« Ce qui a changé, c’est l’espoir »
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« Ce qui a changé, c’est l’espoir »
Les changements initiés en Birmanie au plus haut niveau de l’Etat ne touchent pas les populations les plus pauvres. Cependant, avec la récente entrée d’Aung San Suu Kyi dans la course électorale, la peur qui hantait les esprits déserte et le rêve de meilleurs lendemains renaît.
Rangoun, Lorene Rapeneau /InfoSud - Dans la pagode de Shwe San Yar, quartier populaire de la banlieue de Rangoun - la capitale économique birmane -, résonnent les prières d’une vingtaine de moines. Zaw Win, 58 ans, rentre d’un pas tranquille vers sa chambre, enveloppé dans son habit couleur prune. Ancien pêcheur, il a rejoint le centre religieux bouddhiste de son village natal à la mort de ses parents, voilà huit ans. Cet homme calme et attentif incarne la douceur et la compassion. « Les gens sont pauvres ici. Miséreux au point que certains viennent demander à manger à la pagode. Beaucoup d’habitants sont sans emploi. Pour nous qui vivons ici, rien n’a changé à part l’horaire plus souple du ferry, qui accoste jusqu’à 22h au lieu de 21h. »
Piètre amélioration à l’aune de l’ouverture politique amorcée par la junte militaire depuis les élections de novembre 2010. Le passage à un gouvernement civil dirigé par l’ancien général Thein Sein en mars 2011 (après des décennies de régime militaire et d’oppression) et l’accélération des réformes depuis plusieurs mois n’atteint pas les populations pauvres : ni dans la commune vibrante de Dalla où a grandi Zaw Win, ni à Rangoon, ni dans les campagnes où vit près de 75% de la population.
Les Birmans aspirent à sortir d’un quotidien difficile et ils sont unanimes : la seule qui peut apporter ce changement, c’est Aung San Suu Kyi. Icône au chignon fleuri, fille du héros national qui a conduit le pays à l’indépendance, elle incarne aujourd’hui l’espoir pour nombre de Birmans qui lui sont reconnaissants d’avoir, comme son père, tant sacrifié pour son peuple. Sa campagne électorale a drainé des foules impressionnantes. « Daw Suu (manière respectueuse d’appeler Aung San Suu Kyi), c’est Daw Suu !, glisse Zaw Win dans un sourire. Il n’y a qu’elle pour changer le quotidien des pauvres. »
Priorités du peuple : éducation et emploi
U La Myent, un voisin de la pagode, s’affaire à rénover sa maison avec des planches et des feuilles de tôle neuves. Sans l’ombre d’une hésitation, il affiche ses affinités avec le parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) : « Vous voyez, ce jeune qui m’aide à reconstruire ma maison, il doit travailler comme journalier pour 3 000 kyats (3,3 francs suisse). Cela ne suffit pas à nourrir sa famille, et s’il a un problème de santé, c’est tout son salaire qui y passe. Ce qu’il nous faudrait, c’est un accès gratuit aux soins, des emplois, une meilleure éducation. »
A quelques encablures, le ferry qui a traversé le fleuve Rangoun accoste pour déverser sont flot quotidien de passagers rentrant de leur journée de travail à Rangoun. Depuis son restaurant, U Win Naing regarde la foule passer dans un concert de klaxons. Lui, dont le père a migré d’Inde dans les années 1920 pour travailler comme conducteur de train dans la Birmanie colonisée par les Britanniques, se souvient des nombreux récits paternels sur l’âge d’or du pays. A 59 ans, ce dévoreur de livres et de journaux birmans et tamouls s’est fait une opinion sur l’avenir de son pays. Il est catégorique : l’éducation et l’emploi, en particulier dans l’industrie et dans la transformation des ressources nationales, devraient être des priorités. Mais jusqu’ici, le quotidien ne s’est pas amélioré.
Une liberté d’expression nouvelle
Pour les militants du bureau local de la LND, les changements sont en revanche flagrants. « Aujourd’hui, il y a des portraits d’Aung San Suu Kyi partout, en particulier dans les journaux, et des autocollants et des drapeaux aux couleurs de la LND sont visibles. Et nous pouvons nous réunir en public sans être surveillés et systématiquement photographiés. Jusqu’en 2010, les réunions de plus de 5 personnes étaient interdites », se souvient Htoo Thit, qui a passé dix ans en prison pour avoir participé aux mouvements de protestation des étudiants en 1988. Une répression meurtrière lancée contre les manifestants qui marque encore profondément les esprits. Mais ce long séjour dans les geôles birmanes l’a vacciné contre la peur, assure-t-il. « Ce qu’il faut, c’est qu’on travaille avec la société civile pour éliminer cette peur. »
De l’autre côté du fleuve, Rangoun la décrépie vibre et bouillonne. Dans ce décor de bâtiments abandonnés aux aléas du temps, où vrombissent les bus et les taxis déglingués, le passage de voitures neuves détonne. Mais il se fait de moins en moins rare. Les taxis ont en effet été incités à investir dans de nouveaux modèles contre un rachat de leur ancien véhicule. Les conditions d’achat d’une voiture se seraient également assouplies. « Comment les gens peuvent-ils acheter une voiture ? proteste Nilar Myaing. J’en cherche justement une et pour une Toyota basique datant de 1990, on m’a demandé ce matin 22 000 $ (20 000 francs suisse) ! » La Birmanie était réputée pour être le pays où les voitures étaient les plus chères au monde. L’image reste de rigueur…
Le cœur du problème, c’est la baisse du pouvoir d’achat de la population, témoignent plusieurs familles d’enseignants qui évaluent la chute à 40 % en une seule année. « Des gens qui gagnent 500 à 700 $ (450 à 640 francs suisse) par mois devraient être la classe moyenne, renchérit Nilar Myaing. Pourtant ils ont du mal à subvenir à leurs besoins de base. Ils se demandent bien quand ils pourront acheter un appartement… »
Néanmoins, ces mêmes classes moyennes observent certaines améliorations. Hla Hla Win, qui consacre une énergie colossale à l’enseignement de l’anglais à Rangoun, évoque de bien meilleures communications. « Maintenant, j’ai internet à la maison, la connexion est plus rapide qu’au bureau, et j’ai aussi un téléphone portable qui me permet d’appeler quand je le souhaite. Ça me donne de la liberté. » Comme elle, sa collègue Htar Htar Ei a acheté sa carte Sim 500 000 kyats (555 francs suisse) il y a six mois. Un prix prohibitif, qui n’est évidemment pas à la portée de toutes les bourses, mais qui est devenu accessible à une petite frange de la population urbaine. Pyasone, 21 ans, a lui aussi un téléphone mobile depuis six mois. Sa mère, éditrice, et son père, archéologue, ont trouvé les moyens de le lui offrir.
Quand la peur s’efface
L’espoir réveillé ces derniers mois par l’assouplissement du gouvernement et plus récemment par la candidature d’Aung San Suu Kyi et de son parti aux élections du 1er avril, infiltre surtout le quotidien des travailleurs à Rangoun. Cho Cho Aung, discrète et frêle jeune femme de 28 ans, travaille pour le très politique Institut Bayda, qui forme les jeunes de la LND. Elle vit l’ouverture en cours avec un grand soulagement. « En un an, les choses ont changé. Chez moi personne ne milite alors pendant longtemps j’ai caché à mes parents que je travaillais pour l’Institut, pour ne pas les inquiéter. Mais je vivais dans la peur. Aujourd’hui cette peur a disparu. »
Htar Htar Ei, qui dirige le programme d’aide humanitaire de Network Activities Group dans la zone sèche à 400 km au nord de Rangoun, constate à son tour qu’elle a « pris confiance » en ce qu’elle pouvait faire. Davantage de possibilités et de marge de manœuvre : voilà l’impression qui semble bien gagner une société civile particulièrement dynamique, même si la prudence ou le scepticisme s’en mêlent. Certes les lenteurs ou les blocages administratifs demeurent, la corruption gangrène le système, les complications surviennent toujours, mais Nilar Myaing, l’énergique et pragmatique directrice du Centre de ressources local (LRC), traduit dans ses mots les espoirs de tant de Birman : « Ces dix dernières années, j’ai travaillé dans la peur. Aujourd’hui, j’ose enfin rêver ».
http://www.infosud.org/spip.php?article10061
Rangoun, Lorene Rapeneau /InfoSud - Dans la pagode de Shwe San Yar, quartier populaire de la banlieue de Rangoun - la capitale économique birmane -, résonnent les prières d’une vingtaine de moines. Zaw Win, 58 ans, rentre d’un pas tranquille vers sa chambre, enveloppé dans son habit couleur prune. Ancien pêcheur, il a rejoint le centre religieux bouddhiste de son village natal à la mort de ses parents, voilà huit ans. Cet homme calme et attentif incarne la douceur et la compassion. « Les gens sont pauvres ici. Miséreux au point que certains viennent demander à manger à la pagode. Beaucoup d’habitants sont sans emploi. Pour nous qui vivons ici, rien n’a changé à part l’horaire plus souple du ferry, qui accoste jusqu’à 22h au lieu de 21h. »
Piètre amélioration à l’aune de l’ouverture politique amorcée par la junte militaire depuis les élections de novembre 2010. Le passage à un gouvernement civil dirigé par l’ancien général Thein Sein en mars 2011 (après des décennies de régime militaire et d’oppression) et l’accélération des réformes depuis plusieurs mois n’atteint pas les populations pauvres : ni dans la commune vibrante de Dalla où a grandi Zaw Win, ni à Rangoon, ni dans les campagnes où vit près de 75% de la population.
Les Birmans aspirent à sortir d’un quotidien difficile et ils sont unanimes : la seule qui peut apporter ce changement, c’est Aung San Suu Kyi. Icône au chignon fleuri, fille du héros national qui a conduit le pays à l’indépendance, elle incarne aujourd’hui l’espoir pour nombre de Birmans qui lui sont reconnaissants d’avoir, comme son père, tant sacrifié pour son peuple. Sa campagne électorale a drainé des foules impressionnantes. « Daw Suu (manière respectueuse d’appeler Aung San Suu Kyi), c’est Daw Suu !, glisse Zaw Win dans un sourire. Il n’y a qu’elle pour changer le quotidien des pauvres. »
Priorités du peuple : éducation et emploi
U La Myent, un voisin de la pagode, s’affaire à rénover sa maison avec des planches et des feuilles de tôle neuves. Sans l’ombre d’une hésitation, il affiche ses affinités avec le parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) : « Vous voyez, ce jeune qui m’aide à reconstruire ma maison, il doit travailler comme journalier pour 3 000 kyats (3,3 francs suisse). Cela ne suffit pas à nourrir sa famille, et s’il a un problème de santé, c’est tout son salaire qui y passe. Ce qu’il nous faudrait, c’est un accès gratuit aux soins, des emplois, une meilleure éducation. »
A quelques encablures, le ferry qui a traversé le fleuve Rangoun accoste pour déverser sont flot quotidien de passagers rentrant de leur journée de travail à Rangoun. Depuis son restaurant, U Win Naing regarde la foule passer dans un concert de klaxons. Lui, dont le père a migré d’Inde dans les années 1920 pour travailler comme conducteur de train dans la Birmanie colonisée par les Britanniques, se souvient des nombreux récits paternels sur l’âge d’or du pays. A 59 ans, ce dévoreur de livres et de journaux birmans et tamouls s’est fait une opinion sur l’avenir de son pays. Il est catégorique : l’éducation et l’emploi, en particulier dans l’industrie et dans la transformation des ressources nationales, devraient être des priorités. Mais jusqu’ici, le quotidien ne s’est pas amélioré.
Une liberté d’expression nouvelle
Pour les militants du bureau local de la LND, les changements sont en revanche flagrants. « Aujourd’hui, il y a des portraits d’Aung San Suu Kyi partout, en particulier dans les journaux, et des autocollants et des drapeaux aux couleurs de la LND sont visibles. Et nous pouvons nous réunir en public sans être surveillés et systématiquement photographiés. Jusqu’en 2010, les réunions de plus de 5 personnes étaient interdites », se souvient Htoo Thit, qui a passé dix ans en prison pour avoir participé aux mouvements de protestation des étudiants en 1988. Une répression meurtrière lancée contre les manifestants qui marque encore profondément les esprits. Mais ce long séjour dans les geôles birmanes l’a vacciné contre la peur, assure-t-il. « Ce qu’il faut, c’est qu’on travaille avec la société civile pour éliminer cette peur. »
De l’autre côté du fleuve, Rangoun la décrépie vibre et bouillonne. Dans ce décor de bâtiments abandonnés aux aléas du temps, où vrombissent les bus et les taxis déglingués, le passage de voitures neuves détonne. Mais il se fait de moins en moins rare. Les taxis ont en effet été incités à investir dans de nouveaux modèles contre un rachat de leur ancien véhicule. Les conditions d’achat d’une voiture se seraient également assouplies. « Comment les gens peuvent-ils acheter une voiture ? proteste Nilar Myaing. J’en cherche justement une et pour une Toyota basique datant de 1990, on m’a demandé ce matin 22 000 $ (20 000 francs suisse) ! » La Birmanie était réputée pour être le pays où les voitures étaient les plus chères au monde. L’image reste de rigueur…
Le cœur du problème, c’est la baisse du pouvoir d’achat de la population, témoignent plusieurs familles d’enseignants qui évaluent la chute à 40 % en une seule année. « Des gens qui gagnent 500 à 700 $ (450 à 640 francs suisse) par mois devraient être la classe moyenne, renchérit Nilar Myaing. Pourtant ils ont du mal à subvenir à leurs besoins de base. Ils se demandent bien quand ils pourront acheter un appartement… »
Néanmoins, ces mêmes classes moyennes observent certaines améliorations. Hla Hla Win, qui consacre une énergie colossale à l’enseignement de l’anglais à Rangoun, évoque de bien meilleures communications. « Maintenant, j’ai internet à la maison, la connexion est plus rapide qu’au bureau, et j’ai aussi un téléphone portable qui me permet d’appeler quand je le souhaite. Ça me donne de la liberté. » Comme elle, sa collègue Htar Htar Ei a acheté sa carte Sim 500 000 kyats (555 francs suisse) il y a six mois. Un prix prohibitif, qui n’est évidemment pas à la portée de toutes les bourses, mais qui est devenu accessible à une petite frange de la population urbaine. Pyasone, 21 ans, a lui aussi un téléphone mobile depuis six mois. Sa mère, éditrice, et son père, archéologue, ont trouvé les moyens de le lui offrir.
Quand la peur s’efface
L’espoir réveillé ces derniers mois par l’assouplissement du gouvernement et plus récemment par la candidature d’Aung San Suu Kyi et de son parti aux élections du 1er avril, infiltre surtout le quotidien des travailleurs à Rangoun. Cho Cho Aung, discrète et frêle jeune femme de 28 ans, travaille pour le très politique Institut Bayda, qui forme les jeunes de la LND. Elle vit l’ouverture en cours avec un grand soulagement. « En un an, les choses ont changé. Chez moi personne ne milite alors pendant longtemps j’ai caché à mes parents que je travaillais pour l’Institut, pour ne pas les inquiéter. Mais je vivais dans la peur. Aujourd’hui cette peur a disparu. »
Htar Htar Ei, qui dirige le programme d’aide humanitaire de Network Activities Group dans la zone sèche à 400 km au nord de Rangoun, constate à son tour qu’elle a « pris confiance » en ce qu’elle pouvait faire. Davantage de possibilités et de marge de manœuvre : voilà l’impression qui semble bien gagner une société civile particulièrement dynamique, même si la prudence ou le scepticisme s’en mêlent. Certes les lenteurs ou les blocages administratifs demeurent, la corruption gangrène le système, les complications surviennent toujours, mais Nilar Myaing, l’énergique et pragmatique directrice du Centre de ressources local (LRC), traduit dans ses mots les espoirs de tant de Birman : « Ces dix dernières années, j’ai travaillé dans la peur. Aujourd’hui, j’ose enfin rêver ».
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Miss Birmanie candidate malheureuse à Miss International
Nang Khin Zay Yar était favorite aux « Miss International », la première participation d’une Birmane depuis 50 ans. Mais c’est une Japonaise qui l’a emporté.
À la grande déception des Birmans, c’est Miss Japon, Ikumi Yoshimatsu, 25 ans, qui a remporté le titre de « Miss International » le 21 octobre à Okinawa, au Japon, s’enthousiasme le journal Asahi Shimbun, notant qu’elle succède à l’Equatorienne Maria Fernanda Cornejo et qu’elle a battu les participantes de 68 pays. Parmi elles, Miss Birmanie, Nang Khin Zay Yar, 23 ans, était pourtant une des grandes favorites, soulignait l’Irrawaddy du 19 octobre, au vu de l’énorme soutien qu’elle a reçu sur internet et surtout du fait que la Birmanie participait à la compétition pour la première fois en plus de 50 ans. La première et dernière fois qu’une Birmane s’était alignée aux côtés des plus belles femmes de la planète était en effet en 1961, la première édition de la compétition ayant eut lieu en 1960.
La jeune femme, originaire de l’ethnie Pa-O et native de Taunggyi, capitale de l’Etat Shan, dans le centre de la Birmanie, avait tout de même recueilli 21 millions de votes en ligne, lui donnant une bonne chance de s’imposer face aux deux autres favorites japonaise et américaine. « Nang montre au reste du monde ce que le Myanmar a à offrir. Elle ne nous a pas déçus en bikini. Même si elle n’a pas un ‘corps de concours’ typique, elle a les bonnes courbes aux bons endroits », a noté un internaute sur le site de la compétition. Sa prestation en maillot de bain n’a pas été du goût de tous les Birmans, jugée culturellement un peu osée par de nombreux internautes, et elle a fait davantage l’unanimité dans la catégorie ‘costume national’. « Je l’ai appréciée dans sa robe traditionnelle des Pa-O, et aussi dans son costume birman », s’est réjouie une femme de l’ethnie Taaung, dans l’Etat Shan. « C’est tellement rare pour une minorité de représenter notre pays à l’étranger ».
Parlant couramment l’anglais et l’allemand, Nang Khin Zay Yar a travaillé pendant 5 ans comme guide touristique avant de remporter le concours de Miss Birmanie cette année et de se lancer dans une carrière de mannequin. Pour beaucoup de Birmans, elle est devenue le fier symbole du regain d’intérêt du monde pour leur pays, après des décennies d’isolation imposée par la junte militaire. « J’ai voté pour elle parce qu’elle a attiré l’attention des gens tout autour du monde pour notre pays », a ainsi expliqué Thet Khine, un Birman installé à Bangkok. Alors que beaucoup sont celles et ceux qui estiment qu’elle ouvre la voie à une nouvelle génération de femmes birmanes, certains ont tout simplement avoué avoir été sensibles à son charme, y compris son doux sourire.
http://asie-info.fr/2012/10/25/miss-birmanie-candidate-malheureuse-a-miss-international-512095.html
À la grande déception des Birmans, c’est Miss Japon, Ikumi Yoshimatsu, 25 ans, qui a remporté le titre de « Miss International » le 21 octobre à Okinawa, au Japon, s’enthousiasme le journal Asahi Shimbun, notant qu’elle succède à l’Equatorienne Maria Fernanda Cornejo et qu’elle a battu les participantes de 68 pays. Parmi elles, Miss Birmanie, Nang Khin Zay Yar, 23 ans, était pourtant une des grandes favorites, soulignait l’Irrawaddy du 19 octobre, au vu de l’énorme soutien qu’elle a reçu sur internet et surtout du fait que la Birmanie participait à la compétition pour la première fois en plus de 50 ans. La première et dernière fois qu’une Birmane s’était alignée aux côtés des plus belles femmes de la planète était en effet en 1961, la première édition de la compétition ayant eut lieu en 1960.
La jeune femme, originaire de l’ethnie Pa-O et native de Taunggyi, capitale de l’Etat Shan, dans le centre de la Birmanie, avait tout de même recueilli 21 millions de votes en ligne, lui donnant une bonne chance de s’imposer face aux deux autres favorites japonaise et américaine. « Nang montre au reste du monde ce que le Myanmar a à offrir. Elle ne nous a pas déçus en bikini. Même si elle n’a pas un ‘corps de concours’ typique, elle a les bonnes courbes aux bons endroits », a noté un internaute sur le site de la compétition. Sa prestation en maillot de bain n’a pas été du goût de tous les Birmans, jugée culturellement un peu osée par de nombreux internautes, et elle a fait davantage l’unanimité dans la catégorie ‘costume national’. « Je l’ai appréciée dans sa robe traditionnelle des Pa-O, et aussi dans son costume birman », s’est réjouie une femme de l’ethnie Taaung, dans l’Etat Shan. « C’est tellement rare pour une minorité de représenter notre pays à l’étranger ».
Parlant couramment l’anglais et l’allemand, Nang Khin Zay Yar a travaillé pendant 5 ans comme guide touristique avant de remporter le concours de Miss Birmanie cette année et de se lancer dans une carrière de mannequin. Pour beaucoup de Birmans, elle est devenue le fier symbole du regain d’intérêt du monde pour leur pays, après des décennies d’isolation imposée par la junte militaire. « J’ai voté pour elle parce qu’elle a attiré l’attention des gens tout autour du monde pour notre pays », a ainsi expliqué Thet Khine, un Birman installé à Bangkok. Alors que beaucoup sont celles et ceux qui estiment qu’elle ouvre la voie à une nouvelle génération de femmes birmanes, certains ont tout simplement avoué avoir été sensibles à son charme, y compris son doux sourire.
http://asie-info.fr/2012/10/25/miss-birmanie-candidate-malheureuse-a-miss-international-512095.html
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Birmanie: quand un roman gay témoigne d'une liberté naissante
RANGOON (AFP) - En 1994, les passages érotiques d'un roman de Nu Nu Yi, mettant en scène des héros homosexuels, avaient été soigneusement expurgés par la censure birmane. Désormais, l'écrivain envisage la publication d'une version intégrale, signe parmi tant d'autres que l'ouverture ne se limite pas à la vie politique.
Pendant des décennies, les censeurs taillaient à la hache dans les articles, romans, chansons et autres contes de fée pour s'assurer que rien ne soit proposé aux Birmans qui ne soit choquant pour la culture locale, ni ne mette en danger l'autorité absolue du régime militaire.
Mais les anciens officiers réformateurs propulsés au pouvoir en mars 2011 se sont depuis engagés dans une profonde réforme du modèle politique et économique du pays. Y compris en abolissant la censure.
Et rien n'aurait pu ravir plus profondément Nu Nu Yi, une des auteurs les plus connues de Birmanie.
En 2007, elle avait été nominée pour le plus prestigieux prix littéraire en Asie, le "Man Asian Literary Prize". Mais alors que "Smile as they bow" ("Souris quand ils se prosternent"), un des rares romans birmans à avoir jamais été traduit en anglais, était acclamé à l'étranger, il était censuré en son pays.
L'intrigue se déroule lors du festival annuel de Taung Pyone, qui célèbre les esprits -- ou "nats" -- omniprésents dans le folklore birman. La fête laisse s'exprimer à découvert les minorités sexuelles et fait la part belle aux médiums et esprits en tout genre, souvent travestis, parés de costumes extravagants.
Une fenêtre de liberté pour une homosexualité officiellement hors-la-loi, mais qui s'est affichée en mai dernier avec la première "Gay pride" de l'histoire du pays. Célébrée par quelques centaines de personnes, dans un hôtel de la ville.
Le roman de Nu Nu Yi évoque les amours tumultueuses d'un médium cinquantenaire travesti et de son apprenti de 20 ans. Une relation brisée lorsque le jeune homme tombe amoureux d'une mendiante.
Lors d'un entretien avec l'AFP dans son appartement de Rangoun, la romancière a montré un exemplaire original de l'oeuvre, renvoyée par la censure avec des passages recouverts d'encre argentée.
Parmi les passages biffés, une conversation intime où un personnage émet l'hypothèse qu'il n'aura plus de relations sexuelles avec une femme.
Les censeurs avaient par ailleurs mal vécu que l'un des personnages efféminés du roman appelle son partenaire son "mari", suggérant qu'il le désigne plutôt comme son "fils". "Nous avons finalement opté pour +fils adoptif+" se souvient l'écrivain, ricanant encore du ridicule de ses censeurs.
Les militaires avaient aussi cru reconnaître, dans l'attitude des personnages, deux puissants généraux de la junte au pouvoir. "Je ne savais vraiment pas s'il fallait se mettre en colère ou éclater de rire. C'est difficile de ne pas rire de l'excès de la propagande et du contrôle".
"Smile as they bow" a fini par être publié, traduit, reconnu. Sans épargner à son auteure un profond questionnement: "je me sentais impuissante", se souvient-elle. "Les écrivains ont un contrat social avec les lecteurs. Nous sommes censés faire la lumière sur une réalité (...) et non en offrir une version aseptisée".
L'an prochain, elle espère le voir dans sa version intégrale dans les librairies. Une hypothèse dont elle n'aurait su rêver il y a encore quelques mois.
La Birmanie est en transition accélérée vers "une démocratie normale", relève à cet égard Aung Naing Oo, du Vahu Development Institute de Bangkok, convaincu que la fin de la censure compte parmi les "grandes réalisations" du nouveau régime.
Mais Nu Nu Yi n'y voit qu'une première pierre dans la complexe édification d'une pensée effectivement libre en Birmanie. "Pour une grande majorité, la censure existe dans la tête", dit-elle. Le pays est "un Etat qui se réforme, pas un Etat réformé".
En attendant qu'une littérature libre, prolifique et puissante émerge d'un demi-siècle de dictature militaire, elle entend profiter de chaque occasion pour avancer.
"Les changements ne sont pas inscrits dans la pierre", assure Nu Nu Yi. Et l'écrivaine d'éclater de rire: "avant que les censeurs ne changent d'avis (...), retransformons le fils adoptif en mari".
http://tempsreel.nouvelobs.com/culture/20121128.AFP6250/birmanie-quand-un-roman-gay-temoigne-d-une-liberte-naissante.html
http://www.amazon.fr/Smile-as-they-Bow-ebook/dp/B001F76TYS/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1354098076&sr=8-1
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Miss Univers Une Birmane en lice, pour la première fois en 50 ans
Dans un parfum de controverse et sans aucun bikini, une jeune Birmane formée aux Etats-Unis a été choisie pour représenter son pays au concours de Miss Univers pour la première fois en plus d’un demi-siècle.
Moe Set Wine, diplômée en commerce de 25 ans, participera au concours le mois prochain à Moscou, mettant ainsi en lumière les changements spectaculaires engagés en Birmanie depuis la dissolution de la junte en mars 2011.
«J’ai le sentiment de faire partie de l’histoire et je me sens comme un soldat qui fait quelque chose pour son pays et son peuple», a déclaré après son élection jeudi soir celle qui sera la première candidate birmane à Miss Univers depuis 1961.
L’ouverture du pays au monde après un demi-siècle de dictature militaire a eu également un impact sur la société et les moeurs, mais ces changements ne sont pas forcément du goût de tous.
Quand des photos osées d’une mannequin en bikini étaient apparues sur l’internet il y a quelques années, elles avaient déclenché insultes et menaces.
En conséquences, jeudi, sur le podium, le maillot de bain une pièce avait été imposé à tout le monde.
«Mon avis personnel est que la compétition donne une bonne image de notre pays, mais si vous regardez ce qu’elles portent, ce n’est pas ce que beaucoup de gens aiment ici», a commenté le vice-ministre de la Culture, Than Swe, à l’AFP.
Le longyi, jupe de coton ou de soie portée à la fois par les femmes et les hommes, est la tenue traditionnelle birmane, toujours obligatoire dans les lycées, les universités et la plupart des administrations.
Mais la jeune génération, en particulier dans les villes, préfère souvent des vêtements moins conventionnels, balayant les critiques sur la morale ou la pudeur.
«Les Birmans n’osaient pas porter ce gens de vêtements par le passé. Maintenant, les choses s’améliorent, et les gens osent porter certaines choses, alors en tant que styliste, je peux créer ce que j’aime», a souligné Htay Htay Tin, qui a créé toutes les tenues du concours «basées sur la culture birmane, avec une touche de modernité».
«Je suis contente et fière que les styles changent avec le temps», a-t-elle ajouté, en restant malgré tout plus prudente pour les maillots de bain. «Je n’oserais pas en porter un, mais ils font partie de la compétition».
Source AFP & DVB
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