Birmans en dissidence
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Birmans en dissidence
Luc Besson vient de lui consacrer un film, et elle reste, depuis sa libération en 2010, l'opposante la plus emblématique du pays. Avec d'autres, Aung San Suu Kyi pose devant l'objectif de James Mackay pour -attirer l'attention sur le sort des quelque 2 000 détenus politiques en Birmanie.
Par Jacques Follorou
Le vent de réformes qui souffle en Birmanie depuis cet été a permis à certains médias occidentaux de saluer la naissance d'un " printemps birman ". Ce pays qui, depuis les années 1990, fait l'objet de sanctions économiques internationales à la suite des graves violations des droits de l'homme, était considéré, il y a peu encore, comme l'un des plus infréquentables. Désormais, de grandes démocraties, comme la France, appellent la communauté internationale " à envisager, dans un esprit constructif, les réponses à apporter aux évolutions en cours en Birmanie ".Le rythme soutenu des annonces faites par ce régime présidé par Thein Sein, notamment sur le terrain des libertés publiques, a, en effet, conduit certaines puissances occidentales à revoir leur jugement sur ce pays. La fin de la censure, le droit de grève, l'ouverture politique, la prise en compte de l'intérêt des -populations, le dialogue engagé avec Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix 1991, longtemps persécutée par ce régime, l'appel, par les autorités, au retour des exilés, la main tendue aux minorités ethniques et aux chefs des mouvements de guérilla, ont été autant de pas en avant permettant de croire à la réalité du changement.
Point d'orgue de cette évolution : le 11 octobre. La télévision d'Etat birmane a annoncé la libération de 6 359 prisonniers parmi lesquels figureront au final 206 détenus politiques. Si cette faible proportion de prisonniers de conscience n'a pas entamé le soutien apporté par la communauté internationale aux changements en cours en Birmanie, elle a néanmoins conforté ceux qui plaident pour une réelle prudence sur la capacité de ce pays à se réformer. Le rapporteur spécial de l'ONU sur la Birmanie, Thomas Ojea Quintana, a ainsi estimé, le 19 octobre, que " en dépit de développements positifs, beaucoup restait à faire ", -notamment " en vue d'un dialogue avec les minorités ethniques ". Il a aussi rappelé que de nombreux dissidents historiques restent emprisonnés et a confirmé que le nombre total de prisonniers politiques est estimé à environ 2 000 parmi lesquels on compte des opposants, des journalistes, des avocats, des artistes et des moines bouddhistes.
Une nouvelle vague de libérations avait été annoncée par le pouvoir pour le 14 novembre. Elle n'a finalement pas eu lieu et un petit groupe de moines bouddhistes a aussitôt entamé une action de protestation à Rangoun. Ils se sont enfermés dans un bâtiment religieux où ils ont accroché des banderoles réclamant entre autres " la libération de tous les prisonniers politiques " et " la fin de la guerre civile " en référence aux combats entre l'armée et des groupes des minorités ethniques du pays.
Si les Etats-Unis, la France ou l'ONU ont appelé à la libération de tous les détenus d'opinion, l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (birmans) (AAPP), dont le siège se situe en Thaïlande, s'était déclarée " profondément déçue face à ce qui aurait dû être un geste historique " en octobre. Aung San Suu Kyi a également assuré que " beaucoup de jeunes n'ont pas encore été libérés ". " Nous continuerons à nous battre pour leur libération ", a-t-elle promis. C'est ainsi le cas de Min Ko Naing, responsable étudiant, présent lors des émeutes de 1988, arrêté après " la révolution safran " de 2007, qui purge actuellement une peine de soixante-cinq ans.
Selon l'AAPP, le recours à l'amnistie a déjà été utilisé dans le passé pour s'acheter, aux yeux du monde entier, un certificat d'honorabilité. Pour Wai Hnin Pwint Thon, militante de Burma Campaign UK et fille de Ko Mya Aye, prisonnier politique, " c'est un retour à la réalité, l'heure du changement n'est pas encore venue en Birmanie ". Ceux qui continuent à douter des intentions du régime considèrent que ce dernier veut surtout parvenir à la levée des sanctions économiques contre le pays et rêve de légitimité internationale. Une stratégie qui a permis à la Birmanie d'obtenir, le 17 novembre, lors de l'ouverture du sommet, à Bali, de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean), la présidence tournante de cette organisation en 2014.
Photos James MackayThe Lady, James Mackay raconte que l'idée de la série de portraits dont nous publions des extraits lui est venue alors qu'il se trouvait à Rangoun, devant la maison d'Aung San Suu Kyi : " J'observais ses grilles fermées et j'ai soudain ressenti l'aura d'invincibilité qui émanait de cette femme, alors assignée à résidence. " Le photographe britannique a entrepris un grand voyage en Birmanie, en Thaïlande et dans les pays où les opposants sont exilés pour rencontrer des militants des droits de l'homme qui ont connu les prisons de la junte. Il leur a demandé de poser en levant la main droite, un geste bouddhiste qui signifie qu'on est sans crainte. Dans leur paume, ils ont inscrit le nom d'un prisonnier politique toujours détenu au moment de la photo. Ce travail est rassemblé dans un livre, Abhaya. Burma's Fearlessness (River Books, novembre 2011, 224 p., 30 $).
source http://www.lemonde.fr/m/article/2011/11/25/birmans-en-dissidence_1608664_1575563.html
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