Les archives des archéologues font revivre le sauvetage des temples d'Angkor
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Les archives des archéologues font revivre le sauvetage des temples d'Angkor
c'est à un voyage au début du XXe siècle, dans les profondeurs de la jungle cambodgienne, que convie le Musée Cernuschi, à Paris, jusqu'au dimanche 2 janvier 2011. "Trouvé en dégageant la base du mur ouest du Bapuon (...) une petite sculpture en ronde bosse représentant un singe", lit-on sur une page du journal de fouilles d'Henri Marchal (1876-1970) datée du mardi 10 mai 1922. La feuille jaunie côtoie les délicates aquarelles de Jean Commaille, le premier conservateur d'Angkor, assassiné en 1916 alors qu'il ramenait à travers la forêt la paye des ouvriers.
Aussi émouvants que d'un intérêt historique inestimable - toutes les archives manuscrites ont été détruites au Cambodge par les Khmers rouges entre 1975 et 1978 -, ces documents de travail des "Archéologues à Angkor" sont présentés avec cent huit photographies d'époque. Les Français découvraient alors l'ampleur des vestiges de l'une des plus brillantes civilisations d'Orient qu'ils avaient décidé de redresser.
Ces pièces prêtées par l'Ecole française d'Extrême-Orient (EFEO), créée en 1900 à Hanoï, au Vietnam, connue à l'époque sous le nom de Mission archéologique permanente de l'Indochine, ont été sélectionnées par Isabelle Poujol, responsable du fonds de l'EFEO, lequel regroupe aujourd'hui plus de cent mille clichés, et Gilles Béguin, directeur du musée.
Des archives qui racontent les travaux accomplis, dès 1907, dans la forêt cambodgienne par les archéologues de l'EFEO. Elles montrent étape par étape le débroussaillage des temples, le démontage des blocs de grès numérotés, et leur remontage dans les règles de l'art. Technique de l'anastylose, qui s'apparente à un jeu de construction géant. Avec les moyens du bord : cordes, échafaudages et échelles de bambou. La sueur pour tout carburant.
C'est un travail de titan que l'EFEO avait décidé d'accomplir. L'urgence du sauvetage des édifices de grès d'Angkor, à l'apogée de l'empire khmer, du IXe au XIIIe siècle, s'imposait. La jungle avait fini par ligoter les vestiges oubliés. La force des lianes et les racines démesurées ancrées sur les ruines mettaient à bas, lentement mais sûrement - depuis l'abandon du site au XVIe siècle -, murs, parois, piliers, statues, bas-reliefs, ces BD de grès qui racontent les guerres, comme la vie quotidienne.
Chaque roi a construit sa propre cité en respectant les édifices des époques antérieures, ce qui explique la complexité de la compréhension du site d'Angkor, sur 500 kilomètres carrés. Les maisons, palais et autres constructions de bois ont disparu, réduits en poussière par les termites. Ne restent que les monuments religieux dédiés aux dieux hindous, à Bouddha et aux souverains.
Ces photographies rappellent la regrettable expédition d'André Malraux, alias Claude Vannec, qui raconte, dans La Voie royale, roman autobiographique, ses mésaventures, au début des années 1920, dans la forêt d'Angkor. Il y décrit les fourmis grandes comme la main, les araignées suspendues au centre de toiles de quatre mètres, les sangsues agglutinées sous les feuilles... Un monde qu'affrontaient les archéologues. Et qui n'avait pas retenu le jeune Malraux de prélever, à la scie, deux linteaux de grès rose du temple de Banteay Srei, pour les vendre. Il fut arrêté à Phnom Penh, l'EFEO s'était porté partie civile contre lui. Ses trois ans de prison furent réduits à huit mois avec sursis.
Les débuts de la restauration, en 1934, de Banteay Srei, par Henri Marchal, successeur de Jean Commaille, dit la suite de l'histoire. On voit l'archéologue sur le chantier, le plan du temple déployé, les ouvriers au torse nu, le feutre en couvre-chef à l'occidentale. Plus impressionnante encore, la galerie du premier étage d'Angkor Vat, prisonnière de la végétation avant son dégagement en 1909, donne la mesure du travail accompli.
Les photos présentées sont les retirages des documents originaux, plaques de verre du début du siècle et clichés argentiques, trop fragiles pour être montrés. Ils ont été nettoyés, restaurés, reconditionnés. Clou de la visite, cette plaque que l'on regarde, comme en 1920, à travers un stéréoscope, et qui montre, en 3D, une jeune femme vêtue d'une robe de dentelle blanche et coiffée d'une capeline au milieu des ruines. Sans doute, dit-on, Marie Marchal, l'épouse du conservateur. A 94 ans, Henri Marchal, ensorcelé par le site, ne voulut pas rentrer en France. Il mourut à Angkor, ayant donné soixante-cinq ans de sa vie au Cambodge.
"Archéologues à Angkor",
Musée -Cernuschi. 7, avenue Vélasquez, Paris 8e. Mo Monceau. Tél. : 01-53-96-21-50. Jusqu'au 2 janvier 2011. De 10 heures à 18 heures ; fermé lundi. De 3,50 € à 7 €. Conférences gratuites de l'EFEO, jeudi à 16 heures, du 30 septembre au 9 décembre. Catalogue, 256 p., 148 photos, 29 €, Paris-Musées-Editions Findakly.
source http://www.lemonde.fr/culture/article/2010/09/18/les-archives-des-archeologues-font-revivre-le-sauvetage-des-temples-d-angkor_1412908_3246.html
Admin- Admin
- Messages : 4881
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thanaka- Admin
- Localisation : il existe une application pour ça
Messages : 2606
Date d'inscription : 31/05/2009
breiz77- Localisation : Seine et Marne
Messages : 295
Date d'inscription : 08/10/2009
Re: Les archives des archéologues font revivre le sauvetage des temples d'Angkor
Bonjour,
En tout cas, nous on est partant.
Et si, on faisait une rencontre du forum pour cette occasion.
Qui serait d'accord ?
Pourquoi pas essayer un rassemblement.
En tout cas, nous on est partant.
Et si, on faisait une rencontre du forum pour cette occasion.
Qui serait d'accord ?
Pourquoi pas essayer un rassemblement.
gandalilou- Localisation : Territoire de Belfort
Messages : 271
Date d'inscription : 05/06/2009
À la redécouverte d'Angkor
Le visiteur progresse dans l'exposition comme un explorateur au travers des clichés contant l'une des plus longueset fascinantes aventures archéologiques. (EFEO)
Le Musée Cernuschi revient en une centaine de photos sur l'épopée que fut la restauration du joyau khmer.
L'histoire remonte à 1860: premiers dessins dus au naturaliste Henri Mourot et révélation en Europe de l'ancienne capitale de l'empire khmer par le biais de gravures. 1866 : premières photos. 1899: premières aquarelles rendant les couleurs de la jungle et la majesté du site. 1919: premier chemin ouvert dans la brousse. 1920 : établissement du plan et des niveaux d'élévation de la tour centrale, présence d'ouvriers en sarong et torse nu. 1933: murs redressés, béton de soutènement coulé, relevé en détail des parements. 1934 : le colossal Shiva tombé en mille morceaux est reconstitué. 1941: visite du jeune roi Norodom Sihanouk accompagné du représentant français. 1963: photo aérienne du secteur déblayé…
Au Musée Cernuschi, le rappel des travaux de restauration d'Angkor se découvre ainsi, pas à pas. À la manière d'un explorateur progressant en milieu dense. Les cent six photos en noir et blanc, associées à quelques dessins, aquarelles, gravures et plans, content l'une des plus longues et fascinantes aventures archéologiques qui soit. Ceux qui y ont participé ont oublié la moiteur et les moustiques pour ne retenir que leur chance unique.
Rien ne sera jamais vraiment terminé
Dans une jungle luxuriante, les splendeurs d'une civilisation florissante depuis de XIe siècle semblaient alors se cueillir à l'infini. Angkor s'était endormie au XVIe siècle sans que l'on sache comment ni pourquoi, ce qui ajoutait à son mystère. Jusqu'avant-guerre, les banians et les fromagers enserraient son architecture elle-même foisonnante. Les bas-reliefs de génies-singes chamailleurs ou de ces danseuses cambodgiennes qui subjuguaient Rodin, les rinceaux floraux d'un étonnant classicisme, les visages de géants stoïques et de dieux à huit bras, toutes ces merveilles émergeaient avec une présence absolument surnaturelle. Conscients d'assister à leur résurrection en même temps que de leur devoir scientifique les photographes n'ont jamais hésité à les cadrer dans la sauvagerie ambiante.
Pendant ce temps, les travaux n'allaient pas sans dangers. À propos des murailles «le liant est complètement désagrégé quel qu'il fût», note un ingénieur de l'École française d'Extrême-Orient, administration qui assure une mission de remise en valeur depuis 1907. Mais peu à peu, les clichés en témoignent également, apparaissent des échafaudages de bambous, des charrettes, les wagonnets d'un Decauville. Casques coloniaux et costumes de flanelle blanche voisinent avec des éléphants servant de tractopelles. Malgré les risques d'éboulements et les pluies diluviennes les opérations progressent. C'est désormais une vaste équipe qui vit sur place. Les bonzes sont mêmes revenus, qui se rasent le crâne dans les ruines sacrées. Au demeurant, plus on débroussaille plus on trouve de temples. Les dernières vues, celles prises du ciel, n'arrivent d'ailleurs pas à embrasser ce qui est désormais considéré comme l'un des plus vastes complexes urbains de l'ère préindustrielle. Sur place le visiteur apprendra que seul le secteur qui correspondait au centre peut être considéré comme bien étudié. Soit 400 km² sur une surface totale estimée à 3000 km² !
Il ne se rendra pas compte que partout la végétation reste à l'affût. Au moindre relâchement de l'effort national et international, les vénérables colonnes sous lesquelles il se promène se retrouveront prisonnières des arbres tentaculaires, aux racines deux fois plus grosses qu'elles. Ces monstres régnaient ici il n'y a pas un siècle. Rien ne sera donc jamais vraiment terminé à Angkor, tel est le propre des grands sites historiques. «Mais l'inauguration prochaine du temple-montagne du Baphuon, après une soixantaine d'années de travaux et d'arrêts dus aux troubles politiques, marquera l'acmé de cette saga» , s'enthousiame Gilles Béguin, le directeur du musée.
source http://www.lefigaro.fr/culture/2010/09/28/03004-20100928ARTFIG00459--la-redecouverte-d-angkor.php
Admin- Admin
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Date d'inscription : 31/05/2009
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