Livre - Birmanie, voyage intérieur de Ma Thanegi
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Livre - Birmanie, voyage intérieur de Ma Thanegi
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Quatrième de couverture
«J'envoyai donc ma femme de ménage acheter un billet pour un voyage de dix-huit jours qui, la publicité dans le journal était formelle, me mènerait dans pas moins de vingt-neuf villes, plus de soixante pagodes renommées, quelques endroits étranges (la Tanière Bouillonnante du Dragon, la Pagode au Hti branlant, le Stupa du Serpent), des paysages magnifiques (le lac Inle, la chaîne de montagnes de l'État Shan, les jardins de Pyin Oo Lwin) et, précision de loin la plus intéressante à mon goût, une ville chinoise située de l'autre côté de la frontière nord, qu'on pourrait traverser sans passeport.»
À travers le récit d'un pèlerinage en bus sur les routes du Myanmar, Ma Thanegi dresse un portrait tout en finesse de son pays et de ses habitants. Longtemps engagée aux côtés d'Aung San Suu Kyi, leader de l'opposition et prix Nobel de la paix, elle porte ici un autre regard sur la Birmanie, où l'actualité politique, sans être occultée, passe au second plan. Avec un sens de l'humour avéré et un art consommé du détail, elle raconte un peuple empreint au quotidien de spiritualité bouddhiste, et qui aspire à la paix et à l'harmonie.
En contrepoint, les photos de Tiane Doan na Champassak nous ramènent à la réalité d'un pays pauvre sous le joug de la dictature militaire.
En aparté
Ma Thanegi , une birmane qui a travaillé avec Aung Suu Ki, a écrit un beau texte publie dans le Lonely Planet version anglaise, p26/27. sous le titre "Le conte de fées Birman"
"Comme beaucoup de Birmans, j'en ai assez de vivre dans un conte de fées. Ca fait des années que des étrangers décrivent les problèmes de mon pays comme une fable morale: la lutte entre le Bien et le Mal, tout blanc ou tout noir, sans nuance en demi-teinte; une image simpliste, mais que le monde extérieur estime réelle. La réaction de l'Occidental a été aussi simpliste: il est entre en croisade morale contre le Mal, brandissant sanctions et boycotts comme autant de baguettes magiques.
Nous avons vécu dans l'isolement pendant 26 ans de socialisme, et nous n'avons pas encore une économie moderne. Nous avons assez perdu de temps. Si nous voulons progresser, tout le monde doit regarder les faits en face.
Ca peut ressembler à de la propagande pour le gouvernement actuel, mais je n'ai pas changé depuis 1988, quand j'ai rejoint le mouvement pour la démocratie. J'ai vécu sous le régime socialiste de 1962 à 1988 - encore un conte de fées, de l'isolationnisme celui-là- En 1988, nous savions qu'il était temps de nous joindre au concert des nations. Par milliers, nous sommes descendus dans la rue; j'ai rejoint la Ligue Nationale pour la Démocratie (NLD) et pendant une année j'ai travaillé comme assistante de Ma Suu, comme on l'appelait. J'ai soutenu sa campagne jusqu'au 20 juillet 1989, quand elle a été assignée à résidence, tandis qu'on m'envoyait à la prison de Insein à Rangoon, ou j'ai passé près de 3 années.
Je ne regrette pas mon séjour en prison, je n'en fait reproche à personne, c'était un risque à courir, nous en étions conscients. Mais mes camarades de prison et moi-même, nous commençons à nous demander si nos sacrifices en valaient la peine. 10 ans après, nous avons l'impression que le travail que nous avions entrepris a été dilapidé, que la force s'est dissipée.En travaillant avec Ma Suu, j'ai appris à l'aimer profondément. Je l'aime encore. Lorsque son assignation à résidence fut levée en 1995, nous avons espéré que le pays irait de l'avant. Nos besoins étaient immenses, à commencer par le logement, l'alimentation, les soins médicaux. C'était ça, pour nous, le mouvement pour la démocratie; il s'agissait surtout d'aider les gens. Ma Suu aurait pu vraiment changer notre vie. Avec son influence et son prestige, elle aurait pu demander le soutien des principaux donateurs, comme les USA ou le Japon. Elle aurait pu inciter les entreprises étrangères à venir investir ici, pour créer des emplois et bâtir une économie stable. Elle aurait pu entamer un dialogue constructif avec le gouvernement, posant les jalons d'une démocratie solide.Au lieu de cela, elle a choisi le contraire, elle a mis la pression sur le gouvernement, en enjoignant aux investisseurs étrangers de boycotter le pays, en demandant le gel de l'aide internationale. Nous étions nombreux à lui dire que ce serait contre-productif. Pour nous, le progrès économique amènerait une amélioration politique. Les gens ont besoin de travail pour nourrir leur famille. Ca ne parait peut-être pas une aspiration bien noble, mais c'est la vérité première que nous affrontons chaque jour.Ma Suu a choisi une attitude hautement morale, refusant tout compromis, ce qui a ému les esprits à l'étranger. Malheureusement cette approche nous a coûté cher, dans la rue. Les sanctions ont accru les tensions avec le gouvernement, et beaucoup ont perdu leur emploi. Et elles n'ont rien apporté de positif.
Les mouvements pour les droits de l'homme estiment qu'ils nous aident; mais ils pensent avec leur coeur, pas avec leur tête. Ils disent que les investissements étrangers profitent au gouvernement et pas aux gens ordinaires. C'est faux. Le pays a survécu près de 30 ans sans aucun investissement étranger. En plus les USA, le Japon et les autres ont supprimé toute aide en 1988, et les USA ont imposé des sanctions en mai 1997.Et pourtant tout cela n'a rien change, c'était un message creux.Deux occidentaux -l'un éminent universitaire, l'autre diplomate, m'ont dit un jour qu'en affaiblissant l'économie, les sanctions et boycotts mèneraient à la révolution, parce que les gens n'auraient plus grand-chose a perdre. Cette idée leur plaisait; une révolution qu'il pourraient suivre de loin, bien a l'abri chez eux.Ce romantisme naïf, nous autres au Myanmar, on en a assez. Vous seriez prêts a nous plonger dans la misère pour nous obliger a faire la révolution? Les étudiants Américains posent en combattants de la liberté, tandis que leurs politiciens clament qu'ils préparent l'avènement de la démocratie en imposant leurs sanctions. Mais c'est nous les Birmans qui payons le prix de la rhétorique creuse de ces héros de pacotille. On est de plus en plus nombreux, ici, à se demander si c'est pour ça qu'on s'est battus, si c'est pour en arriver la qu'on nous à jetés en prison?Malheureusement le conte de fée Birman est si largement accepté qu'il semble à présent impossible d'en appeler au pragmatisme. Le politiquement correct est devenu si fanatique que tout critique public du NLD ou de sa dirigeante se voit accusé de trahison. Appeler au réalisme, c'est se voir cataloguer comme pro-militaire, voire pire. Mais quand le réalisme devient un gros mot, l'évolution devient impossible.Alors, posez vos baguettes magiques et pensez à nous: nous sommes un pays pauvre, mais un pays vrai. Le Myanmar a de nombreux problèmes, la plupart entraînés par près de 30 ans d'isolationnisme. Nous isoler encore ne va rien résoudre, et les sanctions vont nous renvoyer en arrière, pas nous faire avancer. Nous avons besoin d'emplois, nous avons besoin de nous moderniser. Nous devons rejoindre les autres nations. Ne nous fermez pas cette porte au nom de la démocratie. Je suis sûre qu'en Occident, les contes de fée ne finissent pas si mal.
Quatrième de couverture
«J'envoyai donc ma femme de ménage acheter un billet pour un voyage de dix-huit jours qui, la publicité dans le journal était formelle, me mènerait dans pas moins de vingt-neuf villes, plus de soixante pagodes renommées, quelques endroits étranges (la Tanière Bouillonnante du Dragon, la Pagode au Hti branlant, le Stupa du Serpent), des paysages magnifiques (le lac Inle, la chaîne de montagnes de l'État Shan, les jardins de Pyin Oo Lwin) et, précision de loin la plus intéressante à mon goût, une ville chinoise située de l'autre côté de la frontière nord, qu'on pourrait traverser sans passeport.»
À travers le récit d'un pèlerinage en bus sur les routes du Myanmar, Ma Thanegi dresse un portrait tout en finesse de son pays et de ses habitants. Longtemps engagée aux côtés d'Aung San Suu Kyi, leader de l'opposition et prix Nobel de la paix, elle porte ici un autre regard sur la Birmanie, où l'actualité politique, sans être occultée, passe au second plan. Avec un sens de l'humour avéré et un art consommé du détail, elle raconte un peuple empreint au quotidien de spiritualité bouddhiste, et qui aspire à la paix et à l'harmonie.
En contrepoint, les photos de Tiane Doan na Champassak nous ramènent à la réalité d'un pays pauvre sous le joug de la dictature militaire.
En aparté
Ma Thanegi , une birmane qui a travaillé avec Aung Suu Ki, a écrit un beau texte publie dans le Lonely Planet version anglaise, p26/27. sous le titre "Le conte de fées Birman"
"Comme beaucoup de Birmans, j'en ai assez de vivre dans un conte de fées. Ca fait des années que des étrangers décrivent les problèmes de mon pays comme une fable morale: la lutte entre le Bien et le Mal, tout blanc ou tout noir, sans nuance en demi-teinte; une image simpliste, mais que le monde extérieur estime réelle. La réaction de l'Occidental a été aussi simpliste: il est entre en croisade morale contre le Mal, brandissant sanctions et boycotts comme autant de baguettes magiques.
Nous avons vécu dans l'isolement pendant 26 ans de socialisme, et nous n'avons pas encore une économie moderne. Nous avons assez perdu de temps. Si nous voulons progresser, tout le monde doit regarder les faits en face.
Ca peut ressembler à de la propagande pour le gouvernement actuel, mais je n'ai pas changé depuis 1988, quand j'ai rejoint le mouvement pour la démocratie. J'ai vécu sous le régime socialiste de 1962 à 1988 - encore un conte de fées, de l'isolationnisme celui-là- En 1988, nous savions qu'il était temps de nous joindre au concert des nations. Par milliers, nous sommes descendus dans la rue; j'ai rejoint la Ligue Nationale pour la Démocratie (NLD) et pendant une année j'ai travaillé comme assistante de Ma Suu, comme on l'appelait. J'ai soutenu sa campagne jusqu'au 20 juillet 1989, quand elle a été assignée à résidence, tandis qu'on m'envoyait à la prison de Insein à Rangoon, ou j'ai passé près de 3 années.
Je ne regrette pas mon séjour en prison, je n'en fait reproche à personne, c'était un risque à courir, nous en étions conscients. Mais mes camarades de prison et moi-même, nous commençons à nous demander si nos sacrifices en valaient la peine. 10 ans après, nous avons l'impression que le travail que nous avions entrepris a été dilapidé, que la force s'est dissipée.En travaillant avec Ma Suu, j'ai appris à l'aimer profondément. Je l'aime encore. Lorsque son assignation à résidence fut levée en 1995, nous avons espéré que le pays irait de l'avant. Nos besoins étaient immenses, à commencer par le logement, l'alimentation, les soins médicaux. C'était ça, pour nous, le mouvement pour la démocratie; il s'agissait surtout d'aider les gens. Ma Suu aurait pu vraiment changer notre vie. Avec son influence et son prestige, elle aurait pu demander le soutien des principaux donateurs, comme les USA ou le Japon. Elle aurait pu inciter les entreprises étrangères à venir investir ici, pour créer des emplois et bâtir une économie stable. Elle aurait pu entamer un dialogue constructif avec le gouvernement, posant les jalons d'une démocratie solide.Au lieu de cela, elle a choisi le contraire, elle a mis la pression sur le gouvernement, en enjoignant aux investisseurs étrangers de boycotter le pays, en demandant le gel de l'aide internationale. Nous étions nombreux à lui dire que ce serait contre-productif. Pour nous, le progrès économique amènerait une amélioration politique. Les gens ont besoin de travail pour nourrir leur famille. Ca ne parait peut-être pas une aspiration bien noble, mais c'est la vérité première que nous affrontons chaque jour.Ma Suu a choisi une attitude hautement morale, refusant tout compromis, ce qui a ému les esprits à l'étranger. Malheureusement cette approche nous a coûté cher, dans la rue. Les sanctions ont accru les tensions avec le gouvernement, et beaucoup ont perdu leur emploi. Et elles n'ont rien apporté de positif.
Les mouvements pour les droits de l'homme estiment qu'ils nous aident; mais ils pensent avec leur coeur, pas avec leur tête. Ils disent que les investissements étrangers profitent au gouvernement et pas aux gens ordinaires. C'est faux. Le pays a survécu près de 30 ans sans aucun investissement étranger. En plus les USA, le Japon et les autres ont supprimé toute aide en 1988, et les USA ont imposé des sanctions en mai 1997.Et pourtant tout cela n'a rien change, c'était un message creux.Deux occidentaux -l'un éminent universitaire, l'autre diplomate, m'ont dit un jour qu'en affaiblissant l'économie, les sanctions et boycotts mèneraient à la révolution, parce que les gens n'auraient plus grand-chose a perdre. Cette idée leur plaisait; une révolution qu'il pourraient suivre de loin, bien a l'abri chez eux.Ce romantisme naïf, nous autres au Myanmar, on en a assez. Vous seriez prêts a nous plonger dans la misère pour nous obliger a faire la révolution? Les étudiants Américains posent en combattants de la liberté, tandis que leurs politiciens clament qu'ils préparent l'avènement de la démocratie en imposant leurs sanctions. Mais c'est nous les Birmans qui payons le prix de la rhétorique creuse de ces héros de pacotille. On est de plus en plus nombreux, ici, à se demander si c'est pour ça qu'on s'est battus, si c'est pour en arriver la qu'on nous à jetés en prison?Malheureusement le conte de fée Birman est si largement accepté qu'il semble à présent impossible d'en appeler au pragmatisme. Le politiquement correct est devenu si fanatique que tout critique public du NLD ou de sa dirigeante se voit accusé de trahison. Appeler au réalisme, c'est se voir cataloguer comme pro-militaire, voire pire. Mais quand le réalisme devient un gros mot, l'évolution devient impossible.Alors, posez vos baguettes magiques et pensez à nous: nous sommes un pays pauvre, mais un pays vrai. Le Myanmar a de nombreux problèmes, la plupart entraînés par près de 30 ans d'isolationnisme. Nous isoler encore ne va rien résoudre, et les sanctions vont nous renvoyer en arrière, pas nous faire avancer. Nous avons besoin d'emplois, nous avons besoin de nous moderniser. Nous devons rejoindre les autres nations. Ne nous fermez pas cette porte au nom de la démocratie. Je suis sûre qu'en Occident, les contes de fée ne finissent pas si mal.
thanaka- Admin
- Localisation : il existe une application pour ça
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Date d'inscription : 31/05/2009
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