15 000 km de vélo en Asie

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le dernier article paru ce jour : Sur la route rouge

Le chemin de traverse qui menait au Cambodge fût rempli d'aventures, de rencontres et de surprises. Cela tombait bien, nous ne sommes pas encore lassés de ce genre de choses.
Il y avait, tout d'abord, ces Russes qui, dans un anglais bien tordu, nous montrèrent du doigt ce qu'ils se préparaient à parcourir en vélo. Partant de Bangkok, ils avaient, à peu de détours près, le même trajet que nous avions dessiné avant de partir pour l'Asie. Avec les péripéties de la Thaïlande et les nombreuses rencontres, notre trajet n'était plus le même. Seulement les fous ne changent pas d'idées, nous nous disions! Pour ceux qui s'inquiétaient de nous voir changer nos plans comme on change de sous-vêtements, nous leur assurions de conserver la même liste de pays à visiter! C’était peu dire dans notre cas! Nous aurions pu suivre les Russes un moment, mais ils étaient trop timides à notre goût pour en faire des compagnons de longue route. Nous cherchions l’action…

Il y a ensuite eu cet anglophone sur deux roues, comme nous. Un hurluberlu, comme nous. Un Canadien, comme nous. Enfin bref, nous avons rapidement réalisé qu’il s’agissait d’un Montréalais du plateau! Chassé de la Hollande après avoir vu son coffee-shop fermé par la police d'Amsterdam, il passait six mois par année sur sa bécane à parcourir le monde. Nous sommes restés là, une bonne heure, au bord de la route à déconner avec le type jusqu'à ce qu'un policier nous arrête pour une noble cause : nuisance à la circulation. Nous avions compris que cela était plutôt un prétexte pour satisfaire la curiosité de celui qui cherchait désespérément à s'introduire dans la conversation. Que de regret de voir notre ami cycliste rouler en direction opposée à la nôtre. Nous aurions aimé rouler en sa compagnie, mais nous l'avons plutôt salué en partant chacun de notre côté, se promettant de partager quelques Labatt 50 frettes lors de notre retour dans la belle province.

Quelques kilomètres plus loin, la douane cambodgienne coupait la route à l’aide d’une clôture aussi imposante qu'un filet de badminton. Nous avons pensé foncer à toute allure, mais avons jugé que, finalement, cela ne valait pas les 40 $ que coûtent deux visas! Que nous étions sages!

- Bonjour Monsieur, deux visas d’un mois svp.

- 1 200 Bhats chacun svp!

L’agent qui préférait la monnaie thaïlandaise à celle de son propre pays. Faisaient jouer les mathématiques en sa faveur et en trafiquant les taux d’échange. Deux visas nous coûteraient 84 $ au lieu de 40 $ comme il était clairement inscrit sur les tableaux de l’ambassade du Cambodge.

- Désolé monsieur, mais nous venons en mission diplomatique en tant que représentant du gouvernement canadien, nous payerons seulement avec des dollars américains.

Le mot CANADA fait généralement très peur aux pays en voie de développement subventionnés à grands coups de millions par la feuille d’érable rouge.

- Ce sera 25 $ chacun, répondit-il d’un air frustré

- Pas de problème, mais j’aimerais avoir vos noms et numéros matricules, je ripostai en leur tendant un morceau de papier.

Le bandit, déguisé en douanier, pris le 40 $ que je lui présentais ainsi que nos visas et claqua la porte devant nous. Geneviève n’était pas très confiante. Si le douanier nous refusait nos visas, nous serions dans un réel merdier. Dans ma tête, je me voyais déjà redessiner une route pour rejoindre le Laos sans entrer au Cambodge…

Quelques instants plus tard, une fenêtre s'ouvrit et nos passeports furent éjectés avec deux visas valides pour un mois! Voilà qui était fait! Nous avions sauvé 42 $ au profit de la corruption. Il s’agissait d’une aubaine exceptionnelle!

Traumatisés de l'effet produit par les mots Canada et gouvernement mis ensemble, nous avons ainsi franchi la frontière du Cambodge. Si nous avions imaginé une transition tranquille et progressive entre les deux pays, la réalité fut toute différente. Fin de la belle route de ciment. Fin de la nourriture en bordure de route. Fin du terrain plat. Du haut d'une colline, nous avions une vue imprenable sur ce que nous réservait le Cambodge. Ce que nous avions devant nos yeux nous était une route en terre rouge, ravagée qui traversait montagnes et jungle vierge. Nos sacs remplis de nourriture et d'eau, nous nous lançâmes dans cette descente qui pénétrait la jungle, sachant que la prochaine ville serait à plus de 250 km... Bienvenue au Cambodge!

Merci Pascal de nous faire decouvrir le parcours de ces deux "fous" comme ils s'appellent...
Je n'ai plus l'age de ce genre de choses;
je fais plus soft maintenant.
Tout en restant en Thailande, j'ai deja fait quelques beaux morceaux de choix et je m'en suis concocte un super beau:
Sawang Daen Din--Udon Thani--Lom Sak--Phitsanulok--Tak--Mae Sot--Tha Song Yang--Mae Sariang--Pai--Chiang Mai--Phayao--Chiang Klang--Nan--Na Noi--Na Mun--Fak Tha--Uttaradit--Loei--Nong Bua Lamphu--Udon Thani--Sawang Daen Din

Au bas mot 4000 km avec un paquet de denivelles;
mon velo n'est pas un VTT mais un velo de course, donc pas de sacoches et sac a dos tres leger.
N'etant pas vraiment pris par le temps, j'habite en Thailande avec pour seule contrainte le pointage tous les 90 jours dans n'importe quel bureau d'immigration.
Quand j'aurai decide de partir, je vous tiendrai au courant, bien entendu et tenterai de faire un report chaque fois que je trouverai un cafe-internet sur ma route. Ca devrait me prendre au minimum 40 jours, compte tenu qu'a certaines etapes il y aura des trucs a voir et certainement un paquet de personnes avec lesquelles je discuterai.

Le Cambodge

Si la pauvreté était spectaculaire en ces lieux, il était tout de même faisable, pour les deux étrangers que nous étions, de manger, dormir et se déplacer. Nos trois besoins primaires comblés, il n'y avait donc pas de quoi se plaindre! De plus, nous étions en santé presque parfaite, et ce, depuis le début du voyage! Le vélo semblait nous purifier de toutes les bactéries que nous absorbions avec la nourriture de bord de route.
Le Cambodge est un pays de contrastes. Nous étions habitués, malheureusement, aux endroits où la richesse et la pauvreté extrême se côtoyaient. Au Cambodge, c'était différent. Nous étions surtout étonnés de voir le contraste entre le rouge vif de la terre et le vert fluo de la végétation, entre le sourire des enfants et la poussière qui leur recouvrait le visage, entre la culture Khmer et celle des étrangers qui sont venus coloniser et détruire une partie de leur pays. Par exemple, c'était grâce aux Français qui ont fait du Cambodge un pays indépendant et misérable, que nous mangions, chaque matin, notre baguette de pain et notre café espresso noir. Merci!

Lors de notre arrivée au Cambodge, nous en connaissions très peu sur le pays, sinon que c’était un pays pauvre. En une journée, nous avons donc tenté de réapprendre à parler (Khmer), manger (peu diversifié), dormir (camping interdit, sinon 10 ans de prison!) et rouler (tôt le matin et à droite de la route). Nous avions alors un langage très pourri qui mélangeait Anglais, Français, Thaï et Khmer (Espagnol pour Geneviève). Si notre façon de nous exprimer faisait souvent peu de sens, nous arrivons bien à nous faire comprendre dans toutes les situations!

Koh Kong, première ville poussiéreuse du Cambodge. Lorsque le vent se levait, le sable des rues tourbillonnait et nous brouillait la vision. Cela me faisait penser à une des scènes de Fear and Loathing in Las Vegas où un journaliste couvre une course de motocross dans le désert. Nous avons passé l'après-midi sur le balcon d'un magasin tenu par une jeune famille. À la manière des locaux, le temps n'existait plus. Nous relaxions et profitions d'une petite conversation avec un jeune Cambodgien pour apprendre l'essentiel du sa culture.

À la noirceur, tout devint fantôme. Aucun lampadaire n’éclairait la ville. Nous entendions les motos circuler sans phares, mais nous n’apercevions presque rien autour. La nuit n'avait rien de rassurant au Cambodge. Cependant, nous étions désireux d'en apprendre davantage sur ce mystérieux pays. Nous avons alors accepté une invitation de Tipy, une petite femme extravagante, qui nous offrait, thés, cafés et bières. À chaque éclat de rire, une amitié se construisait entre nous. Nous lui avons proposé de se rassembler pour le déjeuner, avant de lui faire nos adieux...

Plus tard dans la semaine, nous traversions le plus grand parc national du Cambodge où personne n'était autorisé à vivre. La route était longue, difficile, mais tellement généreuse en paysages qu'elle nous faisait même oublier notre faim! Vers midi, après 5 heures d’effort, nous arrêtions une première fois pour avaler deux ananas entiers et une dizaine de bananes. Les enfants autour étaient stupéfaits! À bien y penser, nous venions probablement de manger l'équivalent de leur subsistance hebdomadaire! C'est lorsque nous pratiquions nos premiers discours Khmer que de gros nuages noirs s'avancèrent et nous crachèrent un déluge d'enfer! Un déluge qui dura 4 heures et nous força à dormir là, au milieu de la route, à l'intérieur du kiosque de bananes! Nous avons donc passé l'après-midi et la soirée avec les habitants des quatre maisons en paille de la région. J'en profitai pour faire sonner ma nouvelle petite guitare (guitalélé) acquise à Bangkok d'un routard français de bonne fortune! Il n'en fallait pas plus pour que la fête commence! Geneviève m'accompagnait à la voie et les enfants couraient et dansaient autour. Après quelques essais, nous confirmons que Sublime et Jean Leloup ont un bon potentiel pour percer au Cambodge!

source http://www.lanouvelle.net/article-416944-Le-Cambodge.html