l'esprit voyageur en asie du sud-est
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-40%
Le deal à ne pas rater :
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 pièces (induction, ...
59.99 € 99.99 €
Voir le deal

Thailande - Une fabrique de "bons petits soldats"

Aller en bas

Thailande - Une fabrique de "bons petits soldats"  Empty Thailande - Une fabrique de "bons petits soldats"

Message  thanaka Sam 25 Juin 2011 - 6:05

Passer des heures face contre terre sous le soleil brûlant. Ramper dans la poussière. Courir jusqu'au malaise. S'époumoner pendant des heures pour jurer fidélité et loyauté à son université. Comme leurs prédécesseurs, les étudiants en première année de l'université Maha Sarakham (MSU) ont été contraints cette année [la rentrée vient d'avoir lieu en Thaïlande] de marteler des slogans à s'en briser la voix et de se soumettre à des exercices quasi militaires en plein soleil jusqu'à ce que la plupart s'effondrent. Comme dans la majorité des universités thaïlandaises, ils ont dû subir les mêmes rituels de bizutage présentés par leurs défenseurs comme un rite de passage indispensable à la cohésion du groupe et par leurs détracteurs comme un processus de déshumanisation destiné à faire de bons petits soldats. Par peur d'être exclus du groupe, les étudiants se sont toujours tus. Sauf cette année.

Alors que gronde le mécontentement populaire et qu'une volonté de changement souffle dans tout le pays [l'opposition est en tête des sondages à l'approche des élections du 3 juillet]], un groupe d'étudiants de l'université Maha Sarakham a eu le courage de remettre en question ce système de bizutage humiliant. "C'est une tradition de notre institution depuis quarante ans et nous n'allons pas l'arrêter", a lancé avec colère le maître du bizutage. Le rituel venait d'être interrompu par un groupe d'étudiants brandissant des panneaux où l'on pouvait lire : "Non à la dictature !" "Vous osez défier notre autorité, a-t-il rugi avant d'ordonner à son équipe de prendre des photos des manifestants. Il les a également accusés de manquer de respect envers leur université et leur a demandé de s'inscrire ailleurs.

C'était effrayant. Non pas l'abus de pouvoir manifeste des étudiants qui organisent le bizutage. C'était seulement ignoble. Le plus terrifiant, c'étaient les applaudissements des premières années. Malgré les mauvais traitements, les humiliations, ils continuent à souscrire à un système autoritaire qui pour eux doit perdurer. En regardant sur YouTube la vidéo de cet incident qui a permis de libérer le débat sur le bizutage, j'ai eu le sentiment de mieux comprendre les origines du fiasco de notre vie politique. D'accord nos hommes politiques sont corrompus et irrécupérables. Mais est-ce la seule raison pour laquelle nous sommes englués dans la violence politique ? N'est-ce pas aussi parce que nous ne pouvons pas nous défaire de ce goût de l'autoritarisme, qui imprègne la moindre parcelle de notre société ainsi que nos mentalités ?

Regardez nos petits en maternelle alignés comme des soldats et sommés de tourner à droite et à gauche avant d'entrer en classe. En primaire et au collège, les professeurs scrutent la longueur des cheveux de leurs élèves comme s'il s'agissait d'une question de vie ou de mort. Comme à l'armée, l'obéissance, valeur suprême pour réussir dans la société, est enfoncée dans la tête de nos enfants. Penser différemment est non seulement découragé mais condamné pour remise en cause de l'autorité. L'école est le lieu où les questionnements de nos enfants et leur créativité sont systématiquement tués. L'école est également l'endroit où l'idéologie militariste les façonne. Avec cette idée que nous devons tous rentrer dans le moule si nous voulons survivre et réussir notre vie.

Malgré sa brutalité, il est difficile de se battre contre le bizutage parce qu'il récompense le conformisme : le bizutage donne à ceux qui s'y plient le sentiment de faire partie d'une communauté et la possibilité d'avoir recours à cet abus de pouvoir le moment venu. La philosophie du bizutage est simple : l'utilisation de la violence est acceptable si elle a pour objectif la soumission et à l'ordre. Ne soyez donc pas surpris si l'année prochaine rien n'a changé à l'université Maha Sarahkham. Et, avec l'emballement de notre vie politique, ne soyez pas non plus surpris si les chars entrent de nouveau dans les rues.

http://www.courrierinternational.com/
thanaka
thanaka
Admin

Localisation : il existe une application pour ça
Messages : 2606
Date d'inscription : 31/05/2009

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum