Luc Besson tourne en Thaïlande un film sur l'opposante birmane Aung San Suu Kyi
l'esprit voyageur en asie du sud-est :: médiathèque sur l'asie du sud-est :: L'espace vidéos, cinémas, musiques
Page 1 sur 1
Luc Besson tourne en Thaïlande un film sur l'opposante birmane Aung San Suu Kyi
Le réalisateur et producteur français Luc Besson a tourné en Thaïlande des scènes d'un film sur l'opposante birmane Aung San Suu Kyi. Son rôle est interprété par la star hollywoodienne Michelle Yeoh, une ancienne James Bond girl qui est l'une des actrices les plus connues du continent asiatique. La comédienne a passé la journée au domicile d'Aung San Suu Kyi à Rangoon lundi. Cette dernière avait été libérée le 13 novembre après les 1ères élections tenues en Birmanie depuis 20 ans. Le tournage de "Dans la lumière" en Thaïlande a été approuvé il y a longtemps, indique le Bureau du cinéma.
http://www.tsr.ch/info/culture/2775717-luc-besson-tourne-en-thailande-un-film-sur-l-opposante-birmane-aung-san-suu-kyi-avec-michelle-yeoh.html
Le réalisateur et producteur français Luc Besson a tourné en Thaïlande des scènes d'un film sur l'opposante birmane Aung San Suu Kyi, interprétée par la star hollywoodienne Michelle Yeoh, ont indiqué aujourd'hui des professionnels thaïlandais du cinéma. La comédienne d'origine malaisienne et ex-James Bond girl, l'une des actrices les plus connues du continent asiatique, sera la tête d'affiche du film "Dans la lumière".
"C'est un film sur Aung San Suu Kyi. Nous l'avons approuvé il y a longtemps et ils ont tourné dans plusieurs sites" en Thaïlande, a indiqué Wannasiri Morakul, directeur du Bureau thaïlandais du cinéma, une agence gouvernementale en charge des films étrangers. Nyan Win, le porte-parole de Mme Suu Kyi, a de son côté indiqué que Michelle Yeoh avait passé "toute la journée au domicile" de Mme Suu Kyi, à Rangoun lundi.
La lauréate du prix Nobel de la paix, âgée de 65 ans, a passé près de 15 des 21 dernières années en résidence surveillée. Elle a été libérée le 13 novembre dernier, moins d'une semaine après les premières élections en 20 ans dans le pays. Les pays occidentaux et l'opposition ont unanimement condamné le scrutin, jugé outrageusement favorable à la junte militaire au pouvoir.
L'engagement politique de la dissidente lui a valu de sacrifier sa vie personnelle et familiale. Elle a eu deux enfants, Kim et Alexander, de son mariage en 1972 avec un universitaire britannique, Michael Aris. Revenue en Birmanie en 1988 au chevet de sa mère malade, elle n'en est jamais repartie et n'a pas assisté aux obsèques de son mari en Grande-Bretagne, en 1999. Elle n'a jamais vu ses petits-enfants et vient de passer 15 jours à Rangoun avec Kim, pour la première fois depuis une dizaine d'années.
AFP
http://www.tsr.ch/info/culture/2775717-luc-besson-tourne-en-thailande-un-film-sur-l-opposante-birmane-aung-san-suu-kyi-avec-michelle-yeoh.html
Le réalisateur et producteur français Luc Besson a tourné en Thaïlande des scènes d'un film sur l'opposante birmane Aung San Suu Kyi, interprétée par la star hollywoodienne Michelle Yeoh, ont indiqué aujourd'hui des professionnels thaïlandais du cinéma. La comédienne d'origine malaisienne et ex-James Bond girl, l'une des actrices les plus connues du continent asiatique, sera la tête d'affiche du film "Dans la lumière".
"C'est un film sur Aung San Suu Kyi. Nous l'avons approuvé il y a longtemps et ils ont tourné dans plusieurs sites" en Thaïlande, a indiqué Wannasiri Morakul, directeur du Bureau thaïlandais du cinéma, une agence gouvernementale en charge des films étrangers. Nyan Win, le porte-parole de Mme Suu Kyi, a de son côté indiqué que Michelle Yeoh avait passé "toute la journée au domicile" de Mme Suu Kyi, à Rangoun lundi.
La lauréate du prix Nobel de la paix, âgée de 65 ans, a passé près de 15 des 21 dernières années en résidence surveillée. Elle a été libérée le 13 novembre dernier, moins d'une semaine après les premières élections en 20 ans dans le pays. Les pays occidentaux et l'opposition ont unanimement condamné le scrutin, jugé outrageusement favorable à la junte militaire au pouvoir.
L'engagement politique de la dissidente lui a valu de sacrifier sa vie personnelle et familiale. Elle a eu deux enfants, Kim et Alexander, de son mariage en 1972 avec un universitaire britannique, Michael Aris. Revenue en Birmanie en 1988 au chevet de sa mère malade, elle n'en est jamais repartie et n'a pas assisté aux obsèques de son mari en Grande-Bretagne, en 1999. Elle n'a jamais vu ses petits-enfants et vient de passer 15 jours à Rangoun avec Kim, pour la première fois depuis une dizaine d'années.
AFP
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
Sur le tournage du nouveau film de Luc Besson sur Aung San Suu Kyi
Michelle Yeoh, très investie, dans le rôle d'Aun Sann Suu Kyi, a même rendu visite à The Lady.
Luc Besson met en scène The Lady, un film sur la vie d'Aung San Suu Kyi, avec Michelle Yeoh dans le rôle-titre. Transformé par l'aventure, il reçoit pour la première fois la presse sur un de ses plateaux. L'Express s'est rendu à Oxford, en Angleterre, sur un tournage secret mais actif.
Il y a quinze jours, personne n'en avait entendu parler. Aujourd'hui, c'est le film qui bruisse de toutes les rumeurs et l'un des plus attendus de l'année. L'affiche est en elle-même la promesse d'une aventure hors normes : Aung San Suu Kyi, Luc Besson, Michelle Yeoh. Un Prix Nobel de la paix longtemps assigné à résidence par la junte birmane, libéré le 13 novembre 2010 ; un réalisateur engagé... dans le divertissement ; une star du cinéma asiatique, mondialement connue depuis le succès de Tigre et dragon.
Après plusieurs semaines de tournage en Thaïlande dans le plus grand secret, l'équipe s'est envolée pour Oxford, en Angleterre, où se poursuivent les prises de vues. C'est là que L'Express a rencontré le cinéaste et sa comédienne. A film exceptionnel, communication exceptionnelle : c'est la première fois que l'auteur du Dernier Combat et de Jeanne d'Arc accueille la presse sur l'un de ses plateaux. D'habitude méfiant avec les journalistes, il est, cette fois, ouvert au dialogue. "Ce n'est pas qu'une affaire de cinéma, explique-t-il. La liberté de cette femme est fragile. Elle a besoin qu'on parle d'elle." Lui a été conquis par le projet. Galvanisé par l'incroyable destin d'Aung San Suu Kyi. "J'ai 50 ans, et je sais que je n'aurais pas su réaliser ce film à 25", avoue le réalisateur.
Avant de connaître la quiétude des bibliothèques oxfordiennes où il tourne aujourd'hui et, bientôt, l'ambiance moins cosy mais tout aussi tranquille des studios français de Bry-sur-Marne (Val-de-Marne), Luc Besson a commencé par travailler incognito en Birmanie. Pas d'autorisation, pas d'acteurs. "J'y suis allé cet été avec un visa que j'avais demandé il y a un an et muni d'une petite caméra numérique dont les images sont remarquables, confie le cinéaste. En bermuda et en tongs, j'ai pu mettre en boîte des plans sur lesquels on incrustera, en postproduction, les comédiens et des figurants."
Cet automne, il a tourné plus d'un mois en Thaïlande. Grosse équipe, figuration importante. Et, pourtant, pas un mot dans la presse ou sur Internet. "J'avais demandé à tout le monde de rester discret sur ce projet, afin que les dirigeants birmans n'en aient pas connaissance et ne fassent pas pression sur le gouvernement thaïlandais pour nous expulser." Tout le monde s'est donc passé le mot - si l'on peut dire, puisque, de mots, il n'y en eut point. "Chez nous, l'information serait sortie rapidement. En Orient, non. C'est une question de philosophie et de respect." Le film s'appelle alors Dans la lumière. Le vrai titre, The Lady, est tenu secret, car il aurait immédiatement alerté les autorités. "The Lady", c'est ainsi que les Asiatiques surnomment Ang Saun Suu Kyi.
"Tout le monde sait qui elle est, mais peu connaissent son histoire", lance Michelle Yeoh, qui l'interprète à l'écran. Plus impliquée qu'elle, on ne voit pas. Pendant des mois, elle lit et compulse tout ce qui a trait à la vie d'Ang Saun Suu Kyi, rencontre son fils cadet, perd 6 kilos, effraie son propre enfant lorsque, la nuit, en dormant, elle parle un sabir inconnu, comme possédée par un démon, alors qu'il s'agit du premier discours de son "personnage", qu'elle doit prononcer en birman devant des milliers de figurants. "J'ai travaillé tous les jours pendant six semaines pour l'apprendre par coeur», avoue-t-elle. Et quand The Lady, contre toute attente, est libérée il y a un mois, elle s'empresse d'aller la rencontrer, munie d'un passeport diplomatique malais. "On n'a pas parlé du film, se souvient, transfigurée, Michelle Yeoh. Mais de ce qui lui importe le plus : l'avenir."
A l'origine, le scénario de The Lady est signé Rebecca Haynes, l'épouse d'Andy Harries, qui produit le projet. En 2007, le couple l'envoie à Michelle Yeoh. Emballée, elle en parle à Luc Besson, très ami avec son mari, Jean Todt. "Nikita, Adèle Blanc-Sec, Leeloo, dans Le Cinquième Elément... Luc a toujours eu un penchant pour les personnages féminins très forts", explique l'actrice. Fidèle à son habitude, le réalisateur reprend néanmoins le script : "Une bonne trame mais trop basique, dit-il. Il n'y avait pas de méchant. On ne peut exposer la vision pacifiste du combat d'une femme sans montrer contre qui elle lutte." Le scénario fini, il se débrouille pour prévenir Aung San Suu Kyi. Pas facile. "Il fallait compter deux mois pour qu'elle reçoive une missive. Et autant pour obtenir une réponse." Elle demande à voir les films du metteur en scène. Qui s'empresse de lui en envoyer. Tous ? "Non", avoue-t-il en souriant, sans pour autant révéler les titres de sa sélection.
Le making-of du reportage
On a écrit tout mais pas n'importe quoi sur Aung San Suu Kyi. La preuve avec cette sélection de soixante deux articles (dont une bonne partie issus de L'Express) que je dévore dans l'Eurostar qui m'emmène à Londres. Pas question d'arriver sur le plateau de The Lady de Luc Besson, avec Michelle Yeoh dans la peau de l'opposante birmane, sans connaître les détails de la vie du prix Nobel 1991. "Celui qui ne pleure pas devra consulter" m'assurera plus tard le metteur en scène, à propos de son film. Ce ne sera pas difficile. La seule lecture du destin d'Aung San Suu Kyi me trouble la vue. Et me permettent de ne pas voir passer les 2h30 de trajet. Ce qui ne sera pas le cas de la correspondance Londres-Oxford. Outre le retard du gentil molosse chargé de nous conduire, une assistante maquilleuse de l'équipe et moi-même, sur le lieu du tournage, on n'échappe pas à un embouteillage monstrueux. La neige ? Que nenni. Les étudiants, très en colère depuis une semaine à cause d'une hausse massive des droits de scolarité. Les manifestations se multiplient, de plus en plus violentes nous apprend le chauffeur. Pourtant, pas de jeune énervé à l'horizon. "La circulation est bloquée plus haut" nous explique le chauffeur. On mettra 50 minutes pour sortir de la capitale... et autant pour parcourir les quelques 80 kilomètres qui la sépare d'Oxford. Où des nuées de jeunes pas énervés du tout arpentent les rues dans leur veste à écusson et tailleurs bleu marine impeccables. Avant d'être des cahiers à carreaux, Oxford est une ville universitaire. Et un lieu de tournage, donc.
Oxford, mi-décembre. Il bruine. Le soleil se couche vite. La lumière faiblit. Mais Luc Besson est serein. Assis au fond de son petit fauteuil installé dans un gigantesque bureau de l'Oxford Union Society, haut lieu de rencontres et de débats universitaires avec les grands de ce monde (de Winston Churchill à Mère Teresa), le réalisateur dirige David Thewlis. Le professeur lycanthrope de la saga Harry Potter incarne ici Michael Aris, le mari d'Aung San Suu Kyi, et est pour l'heure occupé avec un étudiant à constituer le dossier de candidature au Nobel. "Très bon ! lance le cinéaste. Une autre." Une autre prise, s'entend. La douzième.
Personne ne bronche. Tout le monde s'active. Avec le sourire. Au diapason avec un Luc Besson incroyablement disert, détendu. Ce qui ne nuit pas à son efficacité.
Pour une séquence de cocktail, toujours avec David Thewlis, il boucle 19 prises en moins de deux heures. Pourquoi tant ? Parce qu'il recherche le bon tempo dans le débit et dans le déplacement des comédiens. "J'ai passé l'âge où je me regardais tourner. Où j'étais complaisant dans les mouvements de caméra." Voilà que Luc Besson vire à l'autocritique ! Quid du grizzly grognon ? Là, il file derrière la caméra pour régler le cadre. Aussi rapidement que s'il nouait ses lacets. Le bonhomme connaît son métier. Et l'aime. Avec The Lady, il tord définitivement le cou à sa promesse de ne réaliser que dix films. "Je ne sais pas combien de temps cela va durer, mais j'ai repris du plaisir", dit-il. L'influence d'Aung San Suu Kyi a des bienfaits collatéraux inattendus.
source http://www.lexpress.fr/culture/cinema/exclu-sur-le-tournage-du-nouveau-film-de-luc-besson-sur-aung-san-suu-kyi_946289.html
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
Re: Luc Besson tourne en Thaïlande un film sur l'opposante birmane Aung San Suu Kyi
Quatre plans. Le trailer de The Lady de Luc Besson ne comporte que quatre plans. Deux beaux paysages birman, un travelling sur des militaires et la montée triomphale sur scène d'Aung San Suu Kyi. Quatre plans et 51 secondes. Dans ce contexte, difficile d'émettre un avis sur cette bande-annonce. Difficile surtout de savoir comment Besson va s'acquitter d'un biopic aussi sensible. The Lady racontera l'histoire d'Aung San Suu Kyi, symbole de la lutte pour la démocratie en Birmanie. Le prix de ses convictions et de son combat ? Plus de sept ans consécutifs en résidence surveillée et un prix Nobel de la paix en 91. Besson se focalisera sur son parcours hors-norme et plus particulièrement sur l'histoire d'amour entre la passionaria birmane et son premier mari, Michael Aris (joué par David Thewlis - étrangement absent de cette vidéo)
Après sa trilogie d'animation Arthur, et entre ses productions d'action calibrée, on imaginait mal le mogul français s'emparer d'un tel sujet. C'est oublier qu'il n'y a pas si longtemps, le cinéaste Besson signait les portraits de femmes obsessionnelles, fascinantes et suicidaires (Jeanne D'Arc, Nikita ou Leeloo...) pas si éloignée que ça de la trajectoire de la Lady de Rangoon. Illustrateur doué (ça se voit dans ces quatre plans), Besson a peut-être trouvé un sujet à sa démesure. C'est en tout cas ce que les premiers échos du tournage voulaient nous faire croire (un tournage semi-clandestin, une empathie totale pour son sujet - "Celui qui ne pleure pas devra consulter" expliquait ainsi Besson au journaliste de l'Express) et ce que la bande-annonce jouant sur l'icônisation du personnage (la musique et cette montée triomphale vers le peuple) accentuent. A part ça ? A part ça, dans le rôle titre Michelle Yeoh paraît impressionnante...
Mais il ne s'agit que de quatre plans. Et on attend surtout que quelqu'un parle...
Le film sortira le 30 novembre en France et certains sites américains évoquent déjà le potentiel oscarisable de ce biopic
source http://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Video/VIDEO-Premier-teaser-pour-la-Lady-de-Besson-2887718
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
Re: Luc Besson tourne en Thaïlande un film sur l'opposante birmane Aung San Suu Kyi
Dans « The Lady », le réalisateur retrace la vie et les combats d’Aung San Suu Kyi, l’opposante birmane Prix Nobel de la paix. En exclusivité, il nous présente ce film événement, qui sortira en France le 30 novembre.
Un entretien avec Romain Clergeat - Paris Match
Paris Match. Nikita, Jeanne d’Arc, Adèle Blanc-Sec, maintenant Aung San Suu Kyi, qu’est-ce qui vous fascine tant dans les destins de femmes ?
Luc Besson. Un homme héros, dans un certain sens, c’est banal. Il est toujours plus intéressant de raconter l’histoire hors norme d’un personnage du sexe dit faible. Aung San Suu Kyi fait 60 kilos, elle est toute seule et tient tête à 280 000 militaires birmans. Ça m’impressionne davantage que les douze travaux d’Hercule.
Pourquoi avez-vous choisi de réaliser ce film sans être à l’origine ni de l’idée ni du scénario, ce qui est rare chez vous ?
J’ai eu une réaction spontanée à la lecture du script : j’ai pleuré comme une madeleine. L’histoire est bouleversante tout simplement. Et j’ai aussi découvert son mari. Un aussi beau personnage qu’Aung San Suu Kyi. Leur relation, c’est la plus belle histoire que j’ai lue depuis “Roméo et Juliette”.
“The Lady” est d’ailleurs davantage une histoire d’amour qu’un film politique, non ?
Absolument. Le combat contre la junte est une toile de fond. C’est l’histoire intime de cette femme qui me plaisait. En décidant de rester en Birmanie alors que rien ne l’y oblige, elle poursuit la relation avec son père, mort quand elle avait 2 ans. Elle ne l’a donc pas connu. Poursuivre son combat, c’est faire vivre en elle, revivre son père, me semble-t-il.
Le monde l’a découverte militante obstinée mais, dans la réalité, elle n’a pas du tout choisi ce combat.
Quand elle part pour la Birmanie, elle a plus de 40 ans. Elle a deux enfants, habite Oxford depuis quinze ans et ne retourne dans son pays qu’à de très rares occasions. Sa vie était faite. En 1988, son pays sombre dans la violence et la dictature. Quand elle voit les émeutes sanglantes cette année-là, quelque chose de très profond remonte en elle à la surface.
«AUNG SAN SUU KYI EST LA FÉMINITÉ, LA
NON-VIOLENCE, LA CLASSE ABSOLUES !»
Pourquoi l’avez vous appelé “The Lady” ?
En Birmanie, il est interdit de prononcer son nom. On dit “la Dame du lac”, “la Dame de Rangoon”, “la Dame” tout court mais on ne dit pas Aung San Suu Kyi. Le titre s’imposait donc de lui-même. Et il lui colle tellement bien à la peau… Elle est la féminité, la non-violence, la résignation, l’opiniâtreté ; bref, la classe absolue.
Elle a été libérée pendant le tournage. Or, votre projet avait aussi quelque chose de militant contre son assignation à résidence. Cela vous a-t-il perturbé ?
J’étais un peu perdu. Elle venait de reprendre dix-huit mois d’assignation prétendument parce qu’un Américain avait traversé le lac devant chez elle. Cela faisait déjà quatorze ans qu’elle était enfermée. Je ne croyais donc pas à sa libération imminente… Or, l’une des motivations du film c’était de la remettre en lumière, en effet. Au moment de sa libération, j’ai eu un petit moment de flottement. Mais c’est vite passé car le film tient bien au-delà de ça. Et aussi parce qu’elle est libre “à la birmane”. Elle est fliquée en permanence, son parti a été dissous, elle n’a plus le droit de faire de politique.
Le plus incroyable c’est qu’elle a été libérée le jour où vous filmiez la scène de sa première libération !
C’est la pure vérité. Son fils était avec nous sur le tournage. Le matin, on tournait sa libération de 1995. Je filme donc Michelle Yeoh montant sur une petite estrade et saluant la foule. J’arrive à l’hôtel en Thaïlande à 20 heures, j’allume la télé et je vois passer cette scène en boucle ! Un moment, je pense que quelqu’un a volé des images sur le tournage et les a diffusées à la télé. Son fils me sort de ma rêverie en me passant le téléphone : “Elle veut vous parler.” Et là, ces premiers mots sont : “Merci. Vous vous occupez bien de mon fils.”
Avez-vous contacté Aung San Suu Kyi avant le montage ?
Quand on décide de monter le projet, elle est enfermée depuis onze ans. Elle ne peut voir personne hormis un vieil avocat une heure tous les quinze jours. Elle a sa petite gouvernante, et c’est tout. C’est sa maison, mais c’est une prison. Je voulais néanmoins qu’elle sache qu’on allait faire un film sur elle. Cette simple information a mis trois mois à lui parvenir. Et autant pour recevoir sa réponse…
Elle a demandé à voir vos réalisations ?
Elle n’avait pas vu “Nikita” à Rangoon… Je lui ai donc envoyé “Jeanne d’Arc”, “Le cinquième élément”, “Le grand bleu”, “Angel-A” et un “Arthur”.
«MON FILM NE SERA PAS DIFFUSÉ CHEZ ELLE. MAIS
J’ESPÈRE QU’IL SERA PIRATÉ PAR TOUS LES BIRMANS»
Vous êtes-vous posé la question du tort que le film pourrait lui causer ?
J’avais ce souci au début, oui. Mais elle n’a peur de rien et est très intelligente. Et c’est elle qui a réglé le problème : elle n’a pas lu le script et ne veut pas voir le film. Donc, sa défense est simple : “Il existe un film sur moi auquel je n’ai pas participé donc vous ne pouvez m’accuser de quoi que ce soit.” “The Lady” ne sera pas diffusé là-bas mais j’espère bien qu’il sera piraté par tous les Birmans.
Dans la réalité, son fils lui a reproché de ne pas venir au chevet de son mari mourant. Pourquoi avoir atténué cette scène ?
J’ai fait un film sur une personne vivante que je ne pouvais pas rencontrer. Il y avait donc une certaine réserve à observer. La limite entre la réalité et le voyeurisme est très ténue. J’ai essayé de mettre le curseur au bon endroit. Sans trop entrer dans son intimité.
Vous avez récemment passé trois jours avec Aung San Suu Kyi à Rangoon, que vous a-t-elle demandé en premier ?
Elle ne pose aucune question sur le film. Je lui en ai parlé quand même… J’ai raconté quelques anecdotes comme la scène où elle a failli se faire tuer par les militaires. C’était très compliqué car je ne disposais d’aucune image. Je me suis excusé de m’être forcément éloigné de la réalité mais ça l’a fait sourire.
Quand on rencontre des personnages capables de tels sacrifices, on s’interroge sur soi-même, non ?
Mon éducation et ma vie n’étant pas les mêmes, je n’aurais pas pu sacrifier mes enfants pour mon pays comme elle. Mais, dans des circonstances pareilles, je serais capable de me lever pour mon pays, oui. En tout cas, je ne serais pas le dernier.
Qu’espérez-vous que ce film aura comme influence pour elle ?
Aujourd’hui, en Birmanie, vous pouvez aller en prison pour quatre ans parce que vous avez le “Time” avec vous. Il y a 2 100 prisonniers politiques. Si le film peut servir à rappeler que c’est un pays de fou vis-à-vis duquel les démocraties s’honoreraient à être sans indulgence, ce serait déjà bien.
http://www.parismatch.com/Culture-Match/Cinema/Actu/The-Lady-de-Luc-Besson-grandeur-Dame-329737/
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
Re: Luc Besson tourne en Thaïlande un film sur l'opposante birmane Aung San Suu Kyi
The Lady : Besson donne sa bénédiction quant au piratage du film en Birmanie.
A Toronto, la compagnie Cohen Media Group a signé pour distribuer le film de Luc Besson, the Lady, aux Etats-Unis et ce, avant la fin de l'année, dans le but de placer le film dans la course aux Oscars.
L'idée est loin d'être ridicule car Michelle Yeoh et David Thewlis, les deux acteurs principaux, sont très respectés et parce que biopic et/ou histoire de premier plan est un cocktail souvent gagnant dans la course au graal hollywoodien.
The Lady relate la vie de la Birmane Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix en 1991 et symbole de la résistance démocratique à la dictature militaire sévissant dans son pays depuis 1988.
Il est clair en tout cas, que Luc Besson, avec ce film, attire à nouveau notre attention, ce qui n'a plus été le cas depuis bien bien longtemps...
Les déclarations qu'il a faites à Toronto et ses postures en général tendent vers un sentimentalisme cucul qui peut souvent paraître artificiel. Cependant, malgré les choix très mercantiles qu'il fait avec sa société Europacorp, Luc Besson a également du coeur et vrai un goût pour la liberté et les grandes figures féminines. En outre le teaser du film, paru il y a quelques semaines, a quelque peu accéléré notre palpitant. Espérons cependant qu'il ne joue pas tout le film sur cette seule scène (le discours le plus important de Aung San Suu Kyi).
Pour étayer notre propos selon lequel luc Besson sait quand même bien mixer sentimentalisme et sens du business, voici ce qu'il déclare au sujet du film : "J'espère que le film sera piraté en Birmanie" (petite phrase qui pourrait bien finir en accroche sur les affiches!)
Et voici les explications de Luc Besson à ce sujet : "Il est important pour moi que les gens voient le film, c'est la seule réussite qui a de la valeur à mes yeux. La seconde ce serait qu'après avoir vu le film, les gens rentrent chez eux et se renseigne sur Aung San Suu Kyi. Je pense qu'elle verra le film et c'est le bon côté du piratage. J'espère sincèrement que le film sera piraté en Birmanie. En fait, je leur donne ma bénédiction pour le faire car ils n'ont le droit à rien, et c'est le seul moyen pour eux de voir le film, alors pour moi, c'est ok."
Contre le gouvernement birman, Besson a tout de même tourné une partie du film sur place car il était important pour lui de faire le portrait, au moins partiellement, de la 'vraie Birmanie'.
“Nous sommes dans l'ère Internet et il y a cette scène où Michelle (Aung San Suu Kyi) délivre un discours très important. Il y avait 3000 figurants, j'ai pris mon mégaphone et je leur ai expliqué que l'on aurait des problèmes si quelqu'un apprenait quelque chose sur le film. Nous avons faussé le scénario pour pouvoir tourné et je leur ai demandé s'ils pouvaient garder tout cela pour eux, ne pas prendre de photo et surtout ne rien poster sur Internet. Normalement ça ne fonctionne jamais. Mais vous savez il n'y a rien eu sur Internet, rien. Ils ont compris que c'était important et ont respecté ma demande. En France, votre propre frère aurait mis ça sur Internet."
A mes yeux c'est exactement le type d'illustration de ce que je nomme 'posture' de la part de Besson, on se sait jamais à quel point il est authentique, cependant, on sent une véritable passion pour ce projet :
“L'histoire résonne vraiment en moi . Nous vivons dans une société de libertés et nous l'oublions. Son combat c'est véritablement celui de la liberté. Des forces militaires, 200 000 hommes ont combattu cette seule femme, de 55 kilos, dont les seules armes sont les mots. Et pourtant, ils avaient peur d'elle tandis qu'elle n'avait peur de personne . cette force ne pouvait lui venir que d'une seule chose, l'amour. Elle n'aurait jamais pu mener ce combat sans sa famille. En général, c'est l'homme qui part à l'aventure pendant que la femme lui prodigue soins et amour. Ici c'est tout à fait le contraire et cela m'a énormément touché. j'ai eu envie d'être cet homme qui lui donne tout son amour et qui la laisse faire, qui lui donne la force de faire. On se sent petit face à cette histoire et on veut grandir. C'est pour cela que j'ai voulu conter ce récit."
Malgré la passion et les acteurs, il se pourrait pourtant que The Lady ne se départisse pas de l'ensemble des réalisations de Besson. Les premiers retours sur le film ne sont pas très positifs :
"Les dialogues sont plats, l'interprétation bancale et ... le rendu du contexte politique frôle la caricature." Guardian
“Le film, monté avec brio, est beaucoup trop long et le tout est indigeste notamment parce que les protagonistes sont, la plupart du temps, assignés à résidence .” Variety
“Le film, beaucoup trop long, fait son chemin sur plusieurs décennies d'une histoire récente par le biais d'une approche simpliste qui nous évoque les mini-séries de la vieille école ou encore les conférences que l'on pouvait voir à l'école primaire." The Hollywood Reporter
Ouille!
http://www.cinemovies.fr/news_fiche.php?IDtitreactu=14329
A Toronto, la compagnie Cohen Media Group a signé pour distribuer le film de Luc Besson, the Lady, aux Etats-Unis et ce, avant la fin de l'année, dans le but de placer le film dans la course aux Oscars.
L'idée est loin d'être ridicule car Michelle Yeoh et David Thewlis, les deux acteurs principaux, sont très respectés et parce que biopic et/ou histoire de premier plan est un cocktail souvent gagnant dans la course au graal hollywoodien.
The Lady relate la vie de la Birmane Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix en 1991 et symbole de la résistance démocratique à la dictature militaire sévissant dans son pays depuis 1988.
Il est clair en tout cas, que Luc Besson, avec ce film, attire à nouveau notre attention, ce qui n'a plus été le cas depuis bien bien longtemps...
Les déclarations qu'il a faites à Toronto et ses postures en général tendent vers un sentimentalisme cucul qui peut souvent paraître artificiel. Cependant, malgré les choix très mercantiles qu'il fait avec sa société Europacorp, Luc Besson a également du coeur et vrai un goût pour la liberté et les grandes figures féminines. En outre le teaser du film, paru il y a quelques semaines, a quelque peu accéléré notre palpitant. Espérons cependant qu'il ne joue pas tout le film sur cette seule scène (le discours le plus important de Aung San Suu Kyi).
Pour étayer notre propos selon lequel luc Besson sait quand même bien mixer sentimentalisme et sens du business, voici ce qu'il déclare au sujet du film : "J'espère que le film sera piraté en Birmanie" (petite phrase qui pourrait bien finir en accroche sur les affiches!)
Et voici les explications de Luc Besson à ce sujet : "Il est important pour moi que les gens voient le film, c'est la seule réussite qui a de la valeur à mes yeux. La seconde ce serait qu'après avoir vu le film, les gens rentrent chez eux et se renseigne sur Aung San Suu Kyi. Je pense qu'elle verra le film et c'est le bon côté du piratage. J'espère sincèrement que le film sera piraté en Birmanie. En fait, je leur donne ma bénédiction pour le faire car ils n'ont le droit à rien, et c'est le seul moyen pour eux de voir le film, alors pour moi, c'est ok."
Contre le gouvernement birman, Besson a tout de même tourné une partie du film sur place car il était important pour lui de faire le portrait, au moins partiellement, de la 'vraie Birmanie'.
“Nous sommes dans l'ère Internet et il y a cette scène où Michelle (Aung San Suu Kyi) délivre un discours très important. Il y avait 3000 figurants, j'ai pris mon mégaphone et je leur ai expliqué que l'on aurait des problèmes si quelqu'un apprenait quelque chose sur le film. Nous avons faussé le scénario pour pouvoir tourné et je leur ai demandé s'ils pouvaient garder tout cela pour eux, ne pas prendre de photo et surtout ne rien poster sur Internet. Normalement ça ne fonctionne jamais. Mais vous savez il n'y a rien eu sur Internet, rien. Ils ont compris que c'était important et ont respecté ma demande. En France, votre propre frère aurait mis ça sur Internet."
A mes yeux c'est exactement le type d'illustration de ce que je nomme 'posture' de la part de Besson, on se sait jamais à quel point il est authentique, cependant, on sent une véritable passion pour ce projet :
“L'histoire résonne vraiment en moi . Nous vivons dans une société de libertés et nous l'oublions. Son combat c'est véritablement celui de la liberté. Des forces militaires, 200 000 hommes ont combattu cette seule femme, de 55 kilos, dont les seules armes sont les mots. Et pourtant, ils avaient peur d'elle tandis qu'elle n'avait peur de personne . cette force ne pouvait lui venir que d'une seule chose, l'amour. Elle n'aurait jamais pu mener ce combat sans sa famille. En général, c'est l'homme qui part à l'aventure pendant que la femme lui prodigue soins et amour. Ici c'est tout à fait le contraire et cela m'a énormément touché. j'ai eu envie d'être cet homme qui lui donne tout son amour et qui la laisse faire, qui lui donne la force de faire. On se sent petit face à cette histoire et on veut grandir. C'est pour cela que j'ai voulu conter ce récit."
Malgré la passion et les acteurs, il se pourrait pourtant que The Lady ne se départisse pas de l'ensemble des réalisations de Besson. Les premiers retours sur le film ne sont pas très positifs :
"Les dialogues sont plats, l'interprétation bancale et ... le rendu du contexte politique frôle la caricature." Guardian
“Le film, monté avec brio, est beaucoup trop long et le tout est indigeste notamment parce que les protagonistes sont, la plupart du temps, assignés à résidence .” Variety
“Le film, beaucoup trop long, fait son chemin sur plusieurs décennies d'une histoire récente par le biais d'une approche simpliste qui nous évoque les mini-séries de la vieille école ou encore les conférences que l'on pouvait voir à l'école primaire." The Hollywood Reporter
Ouille!
http://www.cinemovies.fr/news_fiche.php?IDtitreactu=14329
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
Re: Luc Besson tourne en Thaïlande un film sur l'opposante birmane Aung San Suu Kyi
Interview d'Aung San Suu Kyi (extrait)
Que pensez-vous du long-métrage que le cinéaste Luc Besson vous a consacré?
Je n'en sais rien. Je n'en ai pas vu le moindre extrait. J'ai rencontré le réalisateur brièvement, mais nous n'avons pas évoqué son film, car le scénario n'était pas terminé.
Que ressentez-vous à l'idée qu'un film vous soit consacré?
Dans un sens, j'ai l'impression que cela n'a rien à voir avec moi. C'est un film, conçu par quelqu'un - un homme, une société -, dont je suis censée être le sujet principal. Je me sens un peu détachée du projet.
la suite ici http://www.asie-forum-voyage.com/t260p135-je-mexcuse-de-vous-donner-plus-de-travail-assk#16064
Que pensez-vous du long-métrage que le cinéaste Luc Besson vous a consacré?
Je n'en sais rien. Je n'en ai pas vu le moindre extrait. J'ai rencontré le réalisateur brièvement, mais nous n'avons pas évoqué son film, car le scénario n'était pas terminé.
Que ressentez-vous à l'idée qu'un film vous soit consacré?
Dans un sens, j'ai l'impression que cela n'a rien à voir avec moi. C'est un film, conçu par quelqu'un - un homme, une société -, dont je suis censée être le sujet principal. Je me sens un peu détachée du projet.
la suite ici http://www.asie-forum-voyage.com/t260p135-je-mexcuse-de-vous-donner-plus-de-travail-assk#16064
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
A eviter ?
Le film a beau durer 2h30, ne vous attendez pas à ce qu'il vous éclaire de quelque façon que ce soit sur la situation historique et politique de la Birmanie. Luc Besson, qui s'en étonnera, présente les choses à sa manière, opposant des militaires très très très méchants qui tuent les honnêtes citoyens avec d'effroyables rictus sadiques (autant pour les motivations idéologiques et stratégiques de la clique), aux honnêtes citoyens, tous très très gentils et toujours d'accord entre eux, qui se battent pour la sainte liberté. Irréprochablement imitée par la Malaisienne Michelle Yeoh, qui a appris le Birman pour l'occasion, Aung San Suu Kyi est avant tout une femme nous dit ce film qui gravite autour de sa relation à son mari, à ses enfants, et accompagne chacune de ses victoires politiques par une sirupeuse musique de mélo (signée de l'increvable Eric Serra, toujours dans la place). Fiction du pouvoir, recyclage du dogme libéral, The Lady ne raconte rien d'autre que le glorieux et stérile combat pour la liberté. Exactement comme le faisait Burma VJ, un film danois de Anders Østergaard réalisé à partir d'images filmées dans les rues de Rangoon en 2007 pendant la révolte des moines bouddhistes et diffusé par HBO, qu'avait présenté Pierre-Oscar Levy dans le cadre de son atelier lussassien "Le Cabinet amateur".
O surprise, à la fin de son film, Besson aussi reprend certaines de ces images, qui lui donnent l'occasion de remercier au générique les vidéastes amateurs qui ont filmé au péril de leur vie. Et d'ajouter un petit supplément d'âme a ce blockbuster programmé, qui en manque cruellement.
source http://cinema.blog.lemonde.fr/2011/09/19/luc-besson-the-lady-et-les-images-amateur/
O surprise, à la fin de son film, Besson aussi reprend certaines de ces images, qui lui donnent l'occasion de remercier au générique les vidéastes amateurs qui ont filmé au péril de leur vie. Et d'ajouter un petit supplément d'âme a ce blockbuster programmé, qui en manque cruellement.
source http://cinema.blog.lemonde.fr/2011/09/19/luc-besson-the-lady-et-les-images-amateur/
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
Re: Luc Besson tourne en Thaïlande un film sur l'opposante birmane Aung San Suu Kyi
La nouvelle bande annonce
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
Entretien avec Luc Besson
Entretien avec Luc Besson
Comment êtes-vous arrivé sur le projet de The Lady?
Michelle est venue me voir un jour pour me demander de l’aider. Elle avait un scénario formidable sur Aung San Suu Kyi et cherchait un producteur, en me disant que si j'étais libre pour le réaliser, ce serait formidable. J'ai commencé par lui dire que je n'étais pas disponible. Puis j'ai lu le script qui m’a bouleversé ! J'ai été très ému par l'histoire de cette femme dont je me suis rendu compte que je ne connaissais presque rien, si ce n'est la partie émergée de l'iceberg dont parlent les journaux. J'ai tout de suite dit à Michelle que je voulais soutenir le projet et que si elle ne trouvait pas de metteur en scène, je me portais candidat. Elle était ravie. Virginie a lu à son tour et a été très emballée. Michelle nous a ensuite présentés au producteur anglais Andy Harries qui avait développé le scénario avec sa société Left Bank Pictures, et on s'est embarqué dans l'aventure.
Comment vous êtes-vous approprié le scénario ?
Le script était très bien écrit, même s'il était un peu trop documentaire par moments. On l'a donc retravaillé pendant plusieurs mois pour lui donner un côté plus ample et plus "cinématographique". Je voulais trouver le bon équilibre entre l'histoire du combat politique de cette femme pour la démocratie et la part de fiction et de rêve qu'incarne son parcours. Pour crédibiliser et rendre plus passionnante encore son histoire, il me manquait aussi la présence d'un "méchant". Il fallait donc qu'on montre les généraux et la junte birmane qui tiennent le pays d'une main de fer depuis 60 ans, et qu'on observe les rapports entre Suu Kyi et les militaires.
Sachant que vous ne pouviez pas rencontrer Aung San Suu Kyi en personne, quelles libertés avez-vous prises ?
C'est toujours frustrant de raconter l'histoire de quelqu'un de vivant qu'on ne peut pas rencontrer : on a peur de trahir la vérité ou, au contraire, de trop l'accentuer. D'autant que personne n'est en mesure de vous guider : on s'est donc plongé dans les trois ou quatre livres qui lui ont été consacrés, ce qui nous a permis de mieux comprendre son incroyable destin. L’histoire et le destin de Aung San Suu Kyi remontant à son père, le général Aung San : il a été le grand instigateur de la révolution en Birmanie qui a libéré le pays dans les années 40. Mais il a été assassiné avec ses ministres quand elle avait 2 ans. Lorsque Suu Kyi a repris le flambeau de la révolution trente ans plus tard, elle a immédiatement bénéficié de l'aura de son père. Comme le personnage du Choix de Sophie, qui a dû choisir entre ses deux enfants pendant la guerre, Suu Kyi a dû choisir entre son pays et sa famille. Au-delà de la part historique, ce sont des proches qui nous ont aidés et qui nous ont parlé d’elle avec une infinie pudeur : ils nous ont guidés sur ce qui était plausible ou pas. Et puis, il y a eu aussi beaucoup de recherches et de documentation sur des personnes de son entourage, comme l'écrivain U Win Tin, qui a été emprisonné pendant 25 ans, ou encore Zargana, l'unique acteur comique de Birmanie qui a écopé de 45 ans de prison pour avoir ironisé sur les militaires lors de ses spectacles.
Qu'en était-il des généraux ?
C'était encore pire puisqu'on n'a presque aucune photo d'eux et qu'il n'existe aucun livre sur eux. Nous nous sommes servis des rapports extrêmement documentés d'Amnesty International sur ces centaines de milliers de Birmans emprisonnés, puis libérés au bout de plusieurs années, et qui ont pu raconter leur histoire, leur calvaire et la manière dont les militaires les traitaient. Mais je tiens à préciser que le film est très édulcoré concernant les généraux, car je pense que certaines histoires qu'on a entendues sont d'une telle monstruosité qu'elles en auraient perdu toute crédibilité.
D'entrée de jeu, vous saviez que Michelle Yeoh allait incarner Aung San Suu Kyi avec une telle force ?
Avant même le tournage, quand on voit à quel point Michelle est habitée par le personnage, on sait qu'elle va faire un travail exceptionnel. Elle était possédée par le rôle. Et non seulement Michelle a l'âge du personnage au moment des faits qu'on relate, mais elle lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Quand elle arrivait le matin sur le plateau, il y avait un silence de mort parmi les deux cents Birmans autour d'elle qui se demandaient si c'était elle ou pas. Pour s'approprier le rôle, Michelle avait environ 200 heures de rushes de Suu Kyi à sa disposition qui lui ont permis d'acquérir la gestuelle et l'accent de son modèle. Et quand j'ai rencontré Suu Kyi six mois plus tard, j'ai eu l'impression d'avoir Michelle en face de moi avec vingt ans de plus.
Elle a même dû apprendre le birman pour les besoins du film...
Le birman est sûrement la langue la plus difficile à apprendre qui soit. Au départ, je pensais que le fait qu'elle parle plusieurs langues, comme le mandarin et le malaisien, pourrait l'aider, mais elle m'a expliqué que ce n'était pas du tout le cas et que les consonances étaient très différentes. Elle a passé six mois à apprendre tous ses textes en birman. Elle avait notamment l'original du discours de Shwedagon, ce qui lui a permis de comprendre les intentions de Suu Kyi. Elle s'est beaucoup exercée et il est parfois difficile de distinguer la comédienne de la véritable Suu Kyi. Je lui tire vraiment mon chapeau pour cette scène du discours particulièrement difficile : elle s'est montrée d'une grande exigence avec elle-même car elle tenait à parler un birman impeccable qui donne le sentiment d'être sa langue maternelle.
David Thewlis, dans un étonnant double rôle, est aussi crédible en Michael Aris qu'en Anthony.
Il fait partie de cette école d'acteurs anglais magnifiques, entraînés au théâtre. Il m'a dit qu'il n'avait pas pleuré comme ça en lisant un script depuis longtemps. À partir du moment où il a donné son accord, cela n'a été que du bonheur, de la bonne humeur, de l'amitié, et de la générosité. En plus, lui et Michelle s'entendaient très bien.
Et les enfants ?
J'ai vu pas mal d'enfants à Londres. Le premier critère était celui de la ressemblance. On a ensuite choisi les comédiens les plus motivés, qui avaient vraiment envie de faire le film.
Comment avez-vous reconstitué la maison de la protagoniste ?
Sa maison était un élément très important : il faut bien voir qu'elle y a passé 14 ans, coupée du monde, sans accès ni au téléphone, ni à la presse, ni à la télévision. Nous avons recherché de nombreuses photos de la maison, notamment pour les intérieurs, et on est même allé sur Google Earth pour en prendre les dimensions exactes. On a ensuite reconstruit la maison parfaitement à l'identique, au détail près : par exemple, le piano est de la même marque que celui de Suu Kyi et les cadres des photos de ses parents sont les mêmes. C'était très troublant pour certaines personnes, qui avaient eu l’occasion de se rendre dans sa maison auparavant et qui avaient l'impression d'entrer dans la vraie.
La scène de remise du Prix Nobel était-elle particulièrement complexe à tourner ?
Pour cette séquence, sans doute la plus forte du film, on disposait d'images réelles puisque la cérémonie a été filmée par plusieurs caméras du monde entier. C'était très intéressant pour les acteurs, et notamment David Thewlis et les enfants, car ils ont pu se nourrir de petits détails qui les ont guidés. En revanche, on n'avait pas d'images de Suu Kyi en train de suivre la cérémonie à la radio, et c'est donc la première fois qu'on verra ces deux moments concomitants : la remise du Nobel devant deux mille personnes et cette femme, seule, qui écoute chez elle sa petite radio.
La scène du barrage militaire s'inspire-t-elle entièrement de la réalité ?
Cette scène a vraiment eu lieu à Danubyu, à quelques centaines de kilomètres de Rangoon : Suu Kyi a franchi toute seule une barrière de militaires pour aller parler au capitaine en demandant à ses partisans de l'attendre. Les soldats n'ont pas osé lui tirer dessus. Mais au moment du tournage, elle était encore assignée à résidence, et on n'a donc pas pu lui demander comment cela s'était passé. Mon problème majeur, c'est l'absence de photo de Danubyu. On ne sait pas du tout à quoi cela ressemblait et j'aurais préféré m'appuyer sur des décors similaires. J'ai entendu des Birmans qui connaissaient quelqu'un qui s'y était rendu, mais je n'ai pas pu recueillir de témoignages directs de personnes qui se trouvaient à Danubyu au moment des faits : ils sont sans doute morts ou emprisonnés aujourd'hui. Cette scène reste donc du domaine de la fiction car je l'ai filmée telle que je pensais qu'elle s'était déroulée. Je n'ai pas fait du cinéma : Suu Kyi a vraiment traversé, seule, ce mur de militaires armés.
Le discours d'Aung San Suu Kyi à Shwedagon est bouleversant.
À côté de Michelle, sur le podium, il y avait une quinzaine de personnes du parti de Suu Kyi, le NLD (National League for Democracy) : un des figurants âgé d'une soixantaine d'années qui se tient près d'elle se tenait 20 ans plus tôt parmi la foule à Rangoon pour écouter son discours. Et il a passé sa journée à pleurer , car il se retrouvait sur ce podium à revivre la scène qui était d'une grande force émotionnelle pour lui. Une autre jeune actrice birmane, très douée, m'a raconté qu'elle était née le jour du discours. Ses parents se sont toujours un peu moqués d'elle, en lui disant que c'était à cause d'elle qu'ils n'avaient pas assisté au discours ! Bien entendu, il était inenvisageable de tourner en Birmanie... On savait qu’aucune autorisation de tournage ne nous serait accordée vu la nature de notre sujet (sur aucun autre sujet d’ailleurs !). On a donc essentiellement tourné nos quinze heures de rushes en Thaïlande non loin de la frontière birmane, dans un paysage qui ressemble vraiment à la Birmanie. En revanche, on a filmé sous tous les angles le temple de Shwedagon, qui se trouve en plein Rangoon, et on a par ailleurs filmé les acteurs sur des fonds verts qu’on a pu incruster ensuite devant le temple. On a aussi filmé en plein Rangoon (en caméra cachée) et cela donne le sentiment que le film se passe entièrement en Birmanie, même si au final, on n'y a tourné qu'une trentaine de plans.
Comment s'est déroulé le tournage en Thaïlande ?
C'était un vrai plaisir car, contrairement à ce qu'on pense en Europe, de nombreux films y sont tournés chaque année : les équipes sont très professionnelles, réactives et souriantes, et font un travail remarquable. Le plus compliqué – outre la chaleur et l'humidité souvent incommodantes – était surtout lié à la communication puisqu'on traduisait mes demandes en anglais, qui elles-mêmes étaient traduites en thaï puis pour les acteurs en birman. Mais la directrice de casting thaïlandaise a été formidable et j'avais un très bon premier assistant, qui avait un excellent sens de l'organisation. J'ai donc pu aller à mon rythme, avec des journées intenses, et des temps de pause réduits. Je pense que cette énergie bénéficie à la fois au film et aux acteurs.
Comment s'est passée votre collaboration avec le compositeur Eric Serra ?
J'ai rencontré Eric à 17 ans, et il a fait la musique de mon premier court métrage. J'ai donc un rapport très amical et affectueux avec lui, même si son rythme de travail est à l'opposé du mien : j'aime bien tout prévoir et tout préparer à l'avance, alors que lui préfère réfléchir, observer, et prendre son temps. Et quand il n'a plus que onze semaines pour faire son travail – ce qui est impossible ! –, il panique, il ne mange plus, il ne respire plus, il travaille. Il n'arrive à créer que sous une pression extrême. C'est très douloureux pour lui. Quand il a fini, il dort pendant vingt jours. Cela fait sûrement partie de son talent : il a besoin de cette pression car il vit avec sa musique.
La libération d'Aung San Suu Kyi en novembre 2010 a dû être un choc.
On n'y croyait plus car elle avait été enfermée pendant plus de dix ans consécutifs. D'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles on a fait le film : on voulait dire qu'on n'oubliait pas cette femme, ni son combat. Elle a finalement été libérée au moment où on était en plein tournage en Thaïlande, alors que sa libération aurait dû intervenir beaucoup plus tôt. On a d'abord été très heureux, puis déstabilisés, car on faisait ce film pour contribuer à sa libération – et on apprenait qu'elle était libérée avant la fin du tournage. Ce matin de novembre 2010, j'ai tourné sa première libération en 1995 : elle franchit un portail en bois, puis monte un escalier et salue la foule qui l'attend. Le soir, en rentrant à l'hôtel, on a allumé la télé et on a vu le même portail et Suu Kyi, habillée quasiment de la même façon, avec les mêmes fleurs dans les cheveux, qui monte et fait les mêmes gestes...
Quel a été votre sentiment à ce moment-là ?
On a eu l'impression que quelqu'un nous avait volé les images tournées le matin même. Pendant un court instant, je me suis demandé ce qui se passait et si cela avait du sens de faire le film. Mais on a très vite compris les restrictions qui entouraient la libération de Suu Kyi : elle n’était en réalité pas plus libre que lorsqu'elle était assignée à résidence. Si elle quitte son pays, elle ne pourra plus y revenir. Son parti politique n'a plus d’existence officielle. Elle n'a plus le droit de s'exprimer, ni d'organiser des réunions. Ses libertés fondamentales sont donc bafouées, même si elle est libérée. De ce fait, le film garde tout son sens. Suu Kyi nous a communiqué cette phrase par voie de presse :"Usez de votre liberté pour promouvoir la nôtre". C'est un appel qu'elle a lancé à tous les artistes.
Pensez-vous que le film puisse contribuer à éveiller les consciences ?
Au-delà de la Birmanie et de l'histoire de cette femme, ce qui m'intéresse avec ce film, c'est la résonance qu'il peut avoir dans tous les pays démocratiques : cela nous fait prendre conscience de la liberté dont on jouit en France – où on ne va pas en prison pour avoir lu un journal –, tout en nous montrant à quel point la démocratie est fragile. En Birmanie, la majorité des sièges du Parlement sont réservés à des militaires : on n'est déjà plus dans une démocratie. De plus, 95% des 50% restants sont occupés par d'anciens militaires : il s'agit d'une bouffonnerie et d'un pays qui tente de s'acheter une image de démocratie pour pouvoir faire du commerce et du tourisme. Il y a vingt ans, un vote clair s'est exprimé : le parti de Suu Kyi, le NLD, a obtenu 392 sièges, et les militaires en ont eu 7, mais les résultats de l'élection n'ont jamais été respectés. On a donc le devoir de surveiller nos démocraties et de rester vigilant au respect des libertés d'expression, des droits de l'homme et de la constitution.
Comment s'est passée votre rencontre avec Aung San Suu Kyi ?
Tout d'abord, avant même de la rencontrer, je tenais à ce qu'elle soit au courant du projet : on a réussi à lui transmettre le message au bout de trois mois d'efforts. Quand j'ai fini par la rencontrer en personne, j'ai eu l'impression d'avoir Gandhi en face de moi. On se sent tout petit et bête devant cette femme dont il émane une bonté, une gentillesse et une simplicité extraordinaires. Elle n'a peur de rien, et pas même 60 ans de prison ne changeraient quoi que ce soit pour elle. Ce qui l'intéresse, c'est que son peuple puisse disposer des richesses de son pays en toute liberté. Elle ne veut rien en retirer pour elle personnellement. C'est une leçon d'humilité : après l'avoir rencontrée on n'ose plus se plaindre pendant les cinq ans qui suivent ! On a envie de ne s'intéresser qu'à elle et elle ne vous parle que de vous. Elle est curieuse et n'a même pas envie de faire un livre sur sa vie. C'est une personne admirable.
Un tournage riche en émotions
De la Birmanie à la Thaïlande
Bien entendu, il était inenvisageable de tourner un film sur Aung San Suu Kyi sur les lieux mêmes de l'action : la Thaïlande allait donc utilement servir de cadre à la Birmanie. Comme l'explique Virginie Besson-Silla, "la géographie des deux pays est très similaire et beaucoup de tournages se déroulent en Thaïlande. Il y avait donc à peu près tous les techniciens et les infrastructures sur place dont nous avions besoin, sans avoir à les amener de France." Mieux encore, la Thaïlande compte une importante communauté birmane qui a permis à la production de recruter plusieurs seconds rôles et figurants. Mais il semblait d'abord nécessaire à Luc Besson et à sa productrice de se rendre en Birmanie car, comme l'explique cette dernière, "cela aurait été hallucinant de notre part de raconter des choses sur un pays sans y avoir été." Une expérience irremplaçable pour comprendre la culture birmane : "Même si on n'y a pas passé autant de temps qu'on l'aurait voulu, on a eu le temps de ressentir l'énergie, les odeurs, les bruits, les comportements humains, le climat particulier," poursuit-elle. "On s'est attardé à Rangoon, à sillonner les marchés, le port, la pagode de Shwedagon, à comprendre le rythme de vie des gens. Luc en a même profité pour tourner quelques images qu'on retrouvera dans le film. On a découvert un pays extraordinaire, différent de tous les endroits que j'ai pu visiter, et préservé des influences occidentales et de toute forme de modernisme. Bien évidemment, on a essayé de s'approcher de la maison d'Aung San Suu Kyi, mais c'était impossible."
Bien que le tournage se soit déroulé en Thaïlande, la discrétion la plus absolue s'imposait sur la nature du film. "On nous avait prévenus qu'on risquait de se faire expulser du pays si on ne restait pas discret car les autorités craignaient des perturbations," reprend Virginie Besson-Silla. "Par chance, notre décor principal était la maison où résidait notre protagoniste. On a donc construit une maison dans un lieu fermé et privé, ce qui nous a donné une totale liberté. En revanche, dès qu'on sortait dans la rue ou dans des lieux publics, on devait faire attention. Non seulement l'ensemble de l'équipe l'a compris et a joué le jeu, mais les habitants n'ont jamais témoigné de curiosité mal placée : personne n'a sorti son portable pour nous photographier ou nous filmer, ni poster quoi que ce soit sur le net."
Des Moments Intenses
L'équipe technique et les acteurs gardent un souvenir intense d'un tournage hors normes qui les a conduits de la Thaïlande à Oxford, en Angleterre, puis à Paris pendant trois mois et demi. La séquence du discours d'Aung San Suu Kyi à Shwedagon, qui a mobilisé 2000 figurants, a beaucoup marqué les esprits. "On a tous ressenti un sentiment d'exaltation hallucinant en voyant Michelle, entourée de milliers de gens, qui s'exprimait au nom du peuple," se souvient Jonathan Woodhouse. "Cela allait bien au-delà du travail d'acteur." Jonathan Raggett acquiesce : "Il y a eu des moments où on oubliait que c'était un film. Comme la scène où Suu Kyi est assignée à résidence : on s'est serré les uns contre les autres, comme une vraie famille, et j'aurais pu croire alors que Michelle était vraiment ma mère. J'ai même eu un peu peur car les comédiens qui jouaient les soldats étaient franchement agressifs et se sont révélés très convaincants..." Pour Jonathan Woodhouse, la scène du discours du Prix Nobel était la plus difficile. "On l'a tournée vers la fin et cela faisait des mois que je l'appréhendais," dit-il. "C'était un moment très intimidant pour moi et j'avais une grosse pression sur les épaules, malgré les mots de réconfort de David Thewlis. J'avais étudié le texte du discours à fond et quand je me suis retrouvé devant des centaines de figurants, j'ai tout à coup eu l'impression que je m'adressais réellement à eux. Je le devais au vrai Alex, à Suu Kyi et à sa famille." David Thewlis évoque, quant à lui, ses rapports avec Michelle Yeoh et les deux jeunes acteurs qui campent leurs fils. "Michelle est drôle et intelligente et c'est une comédienne extrêmement douée. Difficile de ne pas nouer des liens très forts avec une femme aussi adorable qu'elle. Quant aux deux Jonathan, ils me faisaient constamment rire sur le plateau en racontant des blagues irrésistibles, si bien qu'on n'a eu aucun mal à nouer des liens très forts, comme si on était une vraie famille."
Une Libération très attendue
Alors que Luc Besson est en plein tournage de The Lady, l'équipe apprend la libération d'Aung San Suu Kyi, le 13 novembre 2010, après plusieurs années de résidence surveillée. L'émotion est à son comble. "Même si la date était prévue depuis longtemps, jusqu'au dernier moment – jusqu'à ce qu'on le voie de nos propres yeux –, on n'y croyait pas," raconte Virginie Besson-Silla. "Et puis, on a vu en direct, à la télévision, les militaires lever le barrage qui bouclait la rue où elle habitait et on s'est dit, 'ça y est, ils la libèrent !' C'était incroyable de vivre ce moment parce que, le matin même nous tournions la scène de sa précédente libération, en 1995. Tout à coup, la réalité rejoignait la fiction : Suu Kyi s'est dirigée vers son portail de son pas décidé, comme si rien n'avait changé, et elle a remis des fleurs dans ses cheveux et je me suis souvenue qu'on avait filmé Michelle, la veille, exactement dans la même posture, en train de mettre des fleurs dans ses cheveux, tandis que la foule l'attendait devant son portail." Michelle Yeoh acquiesce : "Je crois que je n'oublierai jamais l'expression sur le visage de Luc [Besson]. L'émotion nous a tous submergés à ce moment-là." David Thewlis ajoute : "C'est l'un des jours les plus mémorables de ma vie. Nous étions avec Kim, le fils cadet de Suu Kyi, qui tout à coup pouvait librement téléphoner à sa mère. J'avais l'impression de voir l'Histoire en marche."
d'autres infos sur le film http://www.commeaucinema.com/notes-de-prod/the-lady,196148-note-92406
Comment êtes-vous arrivé sur le projet de The Lady?
Michelle est venue me voir un jour pour me demander de l’aider. Elle avait un scénario formidable sur Aung San Suu Kyi et cherchait un producteur, en me disant que si j'étais libre pour le réaliser, ce serait formidable. J'ai commencé par lui dire que je n'étais pas disponible. Puis j'ai lu le script qui m’a bouleversé ! J'ai été très ému par l'histoire de cette femme dont je me suis rendu compte que je ne connaissais presque rien, si ce n'est la partie émergée de l'iceberg dont parlent les journaux. J'ai tout de suite dit à Michelle que je voulais soutenir le projet et que si elle ne trouvait pas de metteur en scène, je me portais candidat. Elle était ravie. Virginie a lu à son tour et a été très emballée. Michelle nous a ensuite présentés au producteur anglais Andy Harries qui avait développé le scénario avec sa société Left Bank Pictures, et on s'est embarqué dans l'aventure.
Comment vous êtes-vous approprié le scénario ?
Le script était très bien écrit, même s'il était un peu trop documentaire par moments. On l'a donc retravaillé pendant plusieurs mois pour lui donner un côté plus ample et plus "cinématographique". Je voulais trouver le bon équilibre entre l'histoire du combat politique de cette femme pour la démocratie et la part de fiction et de rêve qu'incarne son parcours. Pour crédibiliser et rendre plus passionnante encore son histoire, il me manquait aussi la présence d'un "méchant". Il fallait donc qu'on montre les généraux et la junte birmane qui tiennent le pays d'une main de fer depuis 60 ans, et qu'on observe les rapports entre Suu Kyi et les militaires.
Sachant que vous ne pouviez pas rencontrer Aung San Suu Kyi en personne, quelles libertés avez-vous prises ?
C'est toujours frustrant de raconter l'histoire de quelqu'un de vivant qu'on ne peut pas rencontrer : on a peur de trahir la vérité ou, au contraire, de trop l'accentuer. D'autant que personne n'est en mesure de vous guider : on s'est donc plongé dans les trois ou quatre livres qui lui ont été consacrés, ce qui nous a permis de mieux comprendre son incroyable destin. L’histoire et le destin de Aung San Suu Kyi remontant à son père, le général Aung San : il a été le grand instigateur de la révolution en Birmanie qui a libéré le pays dans les années 40. Mais il a été assassiné avec ses ministres quand elle avait 2 ans. Lorsque Suu Kyi a repris le flambeau de la révolution trente ans plus tard, elle a immédiatement bénéficié de l'aura de son père. Comme le personnage du Choix de Sophie, qui a dû choisir entre ses deux enfants pendant la guerre, Suu Kyi a dû choisir entre son pays et sa famille. Au-delà de la part historique, ce sont des proches qui nous ont aidés et qui nous ont parlé d’elle avec une infinie pudeur : ils nous ont guidés sur ce qui était plausible ou pas. Et puis, il y a eu aussi beaucoup de recherches et de documentation sur des personnes de son entourage, comme l'écrivain U Win Tin, qui a été emprisonné pendant 25 ans, ou encore Zargana, l'unique acteur comique de Birmanie qui a écopé de 45 ans de prison pour avoir ironisé sur les militaires lors de ses spectacles.
Qu'en était-il des généraux ?
C'était encore pire puisqu'on n'a presque aucune photo d'eux et qu'il n'existe aucun livre sur eux. Nous nous sommes servis des rapports extrêmement documentés d'Amnesty International sur ces centaines de milliers de Birmans emprisonnés, puis libérés au bout de plusieurs années, et qui ont pu raconter leur histoire, leur calvaire et la manière dont les militaires les traitaient. Mais je tiens à préciser que le film est très édulcoré concernant les généraux, car je pense que certaines histoires qu'on a entendues sont d'une telle monstruosité qu'elles en auraient perdu toute crédibilité.
D'entrée de jeu, vous saviez que Michelle Yeoh allait incarner Aung San Suu Kyi avec une telle force ?
Avant même le tournage, quand on voit à quel point Michelle est habitée par le personnage, on sait qu'elle va faire un travail exceptionnel. Elle était possédée par le rôle. Et non seulement Michelle a l'âge du personnage au moment des faits qu'on relate, mais elle lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Quand elle arrivait le matin sur le plateau, il y avait un silence de mort parmi les deux cents Birmans autour d'elle qui se demandaient si c'était elle ou pas. Pour s'approprier le rôle, Michelle avait environ 200 heures de rushes de Suu Kyi à sa disposition qui lui ont permis d'acquérir la gestuelle et l'accent de son modèle. Et quand j'ai rencontré Suu Kyi six mois plus tard, j'ai eu l'impression d'avoir Michelle en face de moi avec vingt ans de plus.
Elle a même dû apprendre le birman pour les besoins du film...
Le birman est sûrement la langue la plus difficile à apprendre qui soit. Au départ, je pensais que le fait qu'elle parle plusieurs langues, comme le mandarin et le malaisien, pourrait l'aider, mais elle m'a expliqué que ce n'était pas du tout le cas et que les consonances étaient très différentes. Elle a passé six mois à apprendre tous ses textes en birman. Elle avait notamment l'original du discours de Shwedagon, ce qui lui a permis de comprendre les intentions de Suu Kyi. Elle s'est beaucoup exercée et il est parfois difficile de distinguer la comédienne de la véritable Suu Kyi. Je lui tire vraiment mon chapeau pour cette scène du discours particulièrement difficile : elle s'est montrée d'une grande exigence avec elle-même car elle tenait à parler un birman impeccable qui donne le sentiment d'être sa langue maternelle.
David Thewlis, dans un étonnant double rôle, est aussi crédible en Michael Aris qu'en Anthony.
Il fait partie de cette école d'acteurs anglais magnifiques, entraînés au théâtre. Il m'a dit qu'il n'avait pas pleuré comme ça en lisant un script depuis longtemps. À partir du moment où il a donné son accord, cela n'a été que du bonheur, de la bonne humeur, de l'amitié, et de la générosité. En plus, lui et Michelle s'entendaient très bien.
Et les enfants ?
J'ai vu pas mal d'enfants à Londres. Le premier critère était celui de la ressemblance. On a ensuite choisi les comédiens les plus motivés, qui avaient vraiment envie de faire le film.
Comment avez-vous reconstitué la maison de la protagoniste ?
Sa maison était un élément très important : il faut bien voir qu'elle y a passé 14 ans, coupée du monde, sans accès ni au téléphone, ni à la presse, ni à la télévision. Nous avons recherché de nombreuses photos de la maison, notamment pour les intérieurs, et on est même allé sur Google Earth pour en prendre les dimensions exactes. On a ensuite reconstruit la maison parfaitement à l'identique, au détail près : par exemple, le piano est de la même marque que celui de Suu Kyi et les cadres des photos de ses parents sont les mêmes. C'était très troublant pour certaines personnes, qui avaient eu l’occasion de se rendre dans sa maison auparavant et qui avaient l'impression d'entrer dans la vraie.
La scène de remise du Prix Nobel était-elle particulièrement complexe à tourner ?
Pour cette séquence, sans doute la plus forte du film, on disposait d'images réelles puisque la cérémonie a été filmée par plusieurs caméras du monde entier. C'était très intéressant pour les acteurs, et notamment David Thewlis et les enfants, car ils ont pu se nourrir de petits détails qui les ont guidés. En revanche, on n'avait pas d'images de Suu Kyi en train de suivre la cérémonie à la radio, et c'est donc la première fois qu'on verra ces deux moments concomitants : la remise du Nobel devant deux mille personnes et cette femme, seule, qui écoute chez elle sa petite radio.
La scène du barrage militaire s'inspire-t-elle entièrement de la réalité ?
Cette scène a vraiment eu lieu à Danubyu, à quelques centaines de kilomètres de Rangoon : Suu Kyi a franchi toute seule une barrière de militaires pour aller parler au capitaine en demandant à ses partisans de l'attendre. Les soldats n'ont pas osé lui tirer dessus. Mais au moment du tournage, elle était encore assignée à résidence, et on n'a donc pas pu lui demander comment cela s'était passé. Mon problème majeur, c'est l'absence de photo de Danubyu. On ne sait pas du tout à quoi cela ressemblait et j'aurais préféré m'appuyer sur des décors similaires. J'ai entendu des Birmans qui connaissaient quelqu'un qui s'y était rendu, mais je n'ai pas pu recueillir de témoignages directs de personnes qui se trouvaient à Danubyu au moment des faits : ils sont sans doute morts ou emprisonnés aujourd'hui. Cette scène reste donc du domaine de la fiction car je l'ai filmée telle que je pensais qu'elle s'était déroulée. Je n'ai pas fait du cinéma : Suu Kyi a vraiment traversé, seule, ce mur de militaires armés.
Le discours d'Aung San Suu Kyi à Shwedagon est bouleversant.
À côté de Michelle, sur le podium, il y avait une quinzaine de personnes du parti de Suu Kyi, le NLD (National League for Democracy) : un des figurants âgé d'une soixantaine d'années qui se tient près d'elle se tenait 20 ans plus tôt parmi la foule à Rangoon pour écouter son discours. Et il a passé sa journée à pleurer , car il se retrouvait sur ce podium à revivre la scène qui était d'une grande force émotionnelle pour lui. Une autre jeune actrice birmane, très douée, m'a raconté qu'elle était née le jour du discours. Ses parents se sont toujours un peu moqués d'elle, en lui disant que c'était à cause d'elle qu'ils n'avaient pas assisté au discours ! Bien entendu, il était inenvisageable de tourner en Birmanie... On savait qu’aucune autorisation de tournage ne nous serait accordée vu la nature de notre sujet (sur aucun autre sujet d’ailleurs !). On a donc essentiellement tourné nos quinze heures de rushes en Thaïlande non loin de la frontière birmane, dans un paysage qui ressemble vraiment à la Birmanie. En revanche, on a filmé sous tous les angles le temple de Shwedagon, qui se trouve en plein Rangoon, et on a par ailleurs filmé les acteurs sur des fonds verts qu’on a pu incruster ensuite devant le temple. On a aussi filmé en plein Rangoon (en caméra cachée) et cela donne le sentiment que le film se passe entièrement en Birmanie, même si au final, on n'y a tourné qu'une trentaine de plans.
Comment s'est déroulé le tournage en Thaïlande ?
C'était un vrai plaisir car, contrairement à ce qu'on pense en Europe, de nombreux films y sont tournés chaque année : les équipes sont très professionnelles, réactives et souriantes, et font un travail remarquable. Le plus compliqué – outre la chaleur et l'humidité souvent incommodantes – était surtout lié à la communication puisqu'on traduisait mes demandes en anglais, qui elles-mêmes étaient traduites en thaï puis pour les acteurs en birman. Mais la directrice de casting thaïlandaise a été formidable et j'avais un très bon premier assistant, qui avait un excellent sens de l'organisation. J'ai donc pu aller à mon rythme, avec des journées intenses, et des temps de pause réduits. Je pense que cette énergie bénéficie à la fois au film et aux acteurs.
Comment s'est passée votre collaboration avec le compositeur Eric Serra ?
J'ai rencontré Eric à 17 ans, et il a fait la musique de mon premier court métrage. J'ai donc un rapport très amical et affectueux avec lui, même si son rythme de travail est à l'opposé du mien : j'aime bien tout prévoir et tout préparer à l'avance, alors que lui préfère réfléchir, observer, et prendre son temps. Et quand il n'a plus que onze semaines pour faire son travail – ce qui est impossible ! –, il panique, il ne mange plus, il ne respire plus, il travaille. Il n'arrive à créer que sous une pression extrême. C'est très douloureux pour lui. Quand il a fini, il dort pendant vingt jours. Cela fait sûrement partie de son talent : il a besoin de cette pression car il vit avec sa musique.
La libération d'Aung San Suu Kyi en novembre 2010 a dû être un choc.
On n'y croyait plus car elle avait été enfermée pendant plus de dix ans consécutifs. D'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles on a fait le film : on voulait dire qu'on n'oubliait pas cette femme, ni son combat. Elle a finalement été libérée au moment où on était en plein tournage en Thaïlande, alors que sa libération aurait dû intervenir beaucoup plus tôt. On a d'abord été très heureux, puis déstabilisés, car on faisait ce film pour contribuer à sa libération – et on apprenait qu'elle était libérée avant la fin du tournage. Ce matin de novembre 2010, j'ai tourné sa première libération en 1995 : elle franchit un portail en bois, puis monte un escalier et salue la foule qui l'attend. Le soir, en rentrant à l'hôtel, on a allumé la télé et on a vu le même portail et Suu Kyi, habillée quasiment de la même façon, avec les mêmes fleurs dans les cheveux, qui monte et fait les mêmes gestes...
Quel a été votre sentiment à ce moment-là ?
On a eu l'impression que quelqu'un nous avait volé les images tournées le matin même. Pendant un court instant, je me suis demandé ce qui se passait et si cela avait du sens de faire le film. Mais on a très vite compris les restrictions qui entouraient la libération de Suu Kyi : elle n’était en réalité pas plus libre que lorsqu'elle était assignée à résidence. Si elle quitte son pays, elle ne pourra plus y revenir. Son parti politique n'a plus d’existence officielle. Elle n'a plus le droit de s'exprimer, ni d'organiser des réunions. Ses libertés fondamentales sont donc bafouées, même si elle est libérée. De ce fait, le film garde tout son sens. Suu Kyi nous a communiqué cette phrase par voie de presse :"Usez de votre liberté pour promouvoir la nôtre". C'est un appel qu'elle a lancé à tous les artistes.
Pensez-vous que le film puisse contribuer à éveiller les consciences ?
Au-delà de la Birmanie et de l'histoire de cette femme, ce qui m'intéresse avec ce film, c'est la résonance qu'il peut avoir dans tous les pays démocratiques : cela nous fait prendre conscience de la liberté dont on jouit en France – où on ne va pas en prison pour avoir lu un journal –, tout en nous montrant à quel point la démocratie est fragile. En Birmanie, la majorité des sièges du Parlement sont réservés à des militaires : on n'est déjà plus dans une démocratie. De plus, 95% des 50% restants sont occupés par d'anciens militaires : il s'agit d'une bouffonnerie et d'un pays qui tente de s'acheter une image de démocratie pour pouvoir faire du commerce et du tourisme. Il y a vingt ans, un vote clair s'est exprimé : le parti de Suu Kyi, le NLD, a obtenu 392 sièges, et les militaires en ont eu 7, mais les résultats de l'élection n'ont jamais été respectés. On a donc le devoir de surveiller nos démocraties et de rester vigilant au respect des libertés d'expression, des droits de l'homme et de la constitution.
Comment s'est passée votre rencontre avec Aung San Suu Kyi ?
Tout d'abord, avant même de la rencontrer, je tenais à ce qu'elle soit au courant du projet : on a réussi à lui transmettre le message au bout de trois mois d'efforts. Quand j'ai fini par la rencontrer en personne, j'ai eu l'impression d'avoir Gandhi en face de moi. On se sent tout petit et bête devant cette femme dont il émane une bonté, une gentillesse et une simplicité extraordinaires. Elle n'a peur de rien, et pas même 60 ans de prison ne changeraient quoi que ce soit pour elle. Ce qui l'intéresse, c'est que son peuple puisse disposer des richesses de son pays en toute liberté. Elle ne veut rien en retirer pour elle personnellement. C'est une leçon d'humilité : après l'avoir rencontrée on n'ose plus se plaindre pendant les cinq ans qui suivent ! On a envie de ne s'intéresser qu'à elle et elle ne vous parle que de vous. Elle est curieuse et n'a même pas envie de faire un livre sur sa vie. C'est une personne admirable.
Un tournage riche en émotions
De la Birmanie à la Thaïlande
Bien entendu, il était inenvisageable de tourner un film sur Aung San Suu Kyi sur les lieux mêmes de l'action : la Thaïlande allait donc utilement servir de cadre à la Birmanie. Comme l'explique Virginie Besson-Silla, "la géographie des deux pays est très similaire et beaucoup de tournages se déroulent en Thaïlande. Il y avait donc à peu près tous les techniciens et les infrastructures sur place dont nous avions besoin, sans avoir à les amener de France." Mieux encore, la Thaïlande compte une importante communauté birmane qui a permis à la production de recruter plusieurs seconds rôles et figurants. Mais il semblait d'abord nécessaire à Luc Besson et à sa productrice de se rendre en Birmanie car, comme l'explique cette dernière, "cela aurait été hallucinant de notre part de raconter des choses sur un pays sans y avoir été." Une expérience irremplaçable pour comprendre la culture birmane : "Même si on n'y a pas passé autant de temps qu'on l'aurait voulu, on a eu le temps de ressentir l'énergie, les odeurs, les bruits, les comportements humains, le climat particulier," poursuit-elle. "On s'est attardé à Rangoon, à sillonner les marchés, le port, la pagode de Shwedagon, à comprendre le rythme de vie des gens. Luc en a même profité pour tourner quelques images qu'on retrouvera dans le film. On a découvert un pays extraordinaire, différent de tous les endroits que j'ai pu visiter, et préservé des influences occidentales et de toute forme de modernisme. Bien évidemment, on a essayé de s'approcher de la maison d'Aung San Suu Kyi, mais c'était impossible."
Bien que le tournage se soit déroulé en Thaïlande, la discrétion la plus absolue s'imposait sur la nature du film. "On nous avait prévenus qu'on risquait de se faire expulser du pays si on ne restait pas discret car les autorités craignaient des perturbations," reprend Virginie Besson-Silla. "Par chance, notre décor principal était la maison où résidait notre protagoniste. On a donc construit une maison dans un lieu fermé et privé, ce qui nous a donné une totale liberté. En revanche, dès qu'on sortait dans la rue ou dans des lieux publics, on devait faire attention. Non seulement l'ensemble de l'équipe l'a compris et a joué le jeu, mais les habitants n'ont jamais témoigné de curiosité mal placée : personne n'a sorti son portable pour nous photographier ou nous filmer, ni poster quoi que ce soit sur le net."
Des Moments Intenses
L'équipe technique et les acteurs gardent un souvenir intense d'un tournage hors normes qui les a conduits de la Thaïlande à Oxford, en Angleterre, puis à Paris pendant trois mois et demi. La séquence du discours d'Aung San Suu Kyi à Shwedagon, qui a mobilisé 2000 figurants, a beaucoup marqué les esprits. "On a tous ressenti un sentiment d'exaltation hallucinant en voyant Michelle, entourée de milliers de gens, qui s'exprimait au nom du peuple," se souvient Jonathan Woodhouse. "Cela allait bien au-delà du travail d'acteur." Jonathan Raggett acquiesce : "Il y a eu des moments où on oubliait que c'était un film. Comme la scène où Suu Kyi est assignée à résidence : on s'est serré les uns contre les autres, comme une vraie famille, et j'aurais pu croire alors que Michelle était vraiment ma mère. J'ai même eu un peu peur car les comédiens qui jouaient les soldats étaient franchement agressifs et se sont révélés très convaincants..." Pour Jonathan Woodhouse, la scène du discours du Prix Nobel était la plus difficile. "On l'a tournée vers la fin et cela faisait des mois que je l'appréhendais," dit-il. "C'était un moment très intimidant pour moi et j'avais une grosse pression sur les épaules, malgré les mots de réconfort de David Thewlis. J'avais étudié le texte du discours à fond et quand je me suis retrouvé devant des centaines de figurants, j'ai tout à coup eu l'impression que je m'adressais réellement à eux. Je le devais au vrai Alex, à Suu Kyi et à sa famille." David Thewlis évoque, quant à lui, ses rapports avec Michelle Yeoh et les deux jeunes acteurs qui campent leurs fils. "Michelle est drôle et intelligente et c'est une comédienne extrêmement douée. Difficile de ne pas nouer des liens très forts avec une femme aussi adorable qu'elle. Quant aux deux Jonathan, ils me faisaient constamment rire sur le plateau en racontant des blagues irrésistibles, si bien qu'on n'a eu aucun mal à nouer des liens très forts, comme si on était une vraie famille."
Une Libération très attendue
Alors que Luc Besson est en plein tournage de The Lady, l'équipe apprend la libération d'Aung San Suu Kyi, le 13 novembre 2010, après plusieurs années de résidence surveillée. L'émotion est à son comble. "Même si la date était prévue depuis longtemps, jusqu'au dernier moment – jusqu'à ce qu'on le voie de nos propres yeux –, on n'y croyait pas," raconte Virginie Besson-Silla. "Et puis, on a vu en direct, à la télévision, les militaires lever le barrage qui bouclait la rue où elle habitait et on s'est dit, 'ça y est, ils la libèrent !' C'était incroyable de vivre ce moment parce que, le matin même nous tournions la scène de sa précédente libération, en 1995. Tout à coup, la réalité rejoignait la fiction : Suu Kyi s'est dirigée vers son portail de son pas décidé, comme si rien n'avait changé, et elle a remis des fleurs dans ses cheveux et je me suis souvenue qu'on avait filmé Michelle, la veille, exactement dans la même posture, en train de mettre des fleurs dans ses cheveux, tandis que la foule l'attendait devant son portail." Michelle Yeoh acquiesce : "Je crois que je n'oublierai jamais l'expression sur le visage de Luc [Besson]. L'émotion nous a tous submergés à ce moment-là." David Thewlis ajoute : "C'est l'un des jours les plus mémorables de ma vie. Nous étions avec Kim, le fils cadet de Suu Kyi, qui tout à coup pouvait librement téléphoner à sa mère. J'avais l'impression de voir l'Histoire en marche."
d'autres infos sur le film http://www.commeaucinema.com/notes-de-prod/the-lady,196148-note-92406
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
Re: Luc Besson tourne en Thaïlande un film sur l'opposante birmane Aung San Suu Kyi
A l’occasion de la sortie de The Lady, le prochain film de Luc Besson, la production a eu la bonne idée de faire un site participatif intelligent. Sorte de pétition numérique pour soutenir Aung San Suu Kyi dans son combat pour faire progresser la liberté d’expression et la liberté en Birmanie, ce mur de la liberté n’a besoin que d’une photo et un slogan pour s’enrichir alors pourquoi hésiter…
Source http://www.ricorizzo.com/2011/10/the-lady-un-site-militant/
Source http://www.ricorizzo.com/2011/10/the-lady-un-site-militant/
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
Re: Luc Besson tourne en Thaïlande un film sur l'opposante birmane Aung San Suu Kyi
Le 30 novembre sort le film évènement de Luc Besson consacré à l'icône de la liberté. Paris Match revient sur l'histoire de l'opposante la plus célèbre de Birmanie.
Les check points qui barraient l’entrée de la rue de l’Université ont disparu, mais les policiers en civil sont toujours là. Au numéro 54, ils surveillent encore la demeure de celle que le régime a emmurée dans le silence et la solitude pendant près de vingt ans. Aujourd’hui, il n’y a plus de prisonnière à Rangoon, mais en Birmanie, la liberté est toujours conditionnelle. « Les gens ne sont pas libres ici, parce que la loi n’y signifie rien », nous expliquait Aung San Suu Kyi lors de notre rencontre, en décembre 2010. Un mois plus tôt, le 13 novembre, les autorités mettaient fin à son assignation à résidence. Touchante d’humilité, elle ne se pose ni en égérie ni en martyre. « L’un des plus beaux moments de mon existence, durant mon arrestation, nous confiait-elle, fut de réaliser que je n’aurais pas voulu être quelqu’un d’autre. Pas parce que je me trouve merveilleuse, mais parce que chacun a ses propres problèmes. Comprendre cela m’a donné de la force. Je suis préparée à faire face. Quels que soient mes problèmes, je ne les fuis pas. Dans tous les cas, je n’estime pas que j’ai tant souffert. »
Une femme extraordinaire qui, jusqu’à ce que sa vie bascule, un soir de 1988, menait une vie ordinaire. C’était « un soir de calme comme tant d’autres à Oxford, le dernier jour du mois de mars, écrivait son époux, Michael Aris, en 1991*. Nos fils étaient au lit, nous étions en train de lire quand le téléphone a sonné. Suu a répondu. Sa mère avait eu une sévère attaque. Elle a posé le téléphone et commencé à faire ses bagages. J’ai eu une prémonition : celle que nos vies pourraient changer pour toujours. » Suu Kyi ne se doute pas qu’elle va être rattrapée par l’Histoire. Celle d’un pays quitté alors qu’elle n’avait que 15 ans, déjà marquée par la destinée. La petite fille a 2 ans à peine quand son père, le général Aung San, héros de l’indépendance, est assassiné. Treize ans plus tard, sa mère, diplomate, quitte la Birmanie et ce qu’elle charrie de drames pour l’Inde où elle devient ambassadrice. Suu Kyi est élève au prestigieux collège Lady Shri Ram de New Delhi avant d’être admise à St Hugh’s College, à Oxford, dont elle a gardé un accent british très prononcé et le langage châtié.
C’est là, à la faculté où elle étudie la philosophie, les sciences politiques et l’économie, qu’elle rencontre Michael Aris. Grand spécialiste du Tibet et de la culture himalayenne, Michael Aris vit alors entre la Grande-Bretagne et le Bhoutan où il poursuit ses recherches. C’est dans cette relation à distance d’abord épistolaire que leur amour s’éprouve et se construit. Ils se marient le 1er janvier 1972. Passent leur première année de vie commune au Bhoutan avant leur retour à Oxford. Lui devient chercheur et enseignant à St John’s College ainsi qu’à l’université où il enseigne. Elle étudie, écrit et travaille à la bibliothèque de la faculté, l’une des plus fameuses de Grande-Bretagne. Alexander, leur premier fils, naît en 1973. Kim, le second, en 1977. S’ils en sont loin, la Birmanie est toujours présente. Et Suu Kyi pressent déjà que ce pays, où elle n’a pas grandi, pourrait un jour la pousser à tout quitter : « Parfois, je suis assaillie par des peurs… Que les circonstances et considérations nationales puissent nous déchirer, nous mettre en pièces alors que nous sommes si heureux l’un avec l’autre, qu’une séparation serait un supplice », écrivait-elle dans l’une des lettres envoyées à Michael avant leur union.
C’est cette femme amoureuse, enseignante, chercheuse, mère de famille, qui débarque à Rangoon, un soir de mars 1988, pour y soigner sa maman mourante. Elle ne reverra plus l’Angleterre. La révolte étudiante réclame la fin de la dictature militaire. En Birmanie, la femme ordinaire n’existe plus : Suu Kyi y est Aung San Suu Kyi, la fille d’Aung San, le héros de l’indépendance, et les opposants au régime en font à la fois le leader de leur mouvement et leur icône. Propulsée en première ligne, Suu Kyi trouve la force et le courage d’endosser le rôle que l’on veut lui faire jouer, comme s’il la révélait à elle-même. La répression des manifestations est sanglante. Suu Kyi sait que si elle retourne en Grande-Bretagne, le régime ne la laissera jamais revenir. Elle sait aussi que face à la brutalité des autorités qui persécutent les familles d’opposants, son mari et ses fils doivent rester là-bas, faute de visa. Qu’elle ne peut leur imposer de vivre sous une dictature. Elle est engagée désormais dans un processus qui la dépasse, dans un combat qu’elle assume de porter et auquel elle va, dès lors, devoir tout sacrifier.
PEUT-ÊTRE, UN JOUR
DEVIENDRA-T-ELLE LE MANDELA DE LA BIRMANIE
Commence alors un long tunnel de solitude et d’oppression. Suu Kyi ne sera autorisée à quitter son domicile que deux fois, durant quelques semaines, en 1995 et 2002. Elle n’ira pas chercher son prix Nobel de la paix en 1991. Recluse entre les murs de cette bâtisse familiale du nord de Rangoon, où les journées s’étirent et se répètent, elle joue du piano, lit des ouvrages censurés. Pour faire de la monotonie une force, elle organise sa vie comme un métronome. « Je me levais tôt, vers 4 h 30, puis j’écoutais les programmes de la radio birmane, qui démarrent à 5 h 30, ainsi que ceux de Voice of America, Radio France international et Democratic Voice of Burma, nous avait-elle décrit. Cela m’occupait durant trois heures environ. Ensuite, je prenais un bain et je faisais mes prières avant le petit déjeuner. Je passais le reste de la journée à lire et à faire des petits travaux d’entretien dans ma maison qui est vieille. » Jusqu’en 1997, sa famille parvient à lui rendre visite selon le bon vouloir des autorités. Malgré le déchirement de voir cette vie commune détruite, Suu Kyi sait que c’est aussi parce qu’elle n’est pas seule qu’elle trouve la force de poursuivre cette lutte. L’amour et le soutien inconditionnels que lui manifeste Michael Aris, qui élève ses fils, apaisent son insoutenable solitude, soulagent la culpabilité qui aurait pu la faire renoncer. Mais en 1998, Michael apprend qu’il est victime d’un cancer de la prostate : son pronostic vital est engagé. S’engage le plus odieux chantage que la junte ait jamais imposé à celle qu’ils ont déjà privée de tout. Face aux demandes de visa répétées de Michael Aris, les militaires lui opposent un refus systématique. Si Aung San Suu Kyi veut soutenir son mari, elle doit aller en Grande-Bretagne, quitter la Birmanie. Elle ne cède pas. Jusqu’à l’ultime sacrifice : Michael meurt loin d’elle, en 1999 sans même l’avoir revue une dernière fois. Sur ces douleurs intimes, elle ne s’exprimera jamais.
Les généraux interrompent parfois son assignation à résidence par des peines d’emprisonnement. Son état de santé se dégrade. Le 22 septembre 2007, c’est une femme au charisme intact mais en larmes qui apparaît à la grille du 54 rue de l’Université, pour venir saluer les centaines de moines rassemblés devant chez elle et qui, à leur tour, exigent la démocratie. Encore une fois, ce mouvement sera réprimé par les armes. En 2010, Suu Kyi n’est pas candidate au simulacre d’élections organisé par la junte. Au cours de cette mascarade de démocratie, Than Shwe, alors âgé de 77 ans, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 1992, se retire au profit de Thein Sein, sorte de président fantoche, qui a troqué son uniforme militaire contre un costume pour mieux donner au pouvoir toutes les apparences d’un régime civil sans qu’il n’en soit rien. Dans la foulée, le 13 novembre 2010, l’assignation à résidence d’Aung San Suu Kyi est levée et ses fils, qu’elle n’a pas revus depuis dix ans, se voient délivrer un visa. L’un des deux se rend en Birmanie. « Avant, ma vie était si calme… nous disait-elle un mois plus tard. Maintenant, elle est chaotique ! C’est dur. Pas psychologiquement, bien sûr, mais physiquement. J’aimerais dormir une journée entière ! » Après tant de silence, de souffrances, d’isolement, ce brusque retour à la vie semblait l’éprouver autant que l’enchanter. Du monde moderne, elle découvrait subitement les changements, « surtout dans le domaine de l’information », constatait-elle, étonnée par la prolifération des téléphones portables et de l’Internet.
Pour la première fois, le 19 août dernier, Aung San Suu Kyi a pu se rendre à Nay Pyi Taw, la nouvelle capitale, où elle a rencontré le président Thein Sein. Un déplacement inimaginable il y a encore un an, quand prononcer son nom valait encore la détention. Suu Kyi ne quittera la Birmanie, cette prison à ciel ouvert, que lorsque les barreaux en seront tombés. Et peut-être ce jour-là, dans une communauté de destins avec Mandela, dirigera-t-elle cet Etat démocratique et libre pour lequel elle a déjà donné sa vie. « Il n’existe pas de recettes pour nous aider à survivre, déclarait-elle en 1998. Nous nous contentons de faire de notre mieux dans les limites de nos possibilités, en sachant pertinemment que le tissu de notre existence peut, à tout moment, sans crier gare, se voir transpercé par ce monstre aux mille tentacules qui, sous son masque de fer, se cache sous le nom “les autorités”. Au nom de quoi nous battons-nous sans répit ? Pour le droit d’être reconnus en tant qu’êtres humains dotés de dignité. »
* Dans un ouvrage intitulé « Freedom from Fear ».
http://www.parismatch.com/Culture-Match/Cinema/Actu/Aung-San-Suu-Kyi-The-Lady-345849/
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
Michelle Yeoh, "le modèle" de la paix
PORTRAIT - L'ex-James Bond girl s'est battue pendant quatre ans pour incarner à l'écran la vie de la Prix Nobel birmane Aung San Suu Kyi. Un saut dans la carrière de l'ancienne championne d'arts martiaux.
Vedette des superproductions asiatiques, "James Bond girl", compagne de Jean Todt, le patron de la Fédération internationale de l’automobile, 35 films au compteur… Michelle Yeoh n’en stresse pas moins, comme à ses débuts. "Pas évident de parler de soi. Faire un discours en public est encore pire. J’ai peur de me ridiculiser, d’avoir une absence. Les gens qui vous écoutent veulent être inspirés. Mais qui suis-je pour dire quelque chose qu’ils ne savent pas déjà?" Michelle Yeoh connaît pourtant son sujet sur le bout des doigts. Elle s’est battue pendant quatre ans pour ce projet d’adaptation de la vie de Aung San Suu Kyi. Aucun producteur avant Luc Besson ne voulait porter à l’écran l’incroyable destin de la figure de proue de la démocratie birmane. "Pourtant, The Lady est un film de superhéros, au moment où Hollywood ne jure que par des justiciers comme Spider-Man. Certains financiers ne savaient même pas où se situait la Birmanie…"
Michelle Yeoh a pris une année sabbatique pour effectuer la promotion de The Lady, et donc populariser le combat de la Prix Nobel de la Paix à travers le monde. La profession lui prédit un oscar. Elle ne prête pas attention à la rumeur. "Auparavant, je calais un tournage en fonction des trous dans mon emploi du temps. Désormais, j’ai compris ce qui avait du sens à mes yeux et j’ai d’autres priorités". Qui l’ont exhortée à repousser ses limites, au point de devenir le double parfait de son modèle. Elle était prête à tout pour y parvenir. Le résultat est stupéfiant. "Elle s’est littéralement imprégnée de Suu, si bien que je n’avais pas besoin de la guider, confie Luc Besson. Michelle est allée très loin dans sa préparation". Petit gabarit (1,63 mètre pour 45 kilos), elle a perdu 5 kilos, pris des leçons de piano et de birman. "Pas question de mémoriser mon texte phonétiquement, sans le comprendre".
Le malais, sa langue natale, l’anglais, le cantonais et le mandarin, qu’elle maîtrise, ne lui ont été d’aucune aide. Grâce à son exigence et à sa motivation, elle a réussi à s’exprimer le plus naturellement possible. "La première étape de mon engagement envers Suu. Il n’était pas question de calquer sa voix, ses manières, ses postures. Mais de voir à travers ses yeux, comprendre où elle puisait cette sagesse, cette force intérieure et cette dévotion. Son charisme est saisissant. Lorsque Suu entre dans une pièce, on ne regarde qu’elle". Pendant sa réclusion, Aung San Suu Kyi s’est réfugiée dans le bouddhisme et la méditation, pour oublier sa solitude. Michelle Yeoh s’est plongée dans les mêmes lectures. Qui ne lui étaient pas totalement inconnues : les arts martiaux, pratiqués à haute dose durant sa carrière dans le cinéma d’action à Hongkong, lui ont inculqué une philosophie et une grande capacité de concentration.
Propulsée dans cet univers masculin et codifié dans les années 1980 grâce à une publicité tournée avec Jackie Chan, elle a rapidement fait ses preuves. Il faut dire que Michelle Yeoh pratique la danse classique depuis l’âge de 4 ans. Elle est diplômée de la Royal Academy de Londres. Pour son baptême du feu devant une caméra, elle devait jouer une jeune fille en détresse. Décelant le potentiel de la figurante, un membre de la production a demandé à Corey Yuen, le réalisateur, de reconsidérer son rôle. Elle s’est alors astreinte à un entraînement draconien. "Comme le ballet, il s’agissait de chorégraphie, de transfert d’énergie". Huit heures par jour, l’ancienne Miss Malaisie a observé les cascadeurs. Sous l’œil dubitatif de Corey Yuen. "Il répétait aux techniciens : 'La reine de beauté va déchanter dès qu’elle se sera cassé un ongle'. Je n’ai pas cédé."
Prenant exemple sur son film de chevet, Le Champion, de Franco Zeffirelli, Michelle Yeoh s’est accrochée, a progressé. Les metteurs en scène les plus doués de l’île, comme Johnnie To, se sont alors disputés pour engager ce véritable casse-cou. "Je me croyais invincible à sauter du troisième étage, à courir après une voiture, à me faire tirer dessus et à coller des raclées aux machos. Cela dit, dans la vraie vie, je hais la violence. Je suis la première à tourner les talons et à refuser l’affrontement". Une qualité qu’elle partage avec Aung San Suu Kyi, adepte du combat pacifique. Leur rencontre a eu lieu en décembre 2010, un mois après la libération de la Dame. Le visa de Michelle Yeoh a été accordé, mais pas celui de Luc Besson. Munie de son passeport malais, l’actrice a demandé à son frère de l’accompagner. "Dans nos bagages, on avait des cadeaux de toute l’équipe. Ambassadrice pour Guerlain, je lui ai apporté de la crème hydratante et plein de rouges à lèvres!"
Aung San Suu Kyi l’a reçue dans sa bibliothèque, "son sanctuaire", et l’a serrée dans ses bras. "Elle s’est excusée pour le désordre et le ménage qui n’avait pas été fait. Elle avait l’air fatiguée. Elle ne dort pas beaucoup : depuis qu’elle a été relâchée, elle passe des heures au téléphone et dépense son énergie à rattraper le temps perdu". Michelle a eu l’impression de retrouver une vieille amie pleine de bienveillance. "On n’a jamais parlé de sauver le monde. Notre conversation était ordinaire et chaleureuse. Sa bonne humeur m’apaisait". Quand elle ne s’occupe pas de sa carrière, la comédienne épaule Jean Todt pour sensibiliser l’opinion à la sécurité routière, elle lève aussi des fonds pour l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM). "Il faut soutenir les rêves. Suu n’aurait jamais mené sa croisade politique sans l’aide de son mari et de ses fils. Ils savaient que le moment de la séparation arriverait. Ils n’ont jamais utilisé le mot sacrifice. Quand je manque de confiance en moi, la détermination de Suu m’inspire".
La performance à l’écran de Michelle Yeoh a été saluée par d’anciens membres du parti d’Aung San Suu Kyi, qui ont participé au tournage en Thaïlande. "Un sexagénaire a ainsi fondu en larmes lors d’une scène de discours. 'Il y a vingt ans, j’écoutais Daw Suu [titre de respect] depuis la foule ; aujourd’hui, je me tiens derrière elle', m’a-t-il avoué". Refoulée la deuxième fois qu’elle a voulu aller en Birmanie, Michelle Yeoh poursuit son voyage intérieur dans l’espoir d’atteindre le courage, la dignité des réfugiés qu’elle a côtoyés. "Certains ont passé quinze, vingt ans en prison, mais n’éprouvent aucune haine, aucune frustration. Je ne veux plus me disperser. J’ai encore du chemin à parcourir avant d’acquérir la sagesse. Je dois me débarrasser de mon stress, éprouver davantage de compassion".
http://www.lejdd.fr/Culture/Cinema/Actualite/Portrait-de-Michelle-Yeoh-qui-incarne-Aung-San-Suu-Kyi-dans-le-nouveau-film-de-Luc-Besson-426291/
Vedette des superproductions asiatiques, "James Bond girl", compagne de Jean Todt, le patron de la Fédération internationale de l’automobile, 35 films au compteur… Michelle Yeoh n’en stresse pas moins, comme à ses débuts. "Pas évident de parler de soi. Faire un discours en public est encore pire. J’ai peur de me ridiculiser, d’avoir une absence. Les gens qui vous écoutent veulent être inspirés. Mais qui suis-je pour dire quelque chose qu’ils ne savent pas déjà?" Michelle Yeoh connaît pourtant son sujet sur le bout des doigts. Elle s’est battue pendant quatre ans pour ce projet d’adaptation de la vie de Aung San Suu Kyi. Aucun producteur avant Luc Besson ne voulait porter à l’écran l’incroyable destin de la figure de proue de la démocratie birmane. "Pourtant, The Lady est un film de superhéros, au moment où Hollywood ne jure que par des justiciers comme Spider-Man. Certains financiers ne savaient même pas où se situait la Birmanie…"
Michelle Yeoh a pris une année sabbatique pour effectuer la promotion de The Lady, et donc populariser le combat de la Prix Nobel de la Paix à travers le monde. La profession lui prédit un oscar. Elle ne prête pas attention à la rumeur. "Auparavant, je calais un tournage en fonction des trous dans mon emploi du temps. Désormais, j’ai compris ce qui avait du sens à mes yeux et j’ai d’autres priorités". Qui l’ont exhortée à repousser ses limites, au point de devenir le double parfait de son modèle. Elle était prête à tout pour y parvenir. Le résultat est stupéfiant. "Elle s’est littéralement imprégnée de Suu, si bien que je n’avais pas besoin de la guider, confie Luc Besson. Michelle est allée très loin dans sa préparation". Petit gabarit (1,63 mètre pour 45 kilos), elle a perdu 5 kilos, pris des leçons de piano et de birman. "Pas question de mémoriser mon texte phonétiquement, sans le comprendre".
Le malais, sa langue natale, l’anglais, le cantonais et le mandarin, qu’elle maîtrise, ne lui ont été d’aucune aide. Grâce à son exigence et à sa motivation, elle a réussi à s’exprimer le plus naturellement possible. "La première étape de mon engagement envers Suu. Il n’était pas question de calquer sa voix, ses manières, ses postures. Mais de voir à travers ses yeux, comprendre où elle puisait cette sagesse, cette force intérieure et cette dévotion. Son charisme est saisissant. Lorsque Suu entre dans une pièce, on ne regarde qu’elle". Pendant sa réclusion, Aung San Suu Kyi s’est réfugiée dans le bouddhisme et la méditation, pour oublier sa solitude. Michelle Yeoh s’est plongée dans les mêmes lectures. Qui ne lui étaient pas totalement inconnues : les arts martiaux, pratiqués à haute dose durant sa carrière dans le cinéma d’action à Hongkong, lui ont inculqué une philosophie et une grande capacité de concentration.
Propulsée dans cet univers masculin et codifié dans les années 1980 grâce à une publicité tournée avec Jackie Chan, elle a rapidement fait ses preuves. Il faut dire que Michelle Yeoh pratique la danse classique depuis l’âge de 4 ans. Elle est diplômée de la Royal Academy de Londres. Pour son baptême du feu devant une caméra, elle devait jouer une jeune fille en détresse. Décelant le potentiel de la figurante, un membre de la production a demandé à Corey Yuen, le réalisateur, de reconsidérer son rôle. Elle s’est alors astreinte à un entraînement draconien. "Comme le ballet, il s’agissait de chorégraphie, de transfert d’énergie". Huit heures par jour, l’ancienne Miss Malaisie a observé les cascadeurs. Sous l’œil dubitatif de Corey Yuen. "Il répétait aux techniciens : 'La reine de beauté va déchanter dès qu’elle se sera cassé un ongle'. Je n’ai pas cédé."
Prenant exemple sur son film de chevet, Le Champion, de Franco Zeffirelli, Michelle Yeoh s’est accrochée, a progressé. Les metteurs en scène les plus doués de l’île, comme Johnnie To, se sont alors disputés pour engager ce véritable casse-cou. "Je me croyais invincible à sauter du troisième étage, à courir après une voiture, à me faire tirer dessus et à coller des raclées aux machos. Cela dit, dans la vraie vie, je hais la violence. Je suis la première à tourner les talons et à refuser l’affrontement". Une qualité qu’elle partage avec Aung San Suu Kyi, adepte du combat pacifique. Leur rencontre a eu lieu en décembre 2010, un mois après la libération de la Dame. Le visa de Michelle Yeoh a été accordé, mais pas celui de Luc Besson. Munie de son passeport malais, l’actrice a demandé à son frère de l’accompagner. "Dans nos bagages, on avait des cadeaux de toute l’équipe. Ambassadrice pour Guerlain, je lui ai apporté de la crème hydratante et plein de rouges à lèvres!"
Aung San Suu Kyi l’a reçue dans sa bibliothèque, "son sanctuaire", et l’a serrée dans ses bras. "Elle s’est excusée pour le désordre et le ménage qui n’avait pas été fait. Elle avait l’air fatiguée. Elle ne dort pas beaucoup : depuis qu’elle a été relâchée, elle passe des heures au téléphone et dépense son énergie à rattraper le temps perdu". Michelle a eu l’impression de retrouver une vieille amie pleine de bienveillance. "On n’a jamais parlé de sauver le monde. Notre conversation était ordinaire et chaleureuse. Sa bonne humeur m’apaisait". Quand elle ne s’occupe pas de sa carrière, la comédienne épaule Jean Todt pour sensibiliser l’opinion à la sécurité routière, elle lève aussi des fonds pour l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM). "Il faut soutenir les rêves. Suu n’aurait jamais mené sa croisade politique sans l’aide de son mari et de ses fils. Ils savaient que le moment de la séparation arriverait. Ils n’ont jamais utilisé le mot sacrifice. Quand je manque de confiance en moi, la détermination de Suu m’inspire".
La performance à l’écran de Michelle Yeoh a été saluée par d’anciens membres du parti d’Aung San Suu Kyi, qui ont participé au tournage en Thaïlande. "Un sexagénaire a ainsi fondu en larmes lors d’une scène de discours. 'Il y a vingt ans, j’écoutais Daw Suu [titre de respect] depuis la foule ; aujourd’hui, je me tiens derrière elle', m’a-t-il avoué". Refoulée la deuxième fois qu’elle a voulu aller en Birmanie, Michelle Yeoh poursuit son voyage intérieur dans l’espoir d’atteindre le courage, la dignité des réfugiés qu’elle a côtoyés. "Certains ont passé quinze, vingt ans en prison, mais n’éprouvent aucune haine, aucune frustration. Je ne veux plus me disperser. J’ai encore du chemin à parcourir avant d’acquérir la sagesse. Je dois me débarrasser de mon stress, éprouver davantage de compassion".
http://www.lejdd.fr/Culture/Cinema/Actualite/Portrait-de-Michelle-Yeoh-qui-incarne-Aung-San-Suu-Kyi-dans-le-nouveau-film-de-Luc-Besson-426291/
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
Re: Luc Besson tourne en Thaïlande un film sur l'opposante birmane Aung San Suu Kyi
Des copies pirates du film de Luc Besson sur l'opposante Aung San Suu Kyi, "The Lady", ont envahi le marché noir à Rangoun, où les réformes politiques en cours incitent les vendeurs de rues à profiter de l'image extrêmement vendeuse de l'opposante.
Le "biopic" du réalisateur français n'a pas été toujours acclamé par la critique, mais il n'en attirait pas moins les amateurs dans la métropole birmane où il est cédé pour quelques dollars comme toutes les autres copies du cinéma mondial. "La qualité n'est pas bonne mais les gens l'achètent", a indiqué un vendeur de rue. "Les gens qui ont regardé le film disent qu'elle vaut mieux que ce qui est montré à l'écran".
Vers un processus politique légal
"The Lady", interprétée par la star asiatique Michelle Yeoh, raconte l'histoire du couple et de la famille que Suu Kyi formait avec son mari britannique, Michael Aris, et leurs deux fils, Kim et Alexander. De retour en Birmanie, Suu Kyi n'a pas revu Michael, décédé d'un cancer de la prostate en Angleterre sans avoir pu obtenir de visa. Elle s'était refusée à aller le voir, de crainte que la junte ne la laisse jamais revenir dans son pays.
Le film se serait vendu discrètement sous le manteau il y a encore un an et demi, lorsque la lauréate du prix Nobel de la paix était en résidence surveillée, avec le statut peu enviable d'ennemi numéro un des militaires. Mais elle est aujourd'hui au coeur du processus politique légal et se présente aux élections partielles d'avril, avec la bénédiction des réformateurs au pouvoir depuis mars 2011.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/02/03/97001-20120203FILWWW00417-birmanie-film-de-besson-au-marche-noir.php
Le "biopic" du réalisateur français n'a pas été toujours acclamé par la critique, mais il n'en attirait pas moins les amateurs dans la métropole birmane où il est cédé pour quelques dollars comme toutes les autres copies du cinéma mondial. "La qualité n'est pas bonne mais les gens l'achètent", a indiqué un vendeur de rue. "Les gens qui ont regardé le film disent qu'elle vaut mieux que ce qui est montré à l'écran".
Vers un processus politique légal
"The Lady", interprétée par la star asiatique Michelle Yeoh, raconte l'histoire du couple et de la famille que Suu Kyi formait avec son mari britannique, Michael Aris, et leurs deux fils, Kim et Alexander. De retour en Birmanie, Suu Kyi n'a pas revu Michael, décédé d'un cancer de la prostate en Angleterre sans avoir pu obtenir de visa. Elle s'était refusée à aller le voir, de crainte que la junte ne la laisse jamais revenir dans son pays.
Le film se serait vendu discrètement sous le manteau il y a encore un an et demi, lorsque la lauréate du prix Nobel de la paix était en résidence surveillée, avec le statut peu enviable d'ennemi numéro un des militaires. Mais elle est aujourd'hui au coeur du processus politique légal et se présente aux élections partielles d'avril, avec la bénédiction des réformateurs au pouvoir depuis mars 2011.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/02/03/97001-20120203FILWWW00417-birmanie-film-de-besson-au-marche-noir.php
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
Admin- Admin
- Messages : 4881
Date d'inscription : 31/05/2009
Sujets similaires
» Film Bordeland, frontière Thai-Birmane
» Film documentaire Burma Vj, Retour sur la révolte Birmane de 2007
» "Je m’excuse de vous donner plus de travail" ASSK
» Daw Aung San Suu Kyi
» Film Thailandais - Eternity de Sivaroj Kongsakul
» Film documentaire Burma Vj, Retour sur la révolte Birmane de 2007
» "Je m’excuse de vous donner plus de travail" ASSK
» Daw Aung San Suu Kyi
» Film Thailandais - Eternity de Sivaroj Kongsakul
l'esprit voyageur en asie du sud-est :: médiathèque sur l'asie du sud-est :: L'espace vidéos, cinémas, musiques
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum