Asie & polars - Voyage vers d’autres saveurs

Alliant exotisme et suspense, le roman policier asiatique séduit de plus en plus d’adeptes. De l’Inde au Japon, il nous emmène dans un temps différent.
C’est devenu une habitude, presque un réflexe. Avant de partir en vacances ou en weekend, certains s’offrent systématiquement un petit tour au rayon polars de leur librairie favorite.

Rien de tel en effet qu’un bon roman policier pour découvrir une ville, mieux comprendre le fonctionnement d’un pays, se familiariser avec les conditions de vie, les loisirs et les habitudes alimentaires de ses habitants.

Qu’ils parlent du présent ou évoquent le passé, qu’ils soient urbains ou campagnards, sanglants ou juste un peu inquiétants, les polars sont souvent le meilleur guide pour voyager. Même à l’autre bout du monde.

D’abord anglo-saxon et francophone, plus récemment nordique, le polar fleurit aujourd’hui sur tous les continents. Et notamment en Asie.

Que vous alliez en Chine, au Japon, en Inde, mais aussi en Thaïlande, en Mongolie, au Tibet ou même en Corée, vous trouverez au moins un, et souvent plusieurs livres traduits pour vous accompagner. Parler de «polar asiatique» serait toutefois abusif car, dans ce cas, il existe autant de contextes littéraires que de pays.

Foisonnante, passionnante, cette diversité concerne aussi la nationalité des auteurs. Certains sont nés et vivent toujours dans le pays dont ils parlent, mais beaucoup viennent d’ailleurs. On y trouve un ancien membre des services secrets de l’Ouest spécialiste de la Corée du Nord, un juriste américain passionné par le Tibet ainsi qu’un reporter de l’Associated Press marié à une journaliste indienne.

La preuve, comme l’a superbement montré Donna Leon avec Venise, qu’on parle parfois mieux d’une ville et de son âme quand on la découvre en citoyen d’adoption, avec des yeux certes étrangers, mais profondément amoureux.

La Chine illustre bien ce jeu de regards croisés. Les amateurs de polars historiques le savent bien. Depuis les années 1980, ils se sont régalés avec les fameuses enquêtes du juge Ti imaginées par le diplomate et sinologue hollandais Robert Van Gulik.

Or, détail piquant, l’écrivain de cette saga passionnante et érudite a commencé par publier, en 1949, la traduction d’un roman policier chinois anonyme du XVIIIe siècle. Dans sa propre pratique, il s’est ensuite appuyé sur l’existence et les règles de cette authentique littérature policière chinoise, qui renaît aujourd’hui timidement.

Qiu Xiaolong en est le principal représentant. Né à Shanghai en 1953, parti étudier aux Etats-Unis, il a décidé d’y rester après les événements de Tianan men et écrit même ses livres en anglais. A travers le personnage de l’inspecteur principal Chen Cao, ce spécialiste de T. S. Elliot documente avec finesse la formidable évolution de son pays dans les dernières décennies.

Son contemporain He Jiahong, juriste et criminologue reconnu, vit, lui, aujourd’hui à Pékin après avoir obtenu son doctorat à Chicago. Destinés d’abord à un public chinois, moins «psychologiques» et sensuels, ses ouvrages paraissent un peu raides et secs à nos regards d’Occidentaux. «S’interrogeant sur l’envers du décor, le roman policier reste encore difficile à pratiquer en Chine», reconnaît l’éditeur français Philippe Picquier, spécialiste des littératures asiatiques.

Simenon japonais. Si l’on cherche du polar «autochtone», il faut donc aller au Japon. «Le pays le plus intéressant dans ce domaine», relève encore Philippe Picquier. Originale, très riche et typée, la littérature policière y fleurit depuis un siècle.

On y passe des histoires fantastiques d’Edogawa Ranpo (1894-1965) aux embrouilles et dérives des bandes de jeunes décrites par Ishida Ira dans Ikebukuro West Gate Park, tout en admirant les enquêtes très sophistiquées de Seichô Matsumoto, souvent qualifié de Simenon japonais.

A noter aussi qu’il existe, au Pays du Soleil levant, de nombreux prix réservés à la littérature policière, preuve supplémentaire de la place qu’elle occupe dans la culture nippone.

Au-delà de leurs singularités, les polars qui parlent d’Asie se rejoignent souvent sur le plan thématique. La ville et ses mutations vertigineuses y deviennent des personnages à part entière. La pauvreté, la misère y sont particulièrement radicales et la corruption s’y avère tellement omniprésente que les classiques notions d’innocence et de culpabilité s’en retrouvent bien chamboulées.

Des critères rendus encore plus flous quand la religion, voire un certain mysticisme, s’en mêle. Nageant parfois en plein irrationnel, le lecteur a le sentiment de s’embarquer dans un autre temps, encore étiré, dilué par toutes les tracasseries administratives qui jalonnent le parcours des plus valeureux enquêteurs.

Par bonheur, même dans les situations désespérées, ces héros sans peur, mais parfois pas sans reproches, n’oublient pas de manger. Pour le plus grand plaisir des amateurs de gastronomie exotique. Allez, vous reprendrez bien quelques travers de porc accompagnés de racines de lotus farcies au riz gluant!


Polars asiatiques : Nos 10 coups de coeur

le lien de la photo ci-dessous (cliquez sur le lien pour une image haute résolution d'excellent qualité ----> http://www.hebdo.ch/img/Articles/109939/76_infog_grande.jpg



source http://www.hebdo.ch/voyage_vers_saveurs_109939_.html

Oh je sens que je vais noter pas mal de références dans ce topic!

Merci!