelle avec mon propre pays, ma vie entière, une tentative pour soigner les blessures, le traumatisme que nous avons subi", explique-t-il à l'AFP, espérant marquer une "nouvelle ère" pour les exilés.
Au Vahu Development Institute (VDI) dans lequel il travaille depuis la Thaïlande voisine, il a beaucoup milité pour réformer un pays aujourd'hui éreinté, amputé de beaucoup de ses élites.
Les récents changements sont "une sorte de miracle", estime-t-il. Mais "il y a beaucoup de défis" à relever. "Bien qu'il y ait des compétences dans le gouvernement, ils manquent d'expérience et ils sont paralysés par l'ancienne culture bureaucratique".
En mars 2011, la junte s'est autodissoute et a transféré ses pouvoirs à un nouveau gouvernement dit "civil" bien que contrôlé par d'anciens militaires, qui a multiplié les réformes politiques spectaculaires.
L'opposante Aung San Suu Kyi, libérée de résidence surveillée fin 2010, est revenue au coeur du jeu politique, des centaines de prisonniers politiques ont été libérés et le parlement a entrepris de modifier le corpus législatif.
Reposer le pied sur leur terre natale fait donc moins peur aux millions de Birmans de la diaspora. Et l'arrivée des universitaires du VDI, formés à Harvard, leur envoie un message fort quant à l'opportunité qui se présente à eux d'inverser la fuite des cerveaux.
Un enjeu fondamental pour le pays. "Cela va être vraiment important parce que c'est la question des compétences qui va freiner les réformes", estime Richard Horsey, spécialiste de la Birmanie.
Alors que les proches de l'ancienne junte se sont accaparés les richesses et que le système éducatif a été ravagé par des généraux qui craignaient les étudiants, rien n'a été fait pour former une main d'oeuvre qualifiée.
"Vous avez ce groupe de jeunes Birmans à Singapour, en Malaisie, en Thaïlande et en Occident, qui ont été formés à haut niveau dans différents domaines. Que faut-il pour les récupérer?", s'interroge Horsey.
Tout manque, dans ce pays en reconstruction. Les infrastructures sont cruellement insuffisantes, le parlement n'a pas encore voté la première loi sur les investissements, et le système financier attend une refonte complète dans un pays où cohabitent de multiples taux de change.
Mais les investisseurs étrangers sont à l'affût, attendant avec avidité une levée de moins en moins inimaginable des sanctions occidentales. Et le Fonds monétaire international a parié que le pays deviendrait la nouvelle destination à la mode, "s'il peut tourner à son avantage" ses richesses naturelles et sa force de travail, qui puise dans un vivier de 60 millions d'habitants.
A Singapour, les frais de scolarité sont en partie offerts aux étudiants birmans en échange de plusieurs années de travail après leur diplôme. Mais malgré cette carotte financière, le retour n'est plus une utopie. "Je pense qu'un futur magnifique attend la Birmanie", assure ainsi San May Thu, 21 ans, étudiant en gestion d'entreprise.
Pour les plus âgés, quitter leur terre d'accueil est compliqué, tout comme s'acclimater à cette culture natale longtemps regardée depuis l'étranger.
Mais c'est alors le coeur qui parle. "Les gens m'ont prévenu: aussitôt que tu sors de l'aéroport, tu te retrouves dans un monde étrange", explique Aung Naing Oo. "Tu entends des voix qui sont familières et tu réalises que tu es Birman jusqu'au plus profond de ton coeur".
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la tentation du retour pour les médias en exil
A l'heure où la presse birmane conquiert une liberté longtemps étouffée, les médias en exil envisagent de rentrer au pays en toute légalité, mais espèrent au préalable obtenir des garanties du gouvernement que les réformes ne sont pas transitoires.
Il y a peu, travailler pour l'un d'eux était sanctionné de nombreuses années de prison. Alors avec l'ouverture politique naissent des espoirs un peu fous.
"C'est notre rêve de publier un magazine papier ou en ligne en Birmanie", explique à l'AFP Aung Zaw, fondateur du site d'informations Irrawaddy, installé en Thaïlande.
Le journaliste vient d'effectuer son premier voyage en Birmanie depuis le soulèvement populaire de 1988 et en est revenu séduit. "Je pense que les autorités prendront en compte ma demande si nous voulons publier en Birmanie".
Depuis un an, le gouvernement de l'ancien général Thein Sein, qui a succédé à la junte en mars 2011, multiplie les réformes politiques spectaculaires, y compris dans les médias.
La censure, déjà assouplie, est appelée à disparaître. L'opposante Aung San Suu Kyi, libérée de résidence surveillée fin 2010, fait la une de la presse et les sites des médias en exil ne sont plus bloqués.
Même les journalistes de Democratic Voice of Burma (DVB), groupe audiovisuel basé à Oslo, ont tous été libérés en janvier, lors d'une amnistie de prisonniers politiques.
Reste, pour les exilés, la question stratégique du calendrier. Selon Aung Zaw, de nombreux journalistes ont suggéré à l'Irrawaddy de "rester en Thaïlande jusqu'à 2015", date des prochaines législatives, le temps de s'assurer que les réformes auront tenu la distance.
"Les lois qui restreignent la liberté de la presse sont toujours là", c'est "trop risqué" pour l'instant, confirme Maung Maung Myint, président de l'Association des médias birmans (BMA) qui compte principalement des exilés.
A Naypyidaw, le ministère de l'Information affirme que la voie est libre. Ye Htut, directeur général du ministère, a indiqué à l'AFP qu'il n'y avait "pas de restrictions" sur les médias exilés. "Nous leur demandons seulement une couverture juste et équilibrée".
Mais la nouvelle loi sur la presse, en cours de rédaction, se limite à la presse imprimée. Et "il manquera encore un pluralisme, des pratiques et d'inscrire ça dans la durée", relève Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie de Reporters sans frontières.
Les médias en exil n'ont donc d'autre choix que d'y aller pas à pas. Le rédacteur en chef de Mizzima, une agence basée en Inde, a indiqué au Myanmar Times être "prêt à installer un bureau à Rangoun". Idem pour l'Irrawaddy.
Quant à la DVB, la première étape sera de "légaliser les opérations dans le pays" et prévenir toute nouvelle arrestation, souligne son directeur adjoint Khin Maung Win.
Le gouvernement actuel tranche avec le précédent, qui "traitait la DVB comme l'ennemi". Mais le groupe est toujours de facto "une organisation illégale".
A terme, le retour semble inéluctable après un exil imposé par un régime totalitaire. "Les médias exilés disparaîtront quand la Birmanie deviendra une société véritablement démocratique", note sans détour Maung Maung Myint.
Mais en attendant, les bailleurs de fonds internationaux, tentés de privilégier des projets à l'intérieur du pays, doivent continuer à les soutenir, plaide-t-il.
Quelle que soit leur affectation future, ces professionnels de l'information anglophones et expérimentés seront déterminants dans un pays où le principal quotidien, New light of Myanmar, est un triste et dogmatique porte-parole du pouvoir.
Des responsables "ont dit qu'ils voulaient que nous fassions de la formation et que nous apportions les normes de qualité du journalisme", se réjouit Aung Zaw. "S'ils sont sérieux, je suis prêt".
AFP
Il y a peu, travailler pour l'un d'eux était sanctionné de nombreuses années de prison. Alors avec l'ouverture politique naissent des espoirs un peu fous.
"C'est notre rêve de publier un magazine papier ou en ligne en Birmanie", explique à l'AFP Aung Zaw, fondateur du site d'informations Irrawaddy, installé en Thaïlande.
Le journaliste vient d'effectuer son premier voyage en Birmanie depuis le soulèvement populaire de 1988 et en est revenu séduit. "Je pense que les autorités prendront en compte ma demande si nous voulons publier en Birmanie".
Depuis un an, le gouvernement de l'ancien général Thein Sein, qui a succédé à la junte en mars 2011, multiplie les réformes politiques spectaculaires, y compris dans les médias.
La censure, déjà assouplie, est appelée à disparaître. L'opposante Aung San Suu Kyi, libérée de résidence surveillée fin 2010, fait la une de la presse et les sites des médias en exil ne sont plus bloqués.
Même les journalistes de Democratic Voice of Burma (DVB), groupe audiovisuel basé à Oslo, ont tous été libérés en janvier, lors d'une amnistie de prisonniers politiques.
Reste, pour les exilés, la question stratégique du calendrier. Selon Aung Zaw, de nombreux journalistes ont suggéré à l'Irrawaddy de "rester en Thaïlande jusqu'à 2015", date des prochaines législatives, le temps de s'assurer que les réformes auront tenu la distance.
"Les lois qui restreignent la liberté de la presse sont toujours là", c'est "trop risqué" pour l'instant, confirme Maung Maung Myint, président de l'Association des médias birmans (BMA) qui compte principalement des exilés.
A Naypyidaw, le ministère de l'Information affirme que la voie est libre. Ye Htut, directeur général du ministère, a indiqué à l'AFP qu'il n'y avait "pas de restrictions" sur les médias exilés. "Nous leur demandons seulement une couverture juste et équilibrée".
Mais la nouvelle loi sur la presse, en cours de rédaction, se limite à la presse imprimée. Et "il manquera encore un pluralisme, des pratiques et d'inscrire ça dans la durée", relève Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie de Reporters sans frontières.
Les médias en exil n'ont donc d'autre choix que d'y aller pas à pas. Le rédacteur en chef de Mizzima, une agence basée en Inde, a indiqué au Myanmar Times être "prêt à installer un bureau à Rangoun". Idem pour l'Irrawaddy.
Quant à la DVB, la première étape sera de "légaliser les opérations dans le pays" et prévenir toute nouvelle arrestation, souligne son directeur adjoint Khin Maung Win.
Le gouvernement actuel tranche avec le précédent, qui "traitait la DVB comme l'ennemi". Mais le groupe est toujours de facto "une organisation illégale".
A terme, le retour semble inéluctable après un exil imposé par un régime totalitaire. "Les médias exilés disparaîtront quand la Birmanie deviendra une société véritablement démocratique", note sans détour Maung Maung Myint.
Mais en attendant, les bailleurs de fonds internationaux, tentés de privilégier des projets à l'intérieur du pays, doivent continuer à les soutenir, plaide-t-il.
Quelle que soit leur affectation future, ces professionnels de l'information anglophones et expérimentés seront déterminants dans un pays où le principal quotidien, New light of Myanmar, est un triste et dogmatique porte-parole du pouvoir.
Des responsables "ont dit qu'ils voulaient que nous fassions de la formation et que nous apportions les normes de qualité du journalisme", se réjouit Aung Zaw. "S'ils sont sérieux, je suis prêt".
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Re: Poussés par les réformes, les exilés envisagent le retour au pays
Myanmar's opposition leader Aung San Suu Kyi has encouraged overseas Myanmar citizens to return home to participate in the country's transformation. She says they should use the skills and knowledge they have gained abroad to help the people in Myanmar. The Lady was speaking to about 6,000 Myanmar nationals living and working in Singapore
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