Le roi, les élites et le peuple thaï
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Le roi, les élites et le peuple thaï
Alors qu’en mai 2010 le metteur en scène thaï Apichatpong Weerasethakul recevait, à Cannes, la Palme d’or, la capitale thaïlandaise était le théâtre d’affrontements entre les « chemises rouges » et le pouvoir. Au total, plusieurs dizaines de personnes ont été tuées, plus de mille blessées. A l’origine de ces manifestations de masse, les « rouges » ne capitulent pas, malgré la répression. Que cherchent-ils ?
Dans le camp des « chemises rouges », que l’armée se prépare à envahir, Laem se réjouit, tranquillement assis sur une natte élimée : « Maintenant, chacun comprend ce qui se passe vraiment en Thaïlande. Nous n’avons plus rien à expliquer. Un grand merci aux “chemises jaunes”, au coup d’Etat de 2006, et longue vie à la reine ! » Comme son fin visage d’intellectuel le suggère, Laem est un activiste rompu à la rhétorique. « Quand les “chemises rouges” ont marché sur Bangkok en mars, leur but était simplement d’obtenir la dissolution du Parlement. Depuis le massacre du 10 avril , la cible a changé. La monarchie a tombé le masque. Mais nous ne pouvons aller plus loin maintenant. Nous ne sommes pas prêts. Imaginez que vous entriez sur un ring en pensant affronter quelqu’un de votre niveau, et que vous vous trouviez face à Mike Tyson. Vous n’êtes pas prêt ! Vous devez retourner vous entraîner. Car le roi, c’est Mike Tyson. »
Ces propos vaudraient une lourde condamnation judiciaire à leur auteur, pour crime de lèse-majesté. Laem — un nom d’emprunt — ne se prive pourtant plus de tenir des discours de ce genre depuis la destitution du premier ministre Thaksin Shinawatra par l’armée, en septembre 2006. « Je parcours le pays du nord au sud pour parler politique, dans les rizières, les maisons, les temples… Avec quelques précautions. Trois conditions : pas de noms, pas d’enregistrements, pas de photos. »
Il désigne une traduction clandestine d’un livre interdit ici : The King Never Smiles , la seule biographie critique de Bhumibol Adulyadej, souverain constitutionnel du pays depuis 1946. « Je pose toujours deux questions aux paysans. D’abord : que vous a donné le roi, concrètement ? Parfois, ils réfléchissent dix minutes sans répondre. Alors j’enchaîne : et que vous a apporté Thaksin ? Là, ils sont intarissables, ils ont des souvenirs concrets. En six ans, Thaksin a plus grandi dans le cœur des gens que le roi en soixante. C’est la seule, la vraie raison pour laquelle il a été destitué. »
La suite ... il faut acheter le Monde Diplomatique
Dans le camp des « chemises rouges », que l’armée se prépare à envahir, Laem se réjouit, tranquillement assis sur une natte élimée : « Maintenant, chacun comprend ce qui se passe vraiment en Thaïlande. Nous n’avons plus rien à expliquer. Un grand merci aux “chemises jaunes”, au coup d’Etat de 2006, et longue vie à la reine ! » Comme son fin visage d’intellectuel le suggère, Laem est un activiste rompu à la rhétorique. « Quand les “chemises rouges” ont marché sur Bangkok en mars, leur but était simplement d’obtenir la dissolution du Parlement. Depuis le massacre du 10 avril , la cible a changé. La monarchie a tombé le masque. Mais nous ne pouvons aller plus loin maintenant. Nous ne sommes pas prêts. Imaginez que vous entriez sur un ring en pensant affronter quelqu’un de votre niveau, et que vous vous trouviez face à Mike Tyson. Vous n’êtes pas prêt ! Vous devez retourner vous entraîner. Car le roi, c’est Mike Tyson. »
Ces propos vaudraient une lourde condamnation judiciaire à leur auteur, pour crime de lèse-majesté. Laem — un nom d’emprunt — ne se prive pourtant plus de tenir des discours de ce genre depuis la destitution du premier ministre Thaksin Shinawatra par l’armée, en septembre 2006. « Je parcours le pays du nord au sud pour parler politique, dans les rizières, les maisons, les temples… Avec quelques précautions. Trois conditions : pas de noms, pas d’enregistrements, pas de photos. »
Il désigne une traduction clandestine d’un livre interdit ici : The King Never Smiles , la seule biographie critique de Bhumibol Adulyadej, souverain constitutionnel du pays depuis 1946. « Je pose toujours deux questions aux paysans. D’abord : que vous a donné le roi, concrètement ? Parfois, ils réfléchissent dix minutes sans répondre. Alors j’enchaîne : et que vous a apporté Thaksin ? Là, ils sont intarissables, ils ont des souvenirs concrets. En six ans, Thaksin a plus grandi dans le cœur des gens que le roi en soixante. C’est la seule, la vraie raison pour laquelle il a été destitué. »
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