Les réfugiés, grands perdants de l'ouverture
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Les réfugiés, grands perdants de l'ouverture
Encouragés par l'évolution positive du régime birman, les bailleurs de fonds des programmes humanitaires reviennent progressivement dans le pays, et délaissent en conséquence les ONG qui travaillent le long de la frontière avec les populations réfugiées.
Le site de de l'ONG Mae Tao Clinic de Mae Sot, qui prodigue des soins médicaux à des milliers de réfugiés.
Quand elle a appris que les aides étrangères qui finançaient ses études se réduisaient comme peau de chagrin, Seng Jam Longzaw, 16 ans, une Birmane immigrée en Thaïlande, a vu son rêve de devenir infirmière s'envoler. Seng est inscrite au collège-lycée Chanapathum, dans la province de Chiang Mai [nord de la Thaïlande]. Les fonds qui lui permettent de poursuivre ses études proviennent du Shan Women's Action Network (Swan), une ONG birmane basée en Thaïlande qui prend en charge les frais de scolarité et de transport de milliers d'enfants vivant le long de la frontière. En raison de l'ouverture politique en cours au Myanmar [nom officiel de la Birmanie], les organisations comme Swan qui œuvrent le long de la frontière thaïlandaise peinent de plus en plus à joindre les deux bouts. Les bailleurs de fonds internationaux sont en effet désormais enclins à travailler directement dans le pays, auprès des autorités. Conséquence : ils revoient à la baisse leurs budgets alloués aux associations situées en Thaïlande. Swan a enregistré cette année une baisse de 80% des crédits nécessaires pour aider les élèves à entamer leur année scolaire ce mois-ci.
Trente-six ONG birmanes de Thaïlande ont écrit aux bailleurs de fonds étrangers pour les prier ne pas les oublier. Et ce ne sont pas seulement les projets éducatifs qui souffrent. La célèbre Mae Tao Clinic de Mae Sot, qui prodigue chaque année des soins médicaux à des milliers de réfugiés, n'a reçu que l'équivalent de la moitié de son budget annuel. Le Thai Burma Border Consortium, qui fournit des rations alimentaires et autres produits de première nécessité à 145 000 réfugiés, va lui aussi avoir du mal à maintenir ses programmes. "Désormais, les réfugiés ne reçoivent que 80 % du minimum requis en aliments et autres. Des coupes dans les salaires des enseignants ont déjà été effectuées, confie Sally Thompson, sa directrice adjointe. Du coup, il est désormais très difficile de trouver des enseignants car ils cherchent d'autres sources de revenus."
Seng a toujours fait preuve d'un grand enthousiasme à l'idée de faire des études, qu'elle considère comme la porte vers un avenir meilleur. "Quand j'étais petite et que je voyais des élèves en uniforme scolaire, je désirais être à leur place, confie-t-elle. Chaque fois que mes parents me forçaient à manquer l'école, je fondais en larmes. Si maintenant je suis privée de soutien, je vais devoir travailler pour essayer de payer mes études." Hla Tun Nandar, 33 ans, est directeur de l'école Wat Phra That et donne des cours bénévolement à la Wiang Wai School. Il sait combien la situation est difficile pour les élèves immigrés. "Les enfants ont soif d'apprendre. S'ils n'ont plus de soutien financier, leurs parents ne pourront pas prendre le relais. Leur avenir sera incertain. De mon côté, je fais mon possible pour qu'ils sachent au moins lire et écrire. Au moins ça leur servira à l'avenir."
Les Etats-Unis ont récemment assoupli leurs sanctions à l'encontre du Myanmar et annoncé qu'ils autoriseraient les transactions financières destinées à soutenir des projets humanitaires et de développement qui permettent aux ONG d'étendre leurs opérations [à l'intérieur du pays]. L'Australie a accru son aide à la Birmanie de 29,1 millions de dollars en 2009-2010 à 47,6 millions de dollars [de 23 à 37 millions d'euros]. L'Union européenne a quant à elle débloqué une enveloppe de 150 millions d'euros pour 2012-2013. Dans un communiqué rendu public à la fin de sa visite dans le pays le mois dernier, Catherine Ashton, la haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères, s'est répandue en louanges pour le gouvernement. Pour certains bailleurs de fonds, le financement de vingt ans de lutte politique hors du pays est un échec. Certaines ONG ont donc réorienté leurs priorités à l'intérieur du pays. Pendant ce temps, des milliers d'enfants résidant en Thaïlande attendent de savoir s'ils pourront reprendre le chemin de l'école dans quelques semaines. "Je suis triste quand des travailleurs immigrés me demandent s'ils pourront ou non envoyer leurs enfants à l'école, explique Hla Tun Nandar. Je souhaiterais lancer un appel à toutes les personnes concernées : ne brisez pas les rêves de ces enfants qui désirent tant s'instruire."
source http://www.courrierinternational.com/article/2012/05/29/les-refugies-grands-perdants-de-l-ouverture
Le site de de l'ONG Mae Tao Clinic de Mae Sot, qui prodigue des soins médicaux à des milliers de réfugiés.
Quand elle a appris que les aides étrangères qui finançaient ses études se réduisaient comme peau de chagrin, Seng Jam Longzaw, 16 ans, une Birmane immigrée en Thaïlande, a vu son rêve de devenir infirmière s'envoler. Seng est inscrite au collège-lycée Chanapathum, dans la province de Chiang Mai [nord de la Thaïlande]. Les fonds qui lui permettent de poursuivre ses études proviennent du Shan Women's Action Network (Swan), une ONG birmane basée en Thaïlande qui prend en charge les frais de scolarité et de transport de milliers d'enfants vivant le long de la frontière. En raison de l'ouverture politique en cours au Myanmar [nom officiel de la Birmanie], les organisations comme Swan qui œuvrent le long de la frontière thaïlandaise peinent de plus en plus à joindre les deux bouts. Les bailleurs de fonds internationaux sont en effet désormais enclins à travailler directement dans le pays, auprès des autorités. Conséquence : ils revoient à la baisse leurs budgets alloués aux associations situées en Thaïlande. Swan a enregistré cette année une baisse de 80% des crédits nécessaires pour aider les élèves à entamer leur année scolaire ce mois-ci.
Trente-six ONG birmanes de Thaïlande ont écrit aux bailleurs de fonds étrangers pour les prier ne pas les oublier. Et ce ne sont pas seulement les projets éducatifs qui souffrent. La célèbre Mae Tao Clinic de Mae Sot, qui prodigue chaque année des soins médicaux à des milliers de réfugiés, n'a reçu que l'équivalent de la moitié de son budget annuel. Le Thai Burma Border Consortium, qui fournit des rations alimentaires et autres produits de première nécessité à 145 000 réfugiés, va lui aussi avoir du mal à maintenir ses programmes. "Désormais, les réfugiés ne reçoivent que 80 % du minimum requis en aliments et autres. Des coupes dans les salaires des enseignants ont déjà été effectuées, confie Sally Thompson, sa directrice adjointe. Du coup, il est désormais très difficile de trouver des enseignants car ils cherchent d'autres sources de revenus."
Seng a toujours fait preuve d'un grand enthousiasme à l'idée de faire des études, qu'elle considère comme la porte vers un avenir meilleur. "Quand j'étais petite et que je voyais des élèves en uniforme scolaire, je désirais être à leur place, confie-t-elle. Chaque fois que mes parents me forçaient à manquer l'école, je fondais en larmes. Si maintenant je suis privée de soutien, je vais devoir travailler pour essayer de payer mes études." Hla Tun Nandar, 33 ans, est directeur de l'école Wat Phra That et donne des cours bénévolement à la Wiang Wai School. Il sait combien la situation est difficile pour les élèves immigrés. "Les enfants ont soif d'apprendre. S'ils n'ont plus de soutien financier, leurs parents ne pourront pas prendre le relais. Leur avenir sera incertain. De mon côté, je fais mon possible pour qu'ils sachent au moins lire et écrire. Au moins ça leur servira à l'avenir."
Les Etats-Unis ont récemment assoupli leurs sanctions à l'encontre du Myanmar et annoncé qu'ils autoriseraient les transactions financières destinées à soutenir des projets humanitaires et de développement qui permettent aux ONG d'étendre leurs opérations [à l'intérieur du pays]. L'Australie a accru son aide à la Birmanie de 29,1 millions de dollars en 2009-2010 à 47,6 millions de dollars [de 23 à 37 millions d'euros]. L'Union européenne a quant à elle débloqué une enveloppe de 150 millions d'euros pour 2012-2013. Dans un communiqué rendu public à la fin de sa visite dans le pays le mois dernier, Catherine Ashton, la haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères, s'est répandue en louanges pour le gouvernement. Pour certains bailleurs de fonds, le financement de vingt ans de lutte politique hors du pays est un échec. Certaines ONG ont donc réorienté leurs priorités à l'intérieur du pays. Pendant ce temps, des milliers d'enfants résidant en Thaïlande attendent de savoir s'ils pourront reprendre le chemin de l'école dans quelques semaines. "Je suis triste quand des travailleurs immigrés me demandent s'ils pourront ou non envoyer leurs enfants à l'école, explique Hla Tun Nandar. Je souhaiterais lancer un appel à toutes les personnes concernées : ne brisez pas les rêves de ces enfants qui désirent tant s'instruire."
source http://www.courrierinternational.com/article/2012/05/29/les-refugies-grands-perdants-de-l-ouverture
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Re: Les réfugiés, grands perdants de l'ouverture
Since the KNU negotiated a ceasefire with the Burmese government, we have heard from foreign sources that refugees living in Thailand will be sent back to Myanmar...
But many have doubts, they are still afraid and say that it is not safe to return home.
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