Election Thaïlande 2011. Vers une réconciliation ?
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Re: Election Thaïlande 2011. Vers une réconciliation ?
Je rêve aussi d'un magnifique drapeau orange qui réunifierait le peuple...
C'est beau l'utopie...
Je prie juste pour que ces élections se passent dans le calme et la non violence.
C'est beau l'utopie...
Je prie juste pour que ces élections se passent dans le calme et la non violence.
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Une démocratie en panne sèche
Le refus du dialogue entre les classes dominantes et les couches populaires est la cause principale de la crise actuelle, estime The Nation.
Il y a peu, des membres de la très influente Governing Officer Association of Thailand, organisation composée essentiellement d’anciens édiles locaux, ont vu rouge. Confrontés à ce qu’ils considéraient comme une menace pour le système de nomination par le ministère de l’Intérieur des gouverneurs de province et des chefs de village, ils ont dénoncé le plan de décentralisation proposé par la Commission nationale de la réforme, perpétuant ainsi la croyance tenace en leur supériorité morale et intellectuelle. A leurs yeux, les ruraux sont “peu instruits”, “naïfs”, “politiquement immatures”, “faciles à manipuler”, “corrompus” et ne sont donc pas aptes à élire un gouverneur ni même un chef de village. “La corruption au niveau local est largement répandue. Tout le monde cherche à défendre ses intérêts et je ne pense pas que ces gens puissent se prendre en charge”, affirme Kamol Prachuabmoh, président de l’organisation et gouverneur à la retraite.
Imbus de leur prétendue vertu
Ces hauts fonctionnaires à la retraite ne sont pas seuls. Les “chemises jaunes” de l’Alliance du peuple pour la démocratie (PAD) [conservateurs, proches de l’actuel gouvernement] éprouvent les mêmes sentiments vis-à-vis de la majorité des électeurs, pauvres et peu instruits. La PAD, qui a soutenu le putsch contre Thaksin Shinawatra en 2006, demande aujourd’hui que le Premier ministre soit désigné par le roi et appelle à boycotter les élections du 3 juillet.
Enfin, les officiers de haut rang réclament aussi un “nettoyage” du paysage politique chaque fois que la majorité des électeurs semble avoir été “achetée” ou “manipulée” pour soutenir le mauvais parti politique. Fortes de leur richesse, de leurs postes de pouvoir, de leurs diplômes universitaires et de leurs armes, ces élites autoproclamées sont convaincues qu’elles savent ce qui convient le mieux à la Thaïlande et n’hésiteront pas à museler des millions de citoyens. Elles sont si imbues de leur prétendue vertu et de leur supériorité intellectuelle qu’elles sont incapables de reconnaître leur part de responsabilité dans la crise actuelle. La classe moyenne et les élites devraient se demander comment, en étant aussi attachées à la démocratie qu’elles le prétendent, elles ont pu soutenir tous les coups d’Etat perpétrés ces dernières décennies. Les politiciens qui achètent des suffrages et détournent des fonds ne font-ils pas eux-mêmes partie de ces élites aisées et instruites ?
Quand les gens prendront-ils conscience que c’est à cause de ce système politique très hiérarchisé, centralisé et paternaliste et de ce sentiment de supériorité que les zones rurales sont pauvres et à la traîne ? La fuite des compétences vers la capitale, l’exploitation des ressources naturelles et l’exode des ouvriers vers les villes font que les enfants des campagnes ne reçoivent aucune éducation convenable et que l’inégalité et l’oppression perdurent. Au bout du compte, il semble bien que la situation tragique de notre société soit due au mépris persistant d’une partie de ses membres.
http://www.courrierinternational.com/article/2011/06/30/une-democratie-en-panne-seche
Il y a peu, des membres de la très influente Governing Officer Association of Thailand, organisation composée essentiellement d’anciens édiles locaux, ont vu rouge. Confrontés à ce qu’ils considéraient comme une menace pour le système de nomination par le ministère de l’Intérieur des gouverneurs de province et des chefs de village, ils ont dénoncé le plan de décentralisation proposé par la Commission nationale de la réforme, perpétuant ainsi la croyance tenace en leur supériorité morale et intellectuelle. A leurs yeux, les ruraux sont “peu instruits”, “naïfs”, “politiquement immatures”, “faciles à manipuler”, “corrompus” et ne sont donc pas aptes à élire un gouverneur ni même un chef de village. “La corruption au niveau local est largement répandue. Tout le monde cherche à défendre ses intérêts et je ne pense pas que ces gens puissent se prendre en charge”, affirme Kamol Prachuabmoh, président de l’organisation et gouverneur à la retraite.
Imbus de leur prétendue vertu
Ces hauts fonctionnaires à la retraite ne sont pas seuls. Les “chemises jaunes” de l’Alliance du peuple pour la démocratie (PAD) [conservateurs, proches de l’actuel gouvernement] éprouvent les mêmes sentiments vis-à-vis de la majorité des électeurs, pauvres et peu instruits. La PAD, qui a soutenu le putsch contre Thaksin Shinawatra en 2006, demande aujourd’hui que le Premier ministre soit désigné par le roi et appelle à boycotter les élections du 3 juillet.
Enfin, les officiers de haut rang réclament aussi un “nettoyage” du paysage politique chaque fois que la majorité des électeurs semble avoir été “achetée” ou “manipulée” pour soutenir le mauvais parti politique. Fortes de leur richesse, de leurs postes de pouvoir, de leurs diplômes universitaires et de leurs armes, ces élites autoproclamées sont convaincues qu’elles savent ce qui convient le mieux à la Thaïlande et n’hésiteront pas à museler des millions de citoyens. Elles sont si imbues de leur prétendue vertu et de leur supériorité intellectuelle qu’elles sont incapables de reconnaître leur part de responsabilité dans la crise actuelle. La classe moyenne et les élites devraient se demander comment, en étant aussi attachées à la démocratie qu’elles le prétendent, elles ont pu soutenir tous les coups d’Etat perpétrés ces dernières décennies. Les politiciens qui achètent des suffrages et détournent des fonds ne font-ils pas eux-mêmes partie de ces élites aisées et instruites ?
Quand les gens prendront-ils conscience que c’est à cause de ce système politique très hiérarchisé, centralisé et paternaliste et de ce sentiment de supériorité que les zones rurales sont pauvres et à la traîne ? La fuite des compétences vers la capitale, l’exploitation des ressources naturelles et l’exode des ouvriers vers les villes font que les enfants des campagnes ne reçoivent aucune éducation convenable et que l’inégalité et l’oppression perdurent. Au bout du compte, il semble bien que la situation tragique de notre société soit due au mépris persistant d’une partie de ses membres.
http://www.courrierinternational.com/article/2011/06/30/une-democratie-en-panne-seche
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Les habitants interdits de tweets, mails et SMS pendant les élections
Les Thaïlandais auront l'interdiction, sous peine de prison, d'utiliser les réseaux sociaux comme Twitter lors des élections législatives de dimanche, et une centaine de cyberpoliciers seront spécialement détachés à la surveillance d'internet.
Aucun commentaire politique, sur un candidat ou un parti, ne sera permis entre samedi 18h (13h heure de Paris) et dimanche minuit, lorsque les résultats devraient être connus.
Jusqu’à 6 mois de prison
«Les candidats et leurs partisans seront passibles d'une peine de prison s'ils sont pris en flagrant délit de campagne électorale sur des sites sociaux à partir de la soirée précédant le scrutin du 3 juillet», a précisé Suthiphon Thaveechaiyagarn, secrétaire général de la commission électorale.
Les envois de SMS et de courriels à caractère politique sont également concernés. Le délit est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à six mois de prison assortie d'une amende maximale de 10.000 bahts [225 euros environ].
Pour Pavin Chachavalpongpun, de l'Institut d'études de l'Asie du Sud-Est à Singapour, cette loi ne constitue pas une surprise de la part d'un gouvernement qui a fait fermer des milliers de sites internet depuis son arrivée au pouvoir, en décembre 2008. Mais, ajoute-il, «il sera impossible d'empêcher des gens d'agir de la sorte. Nous sommes entrés dans une ère numérique censée promouvoir la démocratie».
Reuters
http://www.20minutes.fr/ledirect/751343/thailande-habitants-interdits-tweets-mails-sms-pendant-elections
Aucun commentaire politique, sur un candidat ou un parti, ne sera permis entre samedi 18h (13h heure de Paris) et dimanche minuit, lorsque les résultats devraient être connus.
Jusqu’à 6 mois de prison
«Les candidats et leurs partisans seront passibles d'une peine de prison s'ils sont pris en flagrant délit de campagne électorale sur des sites sociaux à partir de la soirée précédant le scrutin du 3 juillet», a précisé Suthiphon Thaveechaiyagarn, secrétaire général de la commission électorale.
Les envois de SMS et de courriels à caractère politique sont également concernés. Le délit est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à six mois de prison assortie d'une amende maximale de 10.000 bahts [225 euros environ].
Pour Pavin Chachavalpongpun, de l'Institut d'études de l'Asie du Sud-Est à Singapour, cette loi ne constitue pas une surprise de la part d'un gouvernement qui a fait fermer des milliers de sites internet depuis son arrivée au pouvoir, en décembre 2008. Mais, ajoute-il, «il sera impossible d'empêcher des gens d'agir de la sorte. Nous sommes entrés dans une ère numérique censée promouvoir la démocratie».
Reuters
http://www.20minutes.fr/ledirect/751343/thailande-habitants-interdits-tweets-mails-sms-pendant-elections
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Législatives explosives
La Thaïlande vote dimanche, un an après les manifestations du printemps 2010, des législatives essentielles pour permettre au royaume de sortir du cycle de violences dans lequel l’a entraîné un conflit frontal entre les élites de Bangkok et les masses défavorisées du pays.
Le scrutin oppose avant tout le Parti démocrate (au pouvoir) au parti d’opposition Puea Thai, de facto dirigé depuis son exil par l’ancien chef de gouvernement, Thaksin Shinawatra, renversé par un coup d’Etat militaire en 2006.
Une passe d’armes ainsi résumée par un commentateur du quotidien Bangkok Post: « le clone contre la marionnette ».
Dans le rôle de la « marionnette », le Premier ministre, Abhisit Vejjajiva, 46 ans, arrivé au pouvoir fin 2008, habile orateur accusé d’être manipulé par l’armée et les élites de Bangkok gravitant autour du palais royal.
Dans celui du « clone », Yingluck Shinawatra, soeur de Thaksin, tête de file du Puea Thai et ainsi décrite par le milliardaire lui-même. Malgré son absence d’expérience politique, la séduisante femme d’affaires de 44 ans domine les sondages, surfant sur la popularité de son frère auprès des plus démunis.
Le scrutin s’apparente donc, encore une fois, à un vote pour ou contre Thaksin, personnage absent mais incontournable de la politique thaïlandaise.
Alors que le Puea Thai a évoqué une amnistie pour tous les hommes politiques condamnés, dont lui, les Démocrates ont crié au scandale.
« Il est temps de se débarrasser du poison Thaksin », a lancé Abhisit, allant jusqu’à évoquer une possible « guerre civile » en cas de retour de celui que les élites voient comme un ennemi de la monarchie.
A l’heure de choisir leurs 500 députés pour quatre ans, les quelque 48 millions d’électeurs devraient donner l’avantage au Puea Thai.
Mais les alliés de Thaksin pourraient ne pas obtenir la majorité absolue et peiner à réunir une coalition. Une impasse ouvrant la porte à « des manigances secrètes, qui permettraient aux Démocrates de former le prochain gouvernement », selon Paul Chambers (université Payap de Chiang Mai – nord).
Dans le rôle des faiseurs de roi, certains des 38 autres partis en course, dont cinq membres de la coalition sortante, seront observés de près.
Mais même un raz-de-marée n’assurerait pas au Puea Thai de prendre le pouvoir. Encore moins de le conserver.
Dans un pays qui a connu 18 coups d’Etat ou tentatives depuis 1932, et où le chef de l’armée a appelé à voter pour les « bonnes personnes », les rumeurs de putsch sont insistantes.
« Dans la démocratie électorale thaïlandaise, les vainqueurs des élections ne peuvent pas gouverner et ceux qui gouvernent ne peuvent pas gagner les élections », résume Thitinan Pongsudhirak (université Chulalongkorn de Bangkok).
Thaksin et ses alliés ont ainsi remporté toutes les élections depuis 2001. Mais ils ont été chassés du pouvoir par l’armée en 2006, puis à deux reprises par la justice, en 2008.
Une justice accusée par l’opposition d’être au service des élites, parmi lesquelles elle classe les Démocrates, arrivés au pouvoir à la faveur de ces verdicts contestés.
Depuis cette date, les « chemises rouges », pour la plupart fidèles à Thaksin, n’ont de cesse de réclamer dans la rue la tête d’Abhisit.
Leur mouvement a atteint son paroxysme l’an dernier, lorsque qu’ils ont occupé le centre de Bangkok pendant deux mois, avant d’être délogés par l’armée. Pour un bilan de plus de 90 morts.
La campagne, logiquement, ne s’est pas déroulée sans tension: attentat contre un député, candidats sous protection, militants abattus, tueurs à gage recherchés, intimidation d’électeurs…
« Je doute que (les élections) soient totalement justes », commente Aswin Kongsiri, homme d’affaires influent, évoquant la « pratique commune » d’achats de voix et le risque de « bourrage des urnes ».
Au bout, le potentiel explosif est important. « Il y a beaucoup de scénarios dans lesquels l’un ou l’autre camp ne sera pas content du résultat ou n’acceptera pas le processus ».
Avec le risque de voir le pays replonger dans les manifestations.
AFP
Le scrutin oppose avant tout le Parti démocrate (au pouvoir) au parti d’opposition Puea Thai, de facto dirigé depuis son exil par l’ancien chef de gouvernement, Thaksin Shinawatra, renversé par un coup d’Etat militaire en 2006.
Une passe d’armes ainsi résumée par un commentateur du quotidien Bangkok Post: « le clone contre la marionnette ».
Dans le rôle de la « marionnette », le Premier ministre, Abhisit Vejjajiva, 46 ans, arrivé au pouvoir fin 2008, habile orateur accusé d’être manipulé par l’armée et les élites de Bangkok gravitant autour du palais royal.
Dans celui du « clone », Yingluck Shinawatra, soeur de Thaksin, tête de file du Puea Thai et ainsi décrite par le milliardaire lui-même. Malgré son absence d’expérience politique, la séduisante femme d’affaires de 44 ans domine les sondages, surfant sur la popularité de son frère auprès des plus démunis.
Le scrutin s’apparente donc, encore une fois, à un vote pour ou contre Thaksin, personnage absent mais incontournable de la politique thaïlandaise.
Alors que le Puea Thai a évoqué une amnistie pour tous les hommes politiques condamnés, dont lui, les Démocrates ont crié au scandale.
« Il est temps de se débarrasser du poison Thaksin », a lancé Abhisit, allant jusqu’à évoquer une possible « guerre civile » en cas de retour de celui que les élites voient comme un ennemi de la monarchie.
A l’heure de choisir leurs 500 députés pour quatre ans, les quelque 48 millions d’électeurs devraient donner l’avantage au Puea Thai.
Mais les alliés de Thaksin pourraient ne pas obtenir la majorité absolue et peiner à réunir une coalition. Une impasse ouvrant la porte à « des manigances secrètes, qui permettraient aux Démocrates de former le prochain gouvernement », selon Paul Chambers (université Payap de Chiang Mai – nord).
Dans le rôle des faiseurs de roi, certains des 38 autres partis en course, dont cinq membres de la coalition sortante, seront observés de près.
Mais même un raz-de-marée n’assurerait pas au Puea Thai de prendre le pouvoir. Encore moins de le conserver.
Dans un pays qui a connu 18 coups d’Etat ou tentatives depuis 1932, et où le chef de l’armée a appelé à voter pour les « bonnes personnes », les rumeurs de putsch sont insistantes.
« Dans la démocratie électorale thaïlandaise, les vainqueurs des élections ne peuvent pas gouverner et ceux qui gouvernent ne peuvent pas gagner les élections », résume Thitinan Pongsudhirak (université Chulalongkorn de Bangkok).
Thaksin et ses alliés ont ainsi remporté toutes les élections depuis 2001. Mais ils ont été chassés du pouvoir par l’armée en 2006, puis à deux reprises par la justice, en 2008.
Une justice accusée par l’opposition d’être au service des élites, parmi lesquelles elle classe les Démocrates, arrivés au pouvoir à la faveur de ces verdicts contestés.
Depuis cette date, les « chemises rouges », pour la plupart fidèles à Thaksin, n’ont de cesse de réclamer dans la rue la tête d’Abhisit.
Leur mouvement a atteint son paroxysme l’an dernier, lorsque qu’ils ont occupé le centre de Bangkok pendant deux mois, avant d’être délogés par l’armée. Pour un bilan de plus de 90 morts.
La campagne, logiquement, ne s’est pas déroulée sans tension: attentat contre un député, candidats sous protection, militants abattus, tueurs à gage recherchés, intimidation d’électeurs…
« Je doute que (les élections) soient totalement justes », commente Aswin Kongsiri, homme d’affaires influent, évoquant la « pratique commune » d’achats de voix et le risque de « bourrage des urnes ».
Au bout, le potentiel explosif est important. « Il y a beaucoup de scénarios dans lesquels l’un ou l’autre camp ne sera pas content du résultat ou n’acceptera pas le processus ».
Avec le risque de voir le pays replonger dans les manifestations.
AFP
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Re: Election Thaïlande 2011. Vers une réconciliation ?
La Thaïlande a voté massivement dimanche pour l'opposition proche de l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, selon les premiers sondages sortis des urnes qui lui attribuent la majorité absolue dans la prochaine assemblée nationale.
Le Puea Thai, dont la campagne était menée par la petite soeur du milliardaire, Yingluck Shinawatra, obtiendrait 313 sièges sur les 500 que compte l'assemblée, selon un sondage de l'université Suan Dusit, publié à la fermeture des bureaux de vote à 15H00 (08H00 GMT).
Les premiers résultats sont attendus vers 21H00, mais déjà au siège du Puea Thaï, les militants célébraient la victoire en criant "Yingluck numéro un", "Yingluck Premier ministre".
Les Démocrates ont pour leur part refusé de commenter les sondages.Si la logique est respectée, Yingluck, photogénique femme d'affaires de 44 ans, devrait devenir la première femme Premier ministre de l'Histoire de la Thaïlande.
Le duel entre les deux partis marque la ligne de fracture entre les élites de la capitale - hauts fonctionnaires, magistrats, militaires, palais royal -, qui avaient porté Abhisit au pouvoir fin 2008, et les masses rurales et urbaines défavorisées, dont beaucoup considèrent Thaksin comme un héros.
Ces estimations dépassent de loin les sondages pré-électoraux, qui avaient prédit une victoire assez serrée du Puea Thai.
Yingluck, que Thaksin a décrite comme son "clone", n'avait aucune expérience lorsqu'elle a été propulsée sur la scène politique il y a moins de deux mois.
Ce scrutin, comme les trois précédents, s'apparentait à un référendum pour ou contre son frère. Alors que le Puea Thai a évoqué une amnistie pour tous les hommes politiques condamnés, dont lui, les Démocrates ont crié au scandale.
"Il est temps de se débarrasser du poison Thaksin", a notamment lancé Abhisit.
Mais le Puea Thai prendrait des risques importants en faisant revenir un homme haï des élites et de l'armée, qui voient en lui une menace pour la monarchie.
"S'il pose un pied en Thaïlande, l'armée pourrait l'accuser (...) d'essayer de créer de la désunion parmi les Thaïlandais", a estimé Pavin Chachavalpongpun, de l'Institut d'études sur l'Asie du Sud-Est à Singapour, évoquant alors une "riposte" de la part des militaires.
Dans un pays qui a connu 18 coups d'Etat ou tentatives depuis 1932, l'armée est en effet soupçonnée de vouloir s'immiscer dans le processus électoral. Et malgré ses multiples dénégations, son puissant chef Prayut Chan-O-Cha, qui a appelé à voter pour les "bonnes personnes", n'a pas réussi à complètement apaiser les rumeurs de putsch.
Thaksin et ses alliés ont remporté toutes les élections depuis 2001. Mais ils ont été chassés du pouvoir par les militaires en 2006, puis à deux reprises par la justice en 2008, permettant l'arrivée au pouvoir d'Abhisit à la tête d'une coalition de six partis.
Le milliardaire vit en exil pour échapper à une condamnation à deux ans de prison pour malversations financières. La moitié de sa fortune a été saisie l'an dernier. Il est également poursuivi pour terrorisme pour son soutien présumé aux manifestations du printemps 2010.
Jusqu'à 100.000 "chemises rouges", pour la plupart fidèles à l'ancien magnat des télécommunications, avaient alors occupé le centre de Bangkok pendant deux mois pour réclamer la démission d'Abhisit, avant d'être délogés par l'armée au terme de plusieurs jours de guérilla urbaine.
La crise, la plus grave qu'ait connu la Thaïlande moderne, avait fait plus de 90 morts et 1.900 blessés.
Cette probable victoire écrasante du Puea Thai n'écarte pas les risques de troubles dans le pays. Les analystes s'attendaient en effet à de nouvelles violences, quels que soient les résultats de ces élections.
Publié par Agence France Presse le 03-07-2011 à 12:22
http://www.tendanceouest.com/national-17141-thailanderaz-de-maree-opposition.html
Le Puea Thai, dont la campagne était menée par la petite soeur du milliardaire, Yingluck Shinawatra, obtiendrait 313 sièges sur les 500 que compte l'assemblée, selon un sondage de l'université Suan Dusit, publié à la fermeture des bureaux de vote à 15H00 (08H00 GMT).
Les premiers résultats sont attendus vers 21H00, mais déjà au siège du Puea Thaï, les militants célébraient la victoire en criant "Yingluck numéro un", "Yingluck Premier ministre".
Les Démocrates ont pour leur part refusé de commenter les sondages.Si la logique est respectée, Yingluck, photogénique femme d'affaires de 44 ans, devrait devenir la première femme Premier ministre de l'Histoire de la Thaïlande.
Le duel entre les deux partis marque la ligne de fracture entre les élites de la capitale - hauts fonctionnaires, magistrats, militaires, palais royal -, qui avaient porté Abhisit au pouvoir fin 2008, et les masses rurales et urbaines défavorisées, dont beaucoup considèrent Thaksin comme un héros.
Ces estimations dépassent de loin les sondages pré-électoraux, qui avaient prédit une victoire assez serrée du Puea Thai.
Yingluck, que Thaksin a décrite comme son "clone", n'avait aucune expérience lorsqu'elle a été propulsée sur la scène politique il y a moins de deux mois.
Ce scrutin, comme les trois précédents, s'apparentait à un référendum pour ou contre son frère. Alors que le Puea Thai a évoqué une amnistie pour tous les hommes politiques condamnés, dont lui, les Démocrates ont crié au scandale.
"Il est temps de se débarrasser du poison Thaksin", a notamment lancé Abhisit.
Mais le Puea Thai prendrait des risques importants en faisant revenir un homme haï des élites et de l'armée, qui voient en lui une menace pour la monarchie.
"S'il pose un pied en Thaïlande, l'armée pourrait l'accuser (...) d'essayer de créer de la désunion parmi les Thaïlandais", a estimé Pavin Chachavalpongpun, de l'Institut d'études sur l'Asie du Sud-Est à Singapour, évoquant alors une "riposte" de la part des militaires.
Dans un pays qui a connu 18 coups d'Etat ou tentatives depuis 1932, l'armée est en effet soupçonnée de vouloir s'immiscer dans le processus électoral. Et malgré ses multiples dénégations, son puissant chef Prayut Chan-O-Cha, qui a appelé à voter pour les "bonnes personnes", n'a pas réussi à complètement apaiser les rumeurs de putsch.
Thaksin et ses alliés ont remporté toutes les élections depuis 2001. Mais ils ont été chassés du pouvoir par les militaires en 2006, puis à deux reprises par la justice en 2008, permettant l'arrivée au pouvoir d'Abhisit à la tête d'une coalition de six partis.
Le milliardaire vit en exil pour échapper à une condamnation à deux ans de prison pour malversations financières. La moitié de sa fortune a été saisie l'an dernier. Il est également poursuivi pour terrorisme pour son soutien présumé aux manifestations du printemps 2010.
Jusqu'à 100.000 "chemises rouges", pour la plupart fidèles à l'ancien magnat des télécommunications, avaient alors occupé le centre de Bangkok pendant deux mois pour réclamer la démission d'Abhisit, avant d'être délogés par l'armée au terme de plusieurs jours de guérilla urbaine.
La crise, la plus grave qu'ait connu la Thaïlande moderne, avait fait plus de 90 morts et 1.900 blessés.
Cette probable victoire écrasante du Puea Thai n'écarte pas les risques de troubles dans le pays. Les analystes s'attendaient en effet à de nouvelles violences, quels que soient les résultats de ces élections.
Publié par Agence France Presse le 03-07-2011 à 12:22
http://www.tendanceouest.com/national-17141-thailanderaz-de-maree-opposition.html
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La fulgurante ascension de Yingluck Shinawatra
Yingluck Shinawatra, la sœur de l'ex-premier ministre en exil, salue les médias à son arrivée au quartier général de son parti, à Bangkok, hier.
Crédits photo : NICOLAS ASFOURI/AFP
PORTRAIT - Parfaite inconnue il n'y a encore que trois mois, elle sera, sauf surprise, la première femme premier ministre dela Thaïlande.
De notre envoyée spéciale à Ubon Ratchathani et Non Sawan (nord-est de la Thaïlande) - Florence Compain
À Ubon Ratchathani, dans ce Nord-Est thaïlandais aux terres arides, les sentiments ne s'embarrassent pas des fioritures citadines. Yingluck Shinawatra le sait. Propulsée dans l'arène politique par son frère Thaksin, l'ancien premier ministre renversé en 2006 par un coup d'État militaire, elle simplifie son message : «Aimez-vous Thaksin Shinawatra ?» demande-t-elle sur un podium érigé au centre-ville. L'assistance hurle l'évidence. «Je suis sa petite sœur. Pouvez-vous donner autant d'amour à sa petite sœur ?» La clameur reprend. «Me voilà heureuse», ajoute-t-elle d'une voix haut perchée.
Le ciel est brûlant. La foule est rouge, couleur des ruraux et des fidèles de Thaksin. Sur l'estrade, Yingluck est belle et rit de cette seule évidence. À la hâte, elle promet la prospérité économique pour le plus grand nombre, lance quelques slogans populistes et s'engouffre dans un gros van gris. La fête est terminée. Les villageois repartent, persuadés du retour triomphal de Thaksin Shinawatra, leur héros, en exil à Dubaï.
Campagne sans faute
Yingluck a mené une campagne électorale sans faute. En enchaînant à un rythme effréné les meetings et les bains de foule, cette femme d'affaires de 44 ans a séduit la Thaïlande. L'ascension est fulgurante : parfaite inconnue il n'y a encore que trois mois, elle sera, sauf surprise, la première femme premier ministre de l'histoire du pays.
«La seule vraie question de ces législatives a été de soutenir ou non Thaksin» , résume Sunai Phasuk, chercheur pour l'ONG Human Rights Watch. Privé de 111 cadres toujours sous le coup d'une interdiction d'activité politique, le Pheu Thai, formation qui rassemble les morceaux de l'édifice politique de Thaksin, «n'avait pas grand-chose à vendre, sinon le nom de Thaksin et le mouvement antigouvernemental des chemises rouges». Le slogan des affiches électorales dit tout : «Thaksin pense, le Pheu Thai agit.» Mais «le trait de génie de Thaksin a été de définir Yingluck comme son clone», ajoute Sunai Phasuk. En Thaïlande, l'inexpérience politique est compensée par l'ADN. Et par des stratèges avisés : le clan Thaksin serait aidé par Mark Penn, le conseiller stratégique de Hillary Clinton et Tony Blair.
Les minauderies de Yingluck, la façon dont elle rejette négligemment la tête en arrière sont aussi étudiées que ses réparties. Ses interventions publiques sont dépouillées à l'extrême. Le contenu des messages est lapidaire. Et les journalistes ont le droit aux mêmes réponses calibrées. Pendant treize minutes, elle répète à chacun et sans se départir de son sourire poli que, certes, elle est néophyte en politique, mais qu'elle a dirigé une entreprise de développement immobilier. Elle est donc «habituée à diriger les équipes». Souvent, elle donne l'impression de devoir placer des mots clés : «humilité, souplesse» . Résolument conciliante, elle dit du chef de l'armée, qui ne cache pourtant pas sa haine à son égard : «Il aime le pays autant que moi.»
Il y a peu de place pour l'improvisation chez cette diplômée d'administration publique à l'université du Kentucky. À un seul moment, une gravité fugace passe comme une ombre. «On se fait une fausse idée des fabuleux destins», dit-elle au Figaro. Mais déjà l'attachée de presse gesticule. Le conseiller économique veut soudain vous parler augmentation du salaire minimum mensuel à 3 000 bahts (69 euros) et baisse de la taxe professionnelle pour compenser le manque à gagner des entreprises. Donc, nous n'en saurons pas plus sur ses états d'âme. Même les dérapages sont contrôlés.
La «Thaksin en jupons»
À Non Sawan, village perdu dans les rizières et les champs de canne à sucre, tous soutiennent celle qu'ils appellent «Thaksin en jupons». Ici, l'ancien magnat des télécommunications est toujours «le héros, l'unique». Swing Sootdet, l'épicier, estime qu'«il n'y a que lui qui puisse sauver la situation. Par le biais de sa sœur, c'est lui qui reprendra en coulisse les rênes du pouvoir.» «La mission de Thaksin d'aider les pauvres n'est pas finie», souffle Daeng Somchat, agriculteur de 30 ans. Sous une pile d'étoffes à petits carreaux, il extrait un CD : Thaksin, depuis Dubaï, parle de la consultation médicale à 30 bahts (0,60 euro), des prêts à bas taux d'intérêt pour les villageois, des bourses d'études. Ces mesures populistes ont profondément marqué les provinces du Nord et du Nord-Est. «Nous en avons tous bénéficié», explique Daeng. Il cherche une jolie image pour honorer son champion. Son visage s'éclaire : «Thaksin, c'est un empailleur de rêves.»
http://www.lefigaro.fr/international/2011/07/03/01003-20110703ARTFIG00203-la-fulgurante-ascension-de-yingluck-shinawatra.php
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L'opposition pro-Thaksin prend sa revanche
Une affiche électorale à l'effigie du premier ministre sortant, Abhisit Vejjajiva, défait dans les urnes, ce week-end à Bangkok. Crédits photo : David Longstreath/AP
Les partisans de l'ancien premier ministre en exil ont remporté dimanche les élections législatives.
Il y a comme un air de revanche. Un an après la répression dans le sang des manifestations des «chemises rouges», l'opposition pro-Thaksin a largement remporté dimanche les élections législatives, avec 265 des 500 sièges que compte la Chambre basse du Parlement. Le premier ministre sortant, Abhisit Vejjajiva, a annoncé lundi sa démission de la présidence du Parti démocrate, qu'il dirigeait depuis 2005.
«C'est la victoire des éleveurs de cochons contre les bureaucrates», jubile Wiman Bootchon, épicier de village qui a fermé son échoppe afin de filmer, «pour l'histoire», tous les meetings du Pheu Thai, le parti de l'ex-premier ministre en exil.
C'est surtout une résurrection extraordinaire pour Thaksin Shinawatra, le premier ministre chassé du pouvoir par les militaires en 2006 et que l'on disait fini dans son exil doré de Dubaï. L'analyste politique Thitinan Pongsudhirak explique la formidable popularité d'un homme pourtant condamné pour malversations et poursuivi pour terrorisme : «Si la population rurale (68 % des 65 millions d'habitants) n'a jamais manqué de nourriture, les opportunités économiques et la mobilité sociale ont été entravées par un piètre système éducatif. Le monde rural est progressivement devenu complètement étranger à l'élite urbaine. Thaksin a exploité cette division sans vergogne. Son populisme et la relation intense qu'il a avec son électorat ont transcendé et même menacé la sacro-sainte trinité des institutions thaïlandaises : armée, monarchie, bureaucratie.»
Choc frontal entre les élites et les masses rurales
C'est donc cette Thaïlande, broyée inexorablement depuis six ans par un processus de polarisation, que Yingluck Shinawatra, sœur cadette de Thaksin, sans aucune expérience politique, devra gouverner.
La campagne électorale a été marquée par une débauche de promesses populistes des 40 partis en lice : augmentations de salaires vertigineuses, distribution d'un iPad par élève, implantation de distributeurs automatiques de billets au milieu de la forêt et remise à chaque électeur de deux clés pour chacun, l'une ouvrant une maison, l'autre une voiture.
Derrière le folklore, ces élections ont été «un choc frontal entre deux partis aux positions irréconciliables», estime Pavin Chachalpongpun, chercheur à l'institut des études sur l'Asie du Sud-Est de Singapour. Un duel sous haute tension qui marque la ligne de fracture du pays entre les élites qui ont porté Abhisit Vejjajiva au pouvoir, fin 2008, et les masses rurales et urbaines défavorisées qui adulent Thaksin, leur «sauveur».
«Je n'y crois pas. Si le peuple veut aller dans cette direction, j'abandonne», a réagi dimanche le vice-premier ministre sortant, Suthep Thaungsuban, qui paraissait estomaqué par la réussite du parti de Thaksin - un «poison dont il faut se débarrasser», un homme dont «l'unique objectif est de récupérer son milliard d'euros» qui lui a été confisqué par la Cour suprême en février 2010. Pourtant, le résultat n'est pas une grande surprise : les divers avatars du parti pro-Thaksin ont remporté quatre scrutins d'affilée depuis 2001 alors que le Parti démocrate n'a pas gagné une seule élection depuis dix-neuf ans.
Une des questions clés de la période postélectorale est le retour de Thaksin au pays. Cette hypothèse diviserait encore un peu plus la Thaïlande en mal de repères avec le crépuscule du long règne du roi Bhumibol Adulyadej.
Risque de troubles
Par prudence, le Pheu Thai est resté flou sur une amnistie qui exonérerait tous les hommes politiques condamnés ces dernières années. Les militaires, qui avaient montré peu d'enthousiasme à l'idée de remettre le choix des gouvernants entre les mains des électeurs et voient Thaksin comme une menace pour la monarchie, «pourraient l'accuser d'essayer de créer la désunion parmi les Thaïlandais», explique le chercheur Pavin qui évoque alors «une riposte de l'armée» . La victoire du Pheu Thai et de Yingluck Shinawatra n'écarte donc pas les risques de troubles dans le pays.
Par Florence Compain
http://www.lefigaro.fr/international/2011/07/03/01003-20110703ARTFIG00201-en-thailande-l-opposition-pro-thaksin-prend-sa-revanche.php
A lire ----> http://www.courrierinternational.com/article/2011/07/03/avec-sa-soeur-yingluck-thaksin-tient-sa-revanche
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Les investisseurs entre espoirs et inquiétudes
BANGKOK, 10 juillet 2011 (AFP) – La victoire sans équivoque de l’opposition aux élections thaïlandaises a plutôt rassuré les marchés sur la visibilité à court terme du royaume, mais elle soulève aussi des inquiétudes sur l’impact de ses coûteuses promesses pour les finances du pays.
La Bourse de Thaïlande a pris près de 5% lundi au lendemain de législatives où les alliés de l’ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra ont remporté la majorité absolue.
Dans un pays englué dans les violences politiques depuis cinq ans, la confiance « s’est améliorée de manière significative », confirmait vendredi une note de la Royal Bank of Scotland.
Mais les inquiétudes du monde de l’économie sont d’un autre ordre.
« Il y a eu glissement de l’attention portée aux risques politiques vers (…) le type de mesures qui vont être mises en place », estime Mark Monson, du gestionnaire de fonds Raiffeisen Capital Management, basé à Vienne.
Le Puea Thai et sa tête de liste Yingluck Shinawatra, soeur de Thaksin, ont en effet promis des investissements massifs en infrastructures ferroviaires, une augmentation du salaire minimum ou des tablettes numériques pour les écoliers.
Des mesures chiffrées à environ 42 milliards d’euros sur cinq ans par la Standard Chartered Bank, qui craint un retard de deux ans, à 2018, de l’objectif d’un budget équilibré.
L’agence de notation internationale Standard & Poor’s a également mis en garde contre ce risque, prévenant cette semaine que les notes de la Thaïlande pourraient en souffrir.
Les promesses du Puea Thai font écho aux politiques en faveur des plus pauvres mises en place par Thaksin entre 2001 et 2006.
Même si la Thaïlande comptait en 2009 seulement 8,1% de sa population en dessous du seuil de pauvreté, un des taux les plus bas d’Asie, selon la Banque mondiale, les inégalités restent phénoménales. Surtout entre Bangkok et le nord-est rural, bastion des partisans de Thaksin qui ont aussi soutenu sa soeur.
Yingluck a elle assuré avoir conscience des conséquences de ses promesses. « Nous essaierons de mettre en oeuvre les politiques que nous avons promises, mais bien sûr, je dois prendre en compte les impacts négatifs », a déclaré la future Premier ministre vendredi.
Parmi les victimes potentielles figurent les petites et moyennes entreprises, poumon de l’économie, qui risquent de souffrir du passage du salaire minimum de 215 à 300 bahts par jour (4,9 à 6,8 euros).
Les projets du Puea Thai risquent aussi d’augmenter les pressions inflationnistes, selon les analystes.
Les négociants en riz craignent, eux, la mise en place annoncée d’un système de garantie des prix de la céréale. Un enjeu majeur en Thaïlande, premier exportateur mondial.
« Si le (futur) gouvernement insiste pour maintenir 15.000 bahts par tonne, les exportateurs auront des problèmes à vendre le riz », prédit Korbsook Iamsuri, directrice de l’Association des exportateurs de riz.
Mais ces inquiétudes sont toutefois atténuées par la résilience de l’économie thaïlandaise, qui a appris à faire tourner la machine économique, par delà alternances, coups d’Etats et autres chutes de gouvernements sous pression de la rue.
Le futur gouvernement devra « modifier (ses politiques), quoi qu’il arrive », estime Robert Broadfoot, analyste chez Political & Economic Risk Consultancy à Hong Kong.
Au final, « l’économie thaïlandaise se portera bien, les investissements étrangers ne vont pas s’enfuir, les touristes continueront de venir ».
Vendredi, les Démocrates ont entamé une procédure légale pour faire dissoudre le Puea Thai. La « réconciliation » n’est pas pour demain. Mais en 2010, alors que le royaume a traversé la pire crise de son histoire avec les manifestations du printemps (plus de 90 morts), le PIB a augmenté de 7,8%.
Car ici, « la politique ne se reflète pas sur l’économie », résume Broadfoot.
La Bourse de Thaïlande a pris près de 5% lundi au lendemain de législatives où les alliés de l’ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra ont remporté la majorité absolue.
Dans un pays englué dans les violences politiques depuis cinq ans, la confiance « s’est améliorée de manière significative », confirmait vendredi une note de la Royal Bank of Scotland.
Mais les inquiétudes du monde de l’économie sont d’un autre ordre.
« Il y a eu glissement de l’attention portée aux risques politiques vers (…) le type de mesures qui vont être mises en place », estime Mark Monson, du gestionnaire de fonds Raiffeisen Capital Management, basé à Vienne.
Le Puea Thai et sa tête de liste Yingluck Shinawatra, soeur de Thaksin, ont en effet promis des investissements massifs en infrastructures ferroviaires, une augmentation du salaire minimum ou des tablettes numériques pour les écoliers.
Des mesures chiffrées à environ 42 milliards d’euros sur cinq ans par la Standard Chartered Bank, qui craint un retard de deux ans, à 2018, de l’objectif d’un budget équilibré.
L’agence de notation internationale Standard & Poor’s a également mis en garde contre ce risque, prévenant cette semaine que les notes de la Thaïlande pourraient en souffrir.
Les promesses du Puea Thai font écho aux politiques en faveur des plus pauvres mises en place par Thaksin entre 2001 et 2006.
Même si la Thaïlande comptait en 2009 seulement 8,1% de sa population en dessous du seuil de pauvreté, un des taux les plus bas d’Asie, selon la Banque mondiale, les inégalités restent phénoménales. Surtout entre Bangkok et le nord-est rural, bastion des partisans de Thaksin qui ont aussi soutenu sa soeur.
Yingluck a elle assuré avoir conscience des conséquences de ses promesses. « Nous essaierons de mettre en oeuvre les politiques que nous avons promises, mais bien sûr, je dois prendre en compte les impacts négatifs », a déclaré la future Premier ministre vendredi.
Parmi les victimes potentielles figurent les petites et moyennes entreprises, poumon de l’économie, qui risquent de souffrir du passage du salaire minimum de 215 à 300 bahts par jour (4,9 à 6,8 euros).
Les projets du Puea Thai risquent aussi d’augmenter les pressions inflationnistes, selon les analystes.
Les négociants en riz craignent, eux, la mise en place annoncée d’un système de garantie des prix de la céréale. Un enjeu majeur en Thaïlande, premier exportateur mondial.
« Si le (futur) gouvernement insiste pour maintenir 15.000 bahts par tonne, les exportateurs auront des problèmes à vendre le riz », prédit Korbsook Iamsuri, directrice de l’Association des exportateurs de riz.
Mais ces inquiétudes sont toutefois atténuées par la résilience de l’économie thaïlandaise, qui a appris à faire tourner la machine économique, par delà alternances, coups d’Etats et autres chutes de gouvernements sous pression de la rue.
Le futur gouvernement devra « modifier (ses politiques), quoi qu’il arrive », estime Robert Broadfoot, analyste chez Political & Economic Risk Consultancy à Hong Kong.
Au final, « l’économie thaïlandaise se portera bien, les investissements étrangers ne vont pas s’enfuir, les touristes continueront de venir ».
Vendredi, les Démocrates ont entamé une procédure légale pour faire dissoudre le Puea Thai. La « réconciliation » n’est pas pour demain. Mais en 2010, alors que le royaume a traversé la pire crise de son histoire avec les manifestations du printemps (plus de 90 morts), le PIB a augmenté de 7,8%.
Car ici, « la politique ne se reflète pas sur l’économie », résume Broadfoot.
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La revanche du proscrit
La victoire électorale de Yingluck Shinawatra, sœur de l'ex-Premier ministre en exil Thaksin, est une gifle pour l'armée et les élites. La laisseront-ils gouverner ?
Bangkok - Cyril Payen - Le Nouvel Observateur
C'était certainement le dernier coup à jouer. Il fallait un coup de génie. Une audace encore jamais vue sur la scène politique thaïlandaise, plus habituée aux ficelles grossières de gérontes galonnés. Thaksin, le champion déchu, a jeté les dés depuis son exil de Dubaï. Et c'est sa s oeur, Yingluck, qui a rafé la mise. Yingluck, symbole de la "contre-attaque", après la débâcle de la révolte des "chemises rouges", réprimée dans le sang en 2010.
C'est l'histoire d'une victoire par procuration. Ceux qui pensent que l'ascension politique de Yingluck Shinawatrafut rapide se trompent. Elle fut fulgurante. Et brillante. Il se murmure dans la capitale thaïlandaise que Thaksin n'a pas lésiné sur les moyens. Il aurait même recruté le chef de la campagne électorale de Hillary Clinton pour les primaires démocrates aux Etats-Unis en 2008 (laquelle, il est vrai, a été battue, mais c'était par... Barack Obama).
La naissance d'un animal politique
L'espoir était dans le camp de Yingluck. Une attente un peu floue, née d'une conception simpliste et ultrapopuliste de la politique. En six semaines, pas un jour de plus, cette sage chef d'entreprise et mère de famille de 44 ans a été catapultée héritière en ligne directe d'une dynastie inventée pour l'occasion : le "clan" Shinawatra. Yingluck reprenant le flambeau de celui qu'elle a toujours considéré comme son père spirituel, et Thaksin se réincarnant politiquement dans "sa soeur préférée". Une success story digne d'un feuilleton populaire, où se mêlent gloire, fortune et intrigues, avec pour décor un royaume aux institutions et aux élites vermoulues.
Elle l'a donc emporté. Se muant d'heure en heure, de podium en réunion publique, en un redoutable animal politique. Son programme tenait en dix lignes. Et c'est comme s'il n'y avait eu personne dans le camp adverse, le très classique Parti démocrate porté par l'armée et l'establishment. "La différence entre les deux campagnes électorales est la même que celle qui sépare le sépia du numérique haute définition", résume un observateur.
Le Premier ministre sortant, Abhisit Vejjajiva, a été formé à Oxford et Eton. Mais il n'a rien vu venir. En moins de deux mois, des millions de Thaïlandais, eux, ont vu fleurir Yingluck et ils n'avaient d'yeux que pour elle, la "Très Belle", avec sa haute taille et sa peau de lait, devant laquelle se pâment d'admiration les paysans thaïlandais au cuir tanné par le soleil des rizières. Malgré deux années d'étude dans le Kentucky, Yingluck parle l'anglais dans le sabir approximatif des petits patrons d'origine chinoise. Rien à voir avec la rhétorique ampoulée et convenue d'Abhisit. Mais pour les masses rurales et les ouvriers, c'est elle qui parlait vrai. La sanction est tombée le 3 juillet, jour du scrutin.
Une potiche
Fin de l'acte I : la conquête, le triomphe du "clone". "Un vent nouveau et frais souffle enfin sur la Thaïlande", s'est risqué un éditorialiste. Une jeune et belle femme se hissait au pouvoir dans un monde où régnaient sans partage les dinosaures et les parrains de tous poils. Même Aung San Suu Kyi, autre héritière, autre symbole, a félicité Yingluck depuis la Birmanie voisine.
Commence l'acte II. Il est cacophonique. Comme si la machine s'emballait... Yingluck, désormais vêtue de costumes noirs solennels, apparaît flanquée de femmes gardes du corps. Elle veut habiter sa fonction. Mais tout le monde parle à sa place. Ses conseillers vantent leur "dream team" économique et annoncent une hausse du salaire minimum, de dangereuses mesures de contrôle de la monnaie, du prix des carburants... Elle doit rectifier le tir. Puis on évoque le retour triomphant de son grand frère Thaksin, toujours sous le coup d'une condamnation pour corruption. Elle dément et affirme qu'il n'est pas question d'amnistie pour l'instant. Ses adversaires bien sûr n'en croient rien. Ses alliés parmi les "chemises rouges" s'impatientent. Elle rappelle ses troupes à l'ordre. Mais déjà la rumeur l'a dite en route pour Hongkong, pressée d'y "prendre les instructions de son Pygmalion".
"Elle n'est qu'une potiche, dénonce la militante féministe Sutada Mekrungruengkul. Si Thaksin avait donné l'ordre de voter pour son chien, ses sympathisants l'auraient fait." Selon des notes confidentielles révélées par WikiLeaks, les diplomates américains en poste à Bangkok auraient perçu assez tôt les chances de Yingluck Shinawatra. Reste à voir si elle réussira à s'émanciper d'un frère qui divise tant le pays. Et si l'armée et les élites la laisseront gouverner.
Bangkok - Cyril Payen - Le Nouvel Observateur
C'était certainement le dernier coup à jouer. Il fallait un coup de génie. Une audace encore jamais vue sur la scène politique thaïlandaise, plus habituée aux ficelles grossières de gérontes galonnés. Thaksin, le champion déchu, a jeté les dés depuis son exil de Dubaï. Et c'est sa s oeur, Yingluck, qui a rafé la mise. Yingluck, symbole de la "contre-attaque", après la débâcle de la révolte des "chemises rouges", réprimée dans le sang en 2010.
C'est l'histoire d'une victoire par procuration. Ceux qui pensent que l'ascension politique de Yingluck Shinawatrafut rapide se trompent. Elle fut fulgurante. Et brillante. Il se murmure dans la capitale thaïlandaise que Thaksin n'a pas lésiné sur les moyens. Il aurait même recruté le chef de la campagne électorale de Hillary Clinton pour les primaires démocrates aux Etats-Unis en 2008 (laquelle, il est vrai, a été battue, mais c'était par... Barack Obama).
La naissance d'un animal politique
L'espoir était dans le camp de Yingluck. Une attente un peu floue, née d'une conception simpliste et ultrapopuliste de la politique. En six semaines, pas un jour de plus, cette sage chef d'entreprise et mère de famille de 44 ans a été catapultée héritière en ligne directe d'une dynastie inventée pour l'occasion : le "clan" Shinawatra. Yingluck reprenant le flambeau de celui qu'elle a toujours considéré comme son père spirituel, et Thaksin se réincarnant politiquement dans "sa soeur préférée". Une success story digne d'un feuilleton populaire, où se mêlent gloire, fortune et intrigues, avec pour décor un royaume aux institutions et aux élites vermoulues.
Elle l'a donc emporté. Se muant d'heure en heure, de podium en réunion publique, en un redoutable animal politique. Son programme tenait en dix lignes. Et c'est comme s'il n'y avait eu personne dans le camp adverse, le très classique Parti démocrate porté par l'armée et l'establishment. "La différence entre les deux campagnes électorales est la même que celle qui sépare le sépia du numérique haute définition", résume un observateur.
Le Premier ministre sortant, Abhisit Vejjajiva, a été formé à Oxford et Eton. Mais il n'a rien vu venir. En moins de deux mois, des millions de Thaïlandais, eux, ont vu fleurir Yingluck et ils n'avaient d'yeux que pour elle, la "Très Belle", avec sa haute taille et sa peau de lait, devant laquelle se pâment d'admiration les paysans thaïlandais au cuir tanné par le soleil des rizières. Malgré deux années d'étude dans le Kentucky, Yingluck parle l'anglais dans le sabir approximatif des petits patrons d'origine chinoise. Rien à voir avec la rhétorique ampoulée et convenue d'Abhisit. Mais pour les masses rurales et les ouvriers, c'est elle qui parlait vrai. La sanction est tombée le 3 juillet, jour du scrutin.
Une potiche
Fin de l'acte I : la conquête, le triomphe du "clone". "Un vent nouveau et frais souffle enfin sur la Thaïlande", s'est risqué un éditorialiste. Une jeune et belle femme se hissait au pouvoir dans un monde où régnaient sans partage les dinosaures et les parrains de tous poils. Même Aung San Suu Kyi, autre héritière, autre symbole, a félicité Yingluck depuis la Birmanie voisine.
Commence l'acte II. Il est cacophonique. Comme si la machine s'emballait... Yingluck, désormais vêtue de costumes noirs solennels, apparaît flanquée de femmes gardes du corps. Elle veut habiter sa fonction. Mais tout le monde parle à sa place. Ses conseillers vantent leur "dream team" économique et annoncent une hausse du salaire minimum, de dangereuses mesures de contrôle de la monnaie, du prix des carburants... Elle doit rectifier le tir. Puis on évoque le retour triomphant de son grand frère Thaksin, toujours sous le coup d'une condamnation pour corruption. Elle dément et affirme qu'il n'est pas question d'amnistie pour l'instant. Ses adversaires bien sûr n'en croient rien. Ses alliés parmi les "chemises rouges" s'impatientent. Elle rappelle ses troupes à l'ordre. Mais déjà la rumeur l'a dite en route pour Hongkong, pressée d'y "prendre les instructions de son Pygmalion".
"Elle n'est qu'une potiche, dénonce la militante féministe Sutada Mekrungruengkul. Si Thaksin avait donné l'ordre de voter pour son chien, ses sympathisants l'auraient fait." Selon des notes confidentielles révélées par WikiLeaks, les diplomates américains en poste à Bangkok auraient perçu assez tôt les chances de Yingluck Shinawatra. Reste à voir si elle réussira à s'émanciper d'un frère qui divise tant le pays. Et si l'armée et les élites la laisseront gouverner.
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Augmentation du salaire minimum, promesse de campagne tenue?
Uniformiser le salaire minimum à 300 bahts (7 euros) par jour, c’est la mesure phare du programme du parti Pheu Thai, qui a gagné les élections du 3 juillet dernier. Mais les entreprises s’insurgent, et les experts s’inquiètent. Explications.
Les Thaïlandais du nord en ont assez des inégalités. © null0 (Flickr.com)
En Thaïlande, le salaire minimum varie selon les régions où l’on travaille. L’uniformiser au niveau national serait une aubaine pour les travailleurs des provinces pauvres du nord du pays, qui constituent la majeure partie de l’électorat de Yingluck Shinawatra, premier chef du gouvernement féminin de l’histoire du pays. Mais cela pourrait être un cadeau empoisonné.
En effet, selon Yongyuth Chalaemwong, directeur de recherche sur les questions du travail au Thailand Development Research Institute (“Institut de recherche pour le développement de la Thaïlande”), la mesure risque de condamner les entreprises de ces régions. L’augmentation du salaire minimum à 300 bahts par jour ferait baisser le niveau de productivité dans la région.
Au nom du frère?
Le chercheur propose au nouveau gouvernement de remplacer cette promesse de campagne par une augmentation générale de 70% du salaire minimum. Ce serait la capitale qui en profiterait le plus, mais cela laisserait le salaire minimum en dessous de 300 bahts pour les régions du nord. Et donnerait aux employeurs de la région une chance de s’en sortir.
Les appels à ne pas tenir cette promesse de campagne se suivent. Les associations d’entrepreneurs notamment s’y opposent de toutes leurs forces. Pourtant, Yingluck devrait tenir bon. La sœur de l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, exilé à Dubaï, a fait de l’amélioration des conditions de vie des plus pauvres son cheval de bataille. Elle suit en cela la trace de son frère aîné, qui s’était fait la star des déshérités d’un pays très inégal.
http://www.greenetvert.fr/2011/07/27/augmentation-du-salaire-minimum-promesse-de-campagne-tenue/26950
Les Thaïlandais du nord en ont assez des inégalités. © null0 (Flickr.com)
En Thaïlande, le salaire minimum varie selon les régions où l’on travaille. L’uniformiser au niveau national serait une aubaine pour les travailleurs des provinces pauvres du nord du pays, qui constituent la majeure partie de l’électorat de Yingluck Shinawatra, premier chef du gouvernement féminin de l’histoire du pays. Mais cela pourrait être un cadeau empoisonné.
En effet, selon Yongyuth Chalaemwong, directeur de recherche sur les questions du travail au Thailand Development Research Institute (“Institut de recherche pour le développement de la Thaïlande”), la mesure risque de condamner les entreprises de ces régions. L’augmentation du salaire minimum à 300 bahts par jour ferait baisser le niveau de productivité dans la région.
Au nom du frère?
Le chercheur propose au nouveau gouvernement de remplacer cette promesse de campagne par une augmentation générale de 70% du salaire minimum. Ce serait la capitale qui en profiterait le plus, mais cela laisserait le salaire minimum en dessous de 300 bahts pour les régions du nord. Et donnerait aux employeurs de la région une chance de s’en sortir.
Les appels à ne pas tenir cette promesse de campagne se suivent. Les associations d’entrepreneurs notamment s’y opposent de toutes leurs forces. Pourtant, Yingluck devrait tenir bon. La sœur de l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, exilé à Dubaï, a fait de l’amélioration des conditions de vie des plus pauvres son cheval de bataille. Elle suit en cela la trace de son frère aîné, qui s’était fait la star des déshérités d’un pays très inégal.
http://www.greenetvert.fr/2011/07/27/augmentation-du-salaire-minimum-promesse-de-campagne-tenue/26950
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Des photos récentes de la nouvelle premier ministre Yingluck Shinawatra
Yingluck Shinawatra walks with husband Anusorn Amornchat and son Supasek Amornchat during her birthday at their residence in Bangkok June 21, 2011. Yingluck Shinawatra is the sister of toppled former Thai premier Thaksin Shinawatra and the prime ministerial candidate for the country's biggest opposition Puea Thai party.
Source: REUTERS / Sukree Sukplang
Yingluck Shinawatra, husband Anusorn Amornchat (L) and son Supasek Amornchat pose for photographers during her birthday at their residence in Bangkok June 21,2011. Yingluck Shinawatra is the sister of toppled former Thai premier Thaksin Shinawatra and the prime ministerial candidate for the country's biggest opposition Puea Thai party.
Source: REUTERS / Sukree Sukplang
Supasek Amornchat kisses his mother Yingluck Shinawatra during her birthday at their house in Bangkok June 21, 2011. Yingluck Shinawatra is the sister of toppled former Thai premier Thaksin Shinawatra and the prime ministerial candidate for the country's biggest opposition Puea Thai party.
Source: REUTERS / Sukree Sukplang
http://www.ibtimes.com/articles/174048/20110704/thai-pm-yingluck-shinawatra-family-photos.htm
Thailand's new Prime Minister Yingluck Shinawatra, center, give a Thai traditional "wai" greeting at the parliament in Bangkok, Thailand Friday, Aug. 5, 2011, after Thai lawmakers chose U.S.-educated businesswoman Yingluck as the country's first female prime minister.
http://washingtonexaminer.com/news/2011/08/thai-lawmakers-vote-yingluck-shinawatra-premier
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Chuwit, du bordel à la Chambre
"Vous pouvez m'appeler 'Super-maquereau', mais, en attendant, moi, je me démène pour mon pays !" Ainsi parle Chuwit Kamolvisit, colosse moustachu de 51 ans, ancien tenancier de "maisons de massages-bordels" à Bangkok, qui vient d'être élu député de son parti, le Rak prathetthai (Aimez la Thaïlande) aux législatives du 3 juillet.
Il a fait cette semaine son entrée à la Chambre basse du Parlement qui, vendredi, a choisi un nouveau premier ministre, Yingluck Shinawatra, première femme à occuper de telles fonctions dans cette monarchie constitutionnelle.
Chuwit affecte de ne pas prendre les choses au sérieux. Son passé sulfureux ne l'empêche pas de se présenter comme l'incarnation d'un nouveau "M. Propre" de la scène politique thaïe - qui mériterait, c'est vrai, d'être vigoureusement nettoyée. Il dénonce la corruption et entend très bientôt devenir, à la Chambre, le dénonciateur des travaux non finis. Il rappellera aux politiciens constamment, jure-t-il, qu'il leur faut tenir les promesses faites durant les campagnes électorales.
Un brin poujadiste, résolument provocateur, est-il seulement le bouffon de service immergé dans un système démocratique toujours à la merci de sa propre extinction dans ce pays du coup d'Etat permanent ?
La campagne électorale de Chuwit s'est en tout cas distinguée par son originalité dans la forme : les posters de l'impétrant le représentaient dans différentes postures, assis derrière un volant de voiture - pour indiquer la direction à prendre, caressant son chien ou se prenant la tête, en prévenant : "Au fait, n'oubliez pas d'aller voter !" La photo la plus remarquable le représentait avec un bébé dans les bras au-dessus du slogan suivant : "Les politiciens, c'est comme les couches-culottes, il faut en changer souvent"...
Assis derrière son bureau aménagé dans une somptueuse demeure thaïe traditionnelle située en plein centre de l'avenue Sukhumvit - qui est aussi le quartier des bordels, des bars à filles et des massages "améliorés", Chuwit se raconte, deux smartphones posés devant lui.
"Pourquoi la politique devrait-elle être ennuyeuse ? Pourquoi ne peut-on pas rigoler ?, s'interroge-t-il. Je fais peut-être le clown mais les politiciens sont des acteurs, n'est-ce pas ? En fait, plus je fais rire, plus j'ai du succès."
Fils d'un immigrant chinois d' Hongkong, il a étudié la "business administration" en Californie, avant de faire fortune dans les années 1990 en ouvrant six salons de massage. Affublés de noms aussi évocateurs que "le secret de Victoria", "Emmanuelle" ou "Juliana", ces salons lui ont permis de prospérer dans cette niche porteuse, jusqu'à ce qu'il abandonne ces activités afin de pouvoir faire son entrée en politique en 2003.
Quand on lui demande, le plus innocemment possible, si ses "masseuses" étaient aussi des prostituées, il vous jette un regard faussement étonné : "Mais bien sûr, à 100 % ! Qu'est-ce que vous croyez qu'il se passe entre un homme et une femme dans une chambre ? Cela dit, je n'espionnais pas mes clients, ce qui se passait c'était une affaire entre eux et les demoiselles. Je n'ai kidnappé personne, les filles étaient libres de faire ce qu'elles voulaient." Il ajoute d'un air docte : "Cher monsieur, le pire dans la vie, ce n'est pas la prostitution, c'est de ne pas faire l'amour ! Les clients sortaient de mes salons heureux, détendus, ravis de cette parenthèse relaxante dans une vie agitée..."
Si Chuwit incarne l'un des aspects un peu délirant de la politique thaïlandaise, il annonce déjà haut et fort qu'il en sera le trublion. Du populisme à bon marché mais qui fonctionne chez certains électeurs dégoûtés des jeux de basse politique. Chuwit entend aussi jouer de sa réputation d'homme au parler franc, dérangeant.
En 2003, il avait été accusé d'avoir payé des voyous qui ont rasé des bars et des boutiques, dont les tenanciers payaient des prix de location très bas sur un terrain lui appartenant dans la rue numéro 10 de Sukhumvit. On le soupçonnait d'avoir voulu se débarrasser de ces locataires pour profiter de la hausse de l'immobilier. Il passa un mois en prison, fut ensuite blanchi et se vengea après sa libération : furieux que les policiers aient osé l'arrêter, il révéla qu'en dix ans, il avait versé 1 million de bahts par mois (environ 20 000 euros) à de hauts responsables de la police pour assurer la prospérité de ses salons de massage... Il raconta aussi que ces officiers supérieurs se faisaient faire des gâteries non tarifées dans les salles VIP de ses "maisons" ! Il se fit quelques ennemis dans la maréchaussée.
En évoquant ce souvenir, il explique qu'à l'époque il ne réalisait pas pleinement les conséquences sur le système du recours généralisé au pot-de-vin : "Je donnais de l'argent pour graisser les rouages : on n'est pas en Europe ici. Si l'on ne donne rien, rien ne marche !", dit-il en souriant. Changement d'attitude : désormais, il fait de la dénonciation des corrompus l'une de ses priorités.
Quant au terrain de Sukhumvit, au lieu d'en profiter en spéculant sur la hausse des loyers, il l'a transformé en parc. Pour créer un espace de verdure en ville, pour faire plaisir à ses concitoyens. Le jardin est de taille relativement modeste, mais les pelouses sont soigneusement taillées et arrosées, des bancs sont disposés tout autour et on peut s'y reposer au son d'une musique céleste déversée par des haut- parleurs. Au fond, un obélisque de belle taille a été érigé. Un symbole puissant rappelant au public que Chuwit pense au bien-être du peuple au coeur de la grande ville polluée, bruyante et enfumée.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/08/05/chuwit-du-bordel-a-la-chambre_1556542_3232.html
Il a fait cette semaine son entrée à la Chambre basse du Parlement qui, vendredi, a choisi un nouveau premier ministre, Yingluck Shinawatra, première femme à occuper de telles fonctions dans cette monarchie constitutionnelle.
Chuwit affecte de ne pas prendre les choses au sérieux. Son passé sulfureux ne l'empêche pas de se présenter comme l'incarnation d'un nouveau "M. Propre" de la scène politique thaïe - qui mériterait, c'est vrai, d'être vigoureusement nettoyée. Il dénonce la corruption et entend très bientôt devenir, à la Chambre, le dénonciateur des travaux non finis. Il rappellera aux politiciens constamment, jure-t-il, qu'il leur faut tenir les promesses faites durant les campagnes électorales.
Un brin poujadiste, résolument provocateur, est-il seulement le bouffon de service immergé dans un système démocratique toujours à la merci de sa propre extinction dans ce pays du coup d'Etat permanent ?
La campagne électorale de Chuwit s'est en tout cas distinguée par son originalité dans la forme : les posters de l'impétrant le représentaient dans différentes postures, assis derrière un volant de voiture - pour indiquer la direction à prendre, caressant son chien ou se prenant la tête, en prévenant : "Au fait, n'oubliez pas d'aller voter !" La photo la plus remarquable le représentait avec un bébé dans les bras au-dessus du slogan suivant : "Les politiciens, c'est comme les couches-culottes, il faut en changer souvent"...
Assis derrière son bureau aménagé dans une somptueuse demeure thaïe traditionnelle située en plein centre de l'avenue Sukhumvit - qui est aussi le quartier des bordels, des bars à filles et des massages "améliorés", Chuwit se raconte, deux smartphones posés devant lui.
"Pourquoi la politique devrait-elle être ennuyeuse ? Pourquoi ne peut-on pas rigoler ?, s'interroge-t-il. Je fais peut-être le clown mais les politiciens sont des acteurs, n'est-ce pas ? En fait, plus je fais rire, plus j'ai du succès."
Fils d'un immigrant chinois d' Hongkong, il a étudié la "business administration" en Californie, avant de faire fortune dans les années 1990 en ouvrant six salons de massage. Affublés de noms aussi évocateurs que "le secret de Victoria", "Emmanuelle" ou "Juliana", ces salons lui ont permis de prospérer dans cette niche porteuse, jusqu'à ce qu'il abandonne ces activités afin de pouvoir faire son entrée en politique en 2003.
Quand on lui demande, le plus innocemment possible, si ses "masseuses" étaient aussi des prostituées, il vous jette un regard faussement étonné : "Mais bien sûr, à 100 % ! Qu'est-ce que vous croyez qu'il se passe entre un homme et une femme dans une chambre ? Cela dit, je n'espionnais pas mes clients, ce qui se passait c'était une affaire entre eux et les demoiselles. Je n'ai kidnappé personne, les filles étaient libres de faire ce qu'elles voulaient." Il ajoute d'un air docte : "Cher monsieur, le pire dans la vie, ce n'est pas la prostitution, c'est de ne pas faire l'amour ! Les clients sortaient de mes salons heureux, détendus, ravis de cette parenthèse relaxante dans une vie agitée..."
Si Chuwit incarne l'un des aspects un peu délirant de la politique thaïlandaise, il annonce déjà haut et fort qu'il en sera le trublion. Du populisme à bon marché mais qui fonctionne chez certains électeurs dégoûtés des jeux de basse politique. Chuwit entend aussi jouer de sa réputation d'homme au parler franc, dérangeant.
En 2003, il avait été accusé d'avoir payé des voyous qui ont rasé des bars et des boutiques, dont les tenanciers payaient des prix de location très bas sur un terrain lui appartenant dans la rue numéro 10 de Sukhumvit. On le soupçonnait d'avoir voulu se débarrasser de ces locataires pour profiter de la hausse de l'immobilier. Il passa un mois en prison, fut ensuite blanchi et se vengea après sa libération : furieux que les policiers aient osé l'arrêter, il révéla qu'en dix ans, il avait versé 1 million de bahts par mois (environ 20 000 euros) à de hauts responsables de la police pour assurer la prospérité de ses salons de massage... Il raconta aussi que ces officiers supérieurs se faisaient faire des gâteries non tarifées dans les salles VIP de ses "maisons" ! Il se fit quelques ennemis dans la maréchaussée.
En évoquant ce souvenir, il explique qu'à l'époque il ne réalisait pas pleinement les conséquences sur le système du recours généralisé au pot-de-vin : "Je donnais de l'argent pour graisser les rouages : on n'est pas en Europe ici. Si l'on ne donne rien, rien ne marche !", dit-il en souriant. Changement d'attitude : désormais, il fait de la dénonciation des corrompus l'une de ses priorités.
Quant au terrain de Sukhumvit, au lieu d'en profiter en spéculant sur la hausse des loyers, il l'a transformé en parc. Pour créer un espace de verdure en ville, pour faire plaisir à ses concitoyens. Le jardin est de taille relativement modeste, mais les pelouses sont soigneusement taillées et arrosées, des bancs sont disposés tout autour et on peut s'y reposer au son d'une musique céleste déversée par des haut- parleurs. Au fond, un obélisque de belle taille a été érigé. Un symbole puissant rappelant au public que Chuwit pense au bien-être du peuple au coeur de la grande ville polluée, bruyante et enfumée.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/08/05/chuwit-du-bordel-a-la-chambre_1556542_3232.html
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Re: Election Thaïlande 2011. Vers une réconciliation ?
BANGKOK, 7 août 2011 (AFP) – Les alliés de l’ex Premier ministre thaïlandais en exil Thaksin Shinawatra, renversé par un coup d’Etat en 2006, sont revenus au pouvoir, mais leur histoire d’évictions à répétition et l’instabilité du pays font craindre que le gouvernement dirigé par sa soeur ait du mal à durer.
La nouvelle Premier ministre Yingluck Shinawatra, élue vendredi par l’assemblée, « dirige une force politique totalement inacceptable pour de nombreuses personnes puissantes » du royaume, souligne Michael Montesano, de l’Institut d’études sur l’Asie du Sud-Est à Singapour. « La survie va être un problème pour elle ».
Thaksin, vu par les élites comme un ennemi de la monarchie, et ses alliés ont remporté toutes les élections depuis 2001, mais ont été chassés par l’armée en 2006, puis deux fois par la justice en 2008.
Depuis cinq ans, la Thaïlande est profondément divisée entre les masses défavorisées du nord et du nord-est du pays, favorables à Thaksin, et les élites de la capitale gravitant autour du palais royal (armée, magistrats, hauts fonctionnaires), qui le haïssent.
Un fossé mis en évidence par la crise du printemps 2010, qui avait fait plus de 90 morts. Les « chemises rouges » pro-Thaksin avaient alors occupé le centre de Bangkok pendant deux mois pour réclamer la démission du gouvernement d’Abhisit Vejjajiva soutenu par les élites, avant d’être délogés par l’armée.
Yingluck a reconnu elle-même que le « premier problème urgent » était de parvenir à la « réconciliation ».
Pour ce faire, elle devra « gérer les adversaires de Thaksin efficacement. Elle doit leur tendre la main. Elle doit nommer les bonnes personnes qui leur tendront la main », souligne Thitinan Pongsudhirak, politologue à l’université Chulalongkorn de Bangkok.
Mais ce sera « difficile et peut-être impossible », parce que les masses défavorisées soutenant Yingluck sont vues comme une menace par les élites.
« La question est, verrons-nous une répétition de 2008 sous Yingluck? », s’interroge le chercheur.
C’est-à-dire l’intervention de la rue et de la justice pour évincer un gouvernement pro-Thaksin.
2008 avait vu les « chemises jaunes » royalistes manifester pendant des mois contre les pro-Thaksin au pouvoir, allant jusqu’à occuper les aéroports de Bangkok pendant neuf jours. En parallèle, des décisions de justice chassaient les Premiers ministres pro-Thaksin et permettaient l’arrivée d’Abhisit au pouvoir.
Alors que les Démocrates d’Abhisit ont déjà déposé une requête pour dissoudre le Puea Thai au pouvoir, la possibilité d’un nouveau « coup d’Etat judiciaire est très élevée », estime Michael Montesano.
Une éventualité qui ne manquerait pas de renvoyer les « rouges » dans la rue.
Les analystes sont en revanche plus sceptiques sur l’hypothèse d’un coup d’Etat militaire, dans un pays qui a connu 18 putschs ou tentatives depuis 1932.
A moins d’un « danger clair et immédiat pour la monarchie », estime Thitinan, notant que le retour de Thaksin serait probablement un « point critique » pour l’armée.
Le Puea Thai a évoqué pendant la campagne une amnistie pour les hommes politiques condamnés, dont Thaksin.
Mais l’analyste Chris Baker « doute » d’un retour rapide du milliardaire. « Ils auront d’autres choses à faire avant » de prendre une décision si controversée.
Une amnistie risquerait en plus de mettre en colère certains « rouges » qui veulent que les militaires soient punis pour les événements du printemps 2010.
Autre piège potentiel pour Yingluck: sa gestion du conflit frontalier avec le Cambodge, autour du temple de Preah Vihear.
Les « ultranationalistes », dont les « jaunes », sont « décidés à politiser » ce conflit et elle devra donc trouver un « consensus intérieur suffisant pour entreprendre un engagement international », estime Thitinan.
Même si les « jaunes » semblent plutôt faibles ces derniers mois, « s’ils peuvent agir en tout impunité, ils peuvent causer beaucoup d’instabilité ».
La nouvelle Premier ministre Yingluck Shinawatra, élue vendredi par l’assemblée, « dirige une force politique totalement inacceptable pour de nombreuses personnes puissantes » du royaume, souligne Michael Montesano, de l’Institut d’études sur l’Asie du Sud-Est à Singapour. « La survie va être un problème pour elle ».
Thaksin, vu par les élites comme un ennemi de la monarchie, et ses alliés ont remporté toutes les élections depuis 2001, mais ont été chassés par l’armée en 2006, puis deux fois par la justice en 2008.
Depuis cinq ans, la Thaïlande est profondément divisée entre les masses défavorisées du nord et du nord-est du pays, favorables à Thaksin, et les élites de la capitale gravitant autour du palais royal (armée, magistrats, hauts fonctionnaires), qui le haïssent.
Un fossé mis en évidence par la crise du printemps 2010, qui avait fait plus de 90 morts. Les « chemises rouges » pro-Thaksin avaient alors occupé le centre de Bangkok pendant deux mois pour réclamer la démission du gouvernement d’Abhisit Vejjajiva soutenu par les élites, avant d’être délogés par l’armée.
Yingluck a reconnu elle-même que le « premier problème urgent » était de parvenir à la « réconciliation ».
Pour ce faire, elle devra « gérer les adversaires de Thaksin efficacement. Elle doit leur tendre la main. Elle doit nommer les bonnes personnes qui leur tendront la main », souligne Thitinan Pongsudhirak, politologue à l’université Chulalongkorn de Bangkok.
Mais ce sera « difficile et peut-être impossible », parce que les masses défavorisées soutenant Yingluck sont vues comme une menace par les élites.
« La question est, verrons-nous une répétition de 2008 sous Yingluck? », s’interroge le chercheur.
C’est-à-dire l’intervention de la rue et de la justice pour évincer un gouvernement pro-Thaksin.
2008 avait vu les « chemises jaunes » royalistes manifester pendant des mois contre les pro-Thaksin au pouvoir, allant jusqu’à occuper les aéroports de Bangkok pendant neuf jours. En parallèle, des décisions de justice chassaient les Premiers ministres pro-Thaksin et permettaient l’arrivée d’Abhisit au pouvoir.
Alors que les Démocrates d’Abhisit ont déjà déposé une requête pour dissoudre le Puea Thai au pouvoir, la possibilité d’un nouveau « coup d’Etat judiciaire est très élevée », estime Michael Montesano.
Une éventualité qui ne manquerait pas de renvoyer les « rouges » dans la rue.
Les analystes sont en revanche plus sceptiques sur l’hypothèse d’un coup d’Etat militaire, dans un pays qui a connu 18 putschs ou tentatives depuis 1932.
A moins d’un « danger clair et immédiat pour la monarchie », estime Thitinan, notant que le retour de Thaksin serait probablement un « point critique » pour l’armée.
Le Puea Thai a évoqué pendant la campagne une amnistie pour les hommes politiques condamnés, dont Thaksin.
Mais l’analyste Chris Baker « doute » d’un retour rapide du milliardaire. « Ils auront d’autres choses à faire avant » de prendre une décision si controversée.
Une amnistie risquerait en plus de mettre en colère certains « rouges » qui veulent que les militaires soient punis pour les événements du printemps 2010.
Autre piège potentiel pour Yingluck: sa gestion du conflit frontalier avec le Cambodge, autour du temple de Preah Vihear.
Les « ultranationalistes », dont les « jaunes », sont « décidés à politiser » ce conflit et elle devra donc trouver un « consensus intérieur suffisant pour entreprendre un engagement international », estime Thitinan.
Même si les « jaunes » semblent plutôt faibles ces derniers mois, « s’ils peuvent agir en tout impunité, ils peuvent causer beaucoup d’instabilité ».
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Thaksin sous les projecteurs, un risque pour sa soeur au pouvoir
BANGKOK, 21 août 2011 (AFP)
Ses alliés à peine revenus au pouvoir, l’ex Premier ministre thaïlandais en exil Thaksin Shinawatra a fait le pari risqué de revenir sous les projecteurs, une attitude « provocatrice » qui assombrit déjà l’avenir du nouveau gouvernement dirigé par sa soeur, selon les analystes.
L’ancien magnat des télécommunications renversé par un coup d’Etat en 2006, qui vit à l’étranger pour échapper à deux ans de prison pour malversations financières, doit commencer lundi une visite tout sauf discrète au Japon, dans les zones dévastées par le séisme et le tsunami du 11 mars.
« Il se sent exonéré par les résultats des élections » du 3 juillet, largement remportées par le Puea Thai qu’il dirige de facto depuis son exil, note Thitinan Pongsudhirak, politologue à l’université Chulalongkorn de Bangkok. « Il pense que c’est sa réélection ».
Il veut prouver qu’il est « le de facto Premier ministre », renchérit Pavin Chachavalpongpun, de l’Institut d’édudes sur l’Asie du Sud-Est à Singapour.
Le Japon n’accorde en général pas de visa aux condamnés à plus d’un an de prison, mais a assuré avoir fait une exception, à la demande de Bangkok.
Alors qu’un profil bas du milliardaire, au moins pour quelques mois, aurait rassuré ses ennemis déjà inquiets de l’arrivée au pouvoir de sa soeur Yingluck qu’il a décrite comme son « clone », il va « trop vite » et cette précipitation « est une claque pour les élites », poursuit Pavin.
La Thaïlande, qui vit au rythme des manifestations de masse depuis cinq ans, est profondément divisée entre les masses défavorisées du nord et du nord-est, dont beaucoup considèrent Thaksin comme un héros, et les élites gravitant autour du palais royal (armée, magistrats, hauts fonctionnaires) qui le haïssent.
Thaksin et ses alliés, qui ont gagné toutes les élections depuis 2001, ont été tour à tour chassés par l’armée, en 2006, puis par deux fois en 2008 par des décisions de justice accompagnées par des manifestations massives des « chemises jaunes » royalistes. Une histoire qui risque de se répéter, selon les analystes.
« Ses déplacements internationaux sont provocateurs et pas malins s’il veut que sa soeur ait une chance », insiste Thitinan.
Après avoir réclamé la dissolution du Puea Thai, le Parti démocrate, principal parti d’opposition soutenu par les élites, a saisi l’occasion de l’affaire japonaise pour déposer une plainte contre le nouveau ministre des Affaires étrangères qu’il accuse d’avoir illégalement aidé un fugitif.
Et les analystes craignent que d’autres voyages médiatiques du milliardaire n’accentuent encore la pression sur le gouvernement de Yingluck, entrée en fonction le 8 août et qui n’a même pas encore prononcé son discours de politique générale, prévu mercredi.
« Les politiques, des membres de la société civile et les élites opposées à Thaksin travaillent déjà à rallier l’opinion publique contre le gouvernement Yingluck. Le résultat pourrait être le retour des manifestants anti-Thaksin dans les rues (…) et la répétition de 2008″, estime Paul Chambers, chercheur à l’université Payap de Chiang Mai, en Thaïlande.
D’un autre côté, l’expérience ayant prouvé que ses alliés ne conservent jamais longtemps le pouvoir, il doit « agir vite », note l’analyste.
La presse a ainsi déjà évoqué une possible révision de la Constitution promulguée par la junte en 2007, pour permettre à Thaksin de rentrer au pays.
« Si des changements massifs (à la Constitution) sont effectués et que Thaksin revient vraiment, ces modifications interviendront au milieu de manifestations anti-Thaksin et de la fureur dans les rangs de l’armée », promet Chambers.
Une armée responsable de 18 coups d’Etat ou tentatives depuis la fin de la monarchie absolue en 1932.
Ses alliés à peine revenus au pouvoir, l’ex Premier ministre thaïlandais en exil Thaksin Shinawatra a fait le pari risqué de revenir sous les projecteurs, une attitude « provocatrice » qui assombrit déjà l’avenir du nouveau gouvernement dirigé par sa soeur, selon les analystes.
L’ancien magnat des télécommunications renversé par un coup d’Etat en 2006, qui vit à l’étranger pour échapper à deux ans de prison pour malversations financières, doit commencer lundi une visite tout sauf discrète au Japon, dans les zones dévastées par le séisme et le tsunami du 11 mars.
« Il se sent exonéré par les résultats des élections » du 3 juillet, largement remportées par le Puea Thai qu’il dirige de facto depuis son exil, note Thitinan Pongsudhirak, politologue à l’université Chulalongkorn de Bangkok. « Il pense que c’est sa réélection ».
Il veut prouver qu’il est « le de facto Premier ministre », renchérit Pavin Chachavalpongpun, de l’Institut d’édudes sur l’Asie du Sud-Est à Singapour.
Le Japon n’accorde en général pas de visa aux condamnés à plus d’un an de prison, mais a assuré avoir fait une exception, à la demande de Bangkok.
Alors qu’un profil bas du milliardaire, au moins pour quelques mois, aurait rassuré ses ennemis déjà inquiets de l’arrivée au pouvoir de sa soeur Yingluck qu’il a décrite comme son « clone », il va « trop vite » et cette précipitation « est une claque pour les élites », poursuit Pavin.
La Thaïlande, qui vit au rythme des manifestations de masse depuis cinq ans, est profondément divisée entre les masses défavorisées du nord et du nord-est, dont beaucoup considèrent Thaksin comme un héros, et les élites gravitant autour du palais royal (armée, magistrats, hauts fonctionnaires) qui le haïssent.
Thaksin et ses alliés, qui ont gagné toutes les élections depuis 2001, ont été tour à tour chassés par l’armée, en 2006, puis par deux fois en 2008 par des décisions de justice accompagnées par des manifestations massives des « chemises jaunes » royalistes. Une histoire qui risque de se répéter, selon les analystes.
« Ses déplacements internationaux sont provocateurs et pas malins s’il veut que sa soeur ait une chance », insiste Thitinan.
Après avoir réclamé la dissolution du Puea Thai, le Parti démocrate, principal parti d’opposition soutenu par les élites, a saisi l’occasion de l’affaire japonaise pour déposer une plainte contre le nouveau ministre des Affaires étrangères qu’il accuse d’avoir illégalement aidé un fugitif.
Et les analystes craignent que d’autres voyages médiatiques du milliardaire n’accentuent encore la pression sur le gouvernement de Yingluck, entrée en fonction le 8 août et qui n’a même pas encore prononcé son discours de politique générale, prévu mercredi.
« Les politiques, des membres de la société civile et les élites opposées à Thaksin travaillent déjà à rallier l’opinion publique contre le gouvernement Yingluck. Le résultat pourrait être le retour des manifestants anti-Thaksin dans les rues (…) et la répétition de 2008″, estime Paul Chambers, chercheur à l’université Payap de Chiang Mai, en Thaïlande.
D’un autre côté, l’expérience ayant prouvé que ses alliés ne conservent jamais longtemps le pouvoir, il doit « agir vite », note l’analyste.
La presse a ainsi déjà évoqué une possible révision de la Constitution promulguée par la junte en 2007, pour permettre à Thaksin de rentrer au pays.
« Si des changements massifs (à la Constitution) sont effectués et que Thaksin revient vraiment, ces modifications interviendront au milieu de manifestations anti-Thaksin et de la fureur dans les rangs de l’armée », promet Chambers.
Une armée responsable de 18 coups d’Etat ou tentatives depuis la fin de la monarchie absolue en 1932.
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