Forte poussée des salaires dans toute l'Asie
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Forte poussée des salaires dans toute l'Asie
Libérés par la poussée des coûts de production en Chine, plusieurs pays asiatiques viennent d'annoncer de fortes hausses des salaires minimums. Les investisseurs ne croient pas à une fuite massive des usines et espèrent même profiter d'une poussée de la demande domestique
Au 1 er avril, la Thaïlande va enclencher une spectaculaire hausse du salaire minimum dans les sept provinces les plus riches du royaume, notamment à Bangkok. Conformément à une promesse de campagne électorale de Yingluk Shinawatra, aujourd'hui au pouvoir, le salaire journalier de base des ouvriers va bondir de 40 % pour atteindre 300 bahts, soit 7,50 euros. D'ici à la fin de l'année, cette augmentation devrait s'appliquer à l'ensemble de la nation, malgré les mises en garde des professionnels de l'industrie textile qui pointent la menace de délocalisations au Cambodge et au Vietnam.
A Kuala Lumpur, la Fédération des employeurs malaisiens (MEF) tient le même discours alarmiste. Elle assure que 200.000 petites entreprises pourraient ne pas survivre à la mise en place, au printemps prochain, d'un salaire minimum mensuel compris, en fonction des régions, entre 800 ringgits (200 euros) et 1.000 ringgits (250 euros). Alors que les dirigeants européens cherchent à couper dans leurs dépenses publiques et revoient leurs généreuses politiques de protection sociale, la plupart des pays en développement d'Asie entament une démarche exactement inverse et tentent de pousser à la hausse les revenus de leur population pour changer de modèle économique et social. En Indonésie et aux Philippines, où les salaires minimums sont définis par les autorités locales, les gouvernements centraux ont, eux aussi, répondu à de récents mouvements de grève en encourageant les entreprises à offrir des rémunérations plus généreuses. « Les gouvernements sont plus sensibles à la montée des inégalités et aux revendications des travailleurs qui avaient souvent vu leur salaire stagner du fait, notamment, de la pression permanente sur les coûts imposée par la Chine », analyse Soon Ghee Chua, consultant d'A.T.Kearney à Singapour. « Pendant longtemps, ces économies ont eu peur d'entamer leur compétitivité mais les coûts de production augmentent tellement vite en Chine que les gouvernements de la région ont désormais le sentiment qu'ils disposent d'une marge de manoeuvre », complète un diplomate européen. Il rappelle que même Hong Kong vient d'annoncer la mise en place, à partir du mois de mai, d'un salaire minimum. « Désormais, dans la région, seul Singapour n'en dispose pas », note John Ritchotte, un expert de l'International Labor Organization (ILO) basé à Bangkok. Pour l'économiste, cette poussée des salaires pourrait impacter l'ensemble de la population. « Contrairement aux pays développés où les salaires sont déterminés selon les lois du marché, et permettent ensuite de définir un salaire minimum, les pays d'Asie du Sud-Est fonctionnent à l'exact opposé. Les Etats définissent une rémunération de base et les entreprises calent ensuite leur grille des salaires en fonction de ce montant », insiste-t-il.
Doper la consommation locale
Les analystes ne prévoient pas pour autant de fuite massive des entreprises qui ont fait de la zone leur principale base de production. « On ne perçoit pas d'inquiétude majeure sur ce sujet chez nos clients », indique Soon Ghee Chua, qui estime toutefois que les industries à faible valeur ajoutée, dépendantes de l'évolution du coût du travail, pourraient, elles, être plus touchées. Réputés réactifs, les producteurs de textile et de chaussures pourraient se tourner vers d'autres bases de production. Les fabricants installés au Cambodge ou au Vietnam, deux pays encore réputés très bon marché, attendent ainsi beaucoup d'une ouverture économique de la Birmanie. Pour les géants de l'automobile et de l'électronique japonais Toyota et Sony, la hausse du coût du travail dans la région ne remet pas en cause les stratégies d'investissement. Affaiblies par l'essoufflement économique en Occident, ces entreprises espèrent que l'amélioration des niveaux de vie dopera la consommation domestique.
La semaine dernière, annonçant la construction d'une nouvelle usine automobile près de Jakarta, en Indonésie, Honda a précisé que l'essentiel de sa production locale serait destiné au marché intérieur. En février, les ventes d'auto ont bondi de 24,2 % dans le pays.
http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0201959952031-forte-poussee-des-salaires-dans-toute-l-asie-304064.php
Au 1 er avril, la Thaïlande va enclencher une spectaculaire hausse du salaire minimum dans les sept provinces les plus riches du royaume, notamment à Bangkok. Conformément à une promesse de campagne électorale de Yingluk Shinawatra, aujourd'hui au pouvoir, le salaire journalier de base des ouvriers va bondir de 40 % pour atteindre 300 bahts, soit 7,50 euros. D'ici à la fin de l'année, cette augmentation devrait s'appliquer à l'ensemble de la nation, malgré les mises en garde des professionnels de l'industrie textile qui pointent la menace de délocalisations au Cambodge et au Vietnam.
A Kuala Lumpur, la Fédération des employeurs malaisiens (MEF) tient le même discours alarmiste. Elle assure que 200.000 petites entreprises pourraient ne pas survivre à la mise en place, au printemps prochain, d'un salaire minimum mensuel compris, en fonction des régions, entre 800 ringgits (200 euros) et 1.000 ringgits (250 euros). Alors que les dirigeants européens cherchent à couper dans leurs dépenses publiques et revoient leurs généreuses politiques de protection sociale, la plupart des pays en développement d'Asie entament une démarche exactement inverse et tentent de pousser à la hausse les revenus de leur population pour changer de modèle économique et social. En Indonésie et aux Philippines, où les salaires minimums sont définis par les autorités locales, les gouvernements centraux ont, eux aussi, répondu à de récents mouvements de grève en encourageant les entreprises à offrir des rémunérations plus généreuses. « Les gouvernements sont plus sensibles à la montée des inégalités et aux revendications des travailleurs qui avaient souvent vu leur salaire stagner du fait, notamment, de la pression permanente sur les coûts imposée par la Chine », analyse Soon Ghee Chua, consultant d'A.T.Kearney à Singapour. « Pendant longtemps, ces économies ont eu peur d'entamer leur compétitivité mais les coûts de production augmentent tellement vite en Chine que les gouvernements de la région ont désormais le sentiment qu'ils disposent d'une marge de manoeuvre », complète un diplomate européen. Il rappelle que même Hong Kong vient d'annoncer la mise en place, à partir du mois de mai, d'un salaire minimum. « Désormais, dans la région, seul Singapour n'en dispose pas », note John Ritchotte, un expert de l'International Labor Organization (ILO) basé à Bangkok. Pour l'économiste, cette poussée des salaires pourrait impacter l'ensemble de la population. « Contrairement aux pays développés où les salaires sont déterminés selon les lois du marché, et permettent ensuite de définir un salaire minimum, les pays d'Asie du Sud-Est fonctionnent à l'exact opposé. Les Etats définissent une rémunération de base et les entreprises calent ensuite leur grille des salaires en fonction de ce montant », insiste-t-il.
Doper la consommation locale
Les analystes ne prévoient pas pour autant de fuite massive des entreprises qui ont fait de la zone leur principale base de production. « On ne perçoit pas d'inquiétude majeure sur ce sujet chez nos clients », indique Soon Ghee Chua, qui estime toutefois que les industries à faible valeur ajoutée, dépendantes de l'évolution du coût du travail, pourraient, elles, être plus touchées. Réputés réactifs, les producteurs de textile et de chaussures pourraient se tourner vers d'autres bases de production. Les fabricants installés au Cambodge ou au Vietnam, deux pays encore réputés très bon marché, attendent ainsi beaucoup d'une ouverture économique de la Birmanie. Pour les géants de l'automobile et de l'électronique japonais Toyota et Sony, la hausse du coût du travail dans la région ne remet pas en cause les stratégies d'investissement. Affaiblies par l'essoufflement économique en Occident, ces entreprises espèrent que l'amélioration des niveaux de vie dopera la consommation domestique.
La semaine dernière, annonçant la construction d'une nouvelle usine automobile près de Jakarta, en Indonésie, Honda a précisé que l'essentiel de sa production locale serait destiné au marché intérieur. En février, les ventes d'auto ont bondi de 24,2 % dans le pays.
http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0201959952031-forte-poussee-des-salaires-dans-toute-l-asie-304064.php
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