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L'année à venir en Asie - Transition politique sur fond de boom contrarié

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L'année à venir en Asie - Transition politique sur fond de boom contrarié  Empty L'année à venir en Asie - Transition politique sur fond de boom contrarié

Message  Admin Dim 1 Jan 2012 - 1:44

New Delhi — Quel horizon pour la «Chininde» en 2012? Une année de transition politique. En Chine, ce sera fonction d'un calendrier réglé comme du papier à musique. En Inde, la manière sera évidemment plus imprévisible. Ce sont du reste deux géants dont les parentés sont plus grandes (la Chine est après tout le principal partenaire commercial de l'Inde) que leurs luttes d'influence en Asie ne le laissent penser. Le rôle de la dynastie néhruvienne a beau lentement rapetisser devant la montée des partis régionaux, la politique demeure en Inde une affaire de famille qui donne parfois à sa démocratie des tons d'autoritarisme. Chez l'un comme chez l'autre, la population brûle d'impatience, avec tensions sociales à la clé, de profiter d'une croissance économique qui, pour fulgurante qu'elle continuera d'être, risque d'être freinée en 2012 par des marchés occidentaux hors service. Les signes de ralentissement sont déjà apparus.

Les chroniqueurs indiens, quand ils n'ont rien à se mettre sous la dent, conjecturent depuis deux ans sur l'ascension politique de Rahul Gandhi, petit-fils d'Indira et candidat plus que plausible au poste de premier ministre aux prochaines élections de 2014 pour le Parti du Congrès. L'année qui vient sera un moment charnière dans la carrière politique du «jeune» homme de 41 ans. Plus de la moitié des 1,2 milliard d'Indiens n'ont pas 30 ans, mais le pays a dangereusement l'air d'être gouverné par une gérontocratie. Assommé par les scandales de corruption, menotté par la gestion de ses alliances, le gouvernement du premier ministre Manmohan Singh, qui aura, lui, 80 ans en 2012, semble avoir perdu toute initiative et tout flair politiques. La classe politique dans son ensemble va devoir inévitablement rajeunir. Sitôt favorable, la conjoncture va montrer la porte à M. Singh, dont l'étoile a pâli. Rahul est un André Boisclair dont le Congrès attend beaucoup, d'autant que des doutes planent sur l'état de santé de sa mère Sonia, présidente du parti, qui aurait été soignée pour un cancer à New York l'été dernier. À défaut, sa soeur Priyanka, réputée bête politique plus avisée que lui, attend en réserve de la république.

Belle gueule, Rahul n'a pas pour autant impressionné jusqu'à maintenant. Un test majeur l'attend ce printemps, celui des élections dans l'Uttar Pradesh (200 millions d'habitants), l'État le plus populeux de l'Union, dirigé par Mayawati, une dalite. L'élection dans l'UP est considérée comme une mini-générale préparant le terrain à 2014. À Rahul Gandhi, qui fait campagne intensivement dans l'UP, revient le défi d'y ressusciter le Congrès et d'y faire la démonstration de son envergure politique personnelle. Sinon...

Pékin sans suspense

La succession chinoise n'annonce pas ce suspense. Le Parti communiste tient cette année son 18e congrès, probablement en octobre. Y seront choisis les membres du Comité central et du Politburo. Le fait est surtout que, pour la première fois en vingt ans, le président Hu Jintao et le premier ministre Wen Jiabao n'en seront pas. Succédera sans doute au premier le vice-président Xi JInping; au second, son vice-premier ministre Li Kequiang. L'avenir mesurera la nature du changement, si tant est qu'il s'en produise: les grandes orientations économiques du pays sont coulées dans le béton jusqu'en 2015. Dans l'immédiat, on peut s'attendre à ce que le parti, que le printemps arabe a angoissé en 2011, resserre encore la vis aux dissidents, question de ne laisser personne déranger le processus de transfert du pouvoir. En avant-goût, lundi dernier, 26 décembre, l'activiste Chen Xi, mêlé aux événements de Tiananmen en 1989, a été condamné à dix ans de prison sous l'accusation fourre-tout de subversion, après un procès express de quelques heures. M. Xi a passé depuis 1989 plus de la moitié de sa vie en prison.

Moins faciles à verrouiller, mais idéologiquement plus acceptables, sont les coups de gueule populaires. Le plus récemment médiatisé s'est produit en décembre à Wakan, province de Guangdong, à propos de l'expropriation sans compensation de terres par les autorités locales au nom de projets d'infrastructure. Éclatent chaque année en Chine (dont la population devient en 2012 majoritairement urbaine) et en Inde des milliers de conflits sociaux de cette nature.

La Chine, devenue en 2010 la deuxième économie mondiale devant le Japon et derrière les États-Unis, cherche à développer son économie de consommation intérieure de manière à réduire sa subordination aux pays riches — d'autant qu'ils sont souffreteux par les temps qui courent. On s'attend à ce que le salaire minimum y soit relevé d'au moins 13 % par année d'ici 2017. Une nouvelle série d'augmentations entrent en vigueur le 1er janvier, dont l'une des plus substantielles (23 %) vient d'être appliquée dans la province du Sichuan pour tenter de juguler la pénurie de travailleurs et la hausse du coût de la vie. La Chine négocie en fait un virage qui risque à terme de lui faire perdre son statut de centre manufacturier à coûts de production squelettiques au profit de pays comme le Cambodge, le Vietnam et le Bangladesh. Le pari est limpide, mais l'équation est complexe.

Par comparaison, l'Inde semble piquer du nez depuis quelques mois. Comme en Chine, les pressions inflationnistes posent problème. La roupie s'est subitement affaiblie, l'indice de croissance trébuche. La pluie de scandales de corruption et l'incapacité gouvernementale à réorganiser l'économie au goût des investisseurs étrangers semblent avoir refroidi ces derniers.

Les rivalités et la Birmanie

Tout cela sur fond de rivalités géopolitiques croisées. Barack Obama a plus ou moins subtilement cherché à jouer l'Inde contre la Chine dans l'espoir de contenir l'influence croissante de Pékin en Asie. Dans les faits, la Chine, dont l'économie est trois fois et demie plus grosse que celle de l'Inde, enserre le sous-continent. Par le Sri Lanka, dont elle finance généreusement le développement des infrastructures; par le Pakistan, avec lequel ses liens anciens se resserrent pendant que se décompose la relation américano-pakistanaise, décomposition mise en évidence par l'assassinat en mai dernier d'Oussama ben Laden aux portes d'Islamabad; et par l'Afghanistan, où la Chine vient de mettre le pied en décrochant, la semaine dernière justement, un important contrat d'exploration pétrolière. Pékin s'est également mis à narguer aussi l'Inde au Népal, qui fait historiquement partie de la zone d'influence indienne.

Dans la catégorie «Événement extraordinaire de l'année 2011 en Asie»: la Birmanie et les signes d'ouverture donnés par la junte misanthrope qui tient le pouvoir. Pour les États-Unis, c'est un baume sur leur diplomatie asiatique. Pour la Chine, c'est la preuve qu'elle ne peut pas tenir pour acquis les généraux et leur pétrole. Pour les Birmans eux-mêmes, qui osent à peine y croire, c'est une part de liberté de parole retrouvée, si ce n'est que ponctuellement. Dans les pages du Monde en 2012, publié par The Economist, la messagère en chef du mouvement démocratique birman, Aung San Suu Kyi, une femme qui a un sens inné du temps long de l'histoire, s'interdit de discuter de son pays, tout en invitant le monde, en des termes dont la justesse confine à la banalité, à faire preuve de «sens de l'équilibre»: «L'Asie va continuer de bien faire économiquement, mais les questions politiques, sociales et environnementales vont demander une attention de plus en plus urgente. Ne pas en tenir compte reviendrait à très mal préparer l'avenir.»

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