Birmanie - Voyage chez les Karens
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Birmanie - Voyage chez les Karens
Mission humanitaire en Birmanie de Casapound et Popoli : Gianluca raconte son voyage chez les Karens (premier épisode)
Avant d’affronter les cinq journées de jungle, nous faisons les courses de nourriture et de matériel militaire (sacs, moustiquaires, hamacs, ponchos, bottes…). Ensuite nous nous y mettons?: nous avons parcouru les 180 premiers kilomètres jusqu’à notre point de rencontre dans la benne d’un pick-up. Il y avait une place auprès du chauffeur mais j’ai préféré rester dehors pour profiter du paysage, des odeurs et des rumeurs si étranges des animaux. Cette route est surnommée «?la route de la mort?». Son nom vient des années 60 quand les communistes thaïlandais attaquaient les voyageurs afin de créer un climat de tension dans la nation. Boeh Mya, le père du commandant actuel de l’armée de libération Karen, Nerdah Mya, était à l’époque général et combattit les terroristes. Ceci valut une certaine clémence vis à vis des Karens de la part du gouvernement thaïlandais.
Sur la route, nous sommes passés à proximité du plus grand camp de réfugié Karen en Thaïlande, le camp d’Umphiang. Là se trouvent 40?000 personnes entassées dans des baraques adossées à la montagne. Les Karens sont la deuxième ethnie après les Shans. Il existe des centaines d’ethnies dans la région, trop pour pouvoir les énumérer ici. Les femmes girafes que l’on connaît en occident, font partie de l’ethnie Karen. Les Karens sont 6 millions et divisés en trois religions dont les bouddhistes et les chrétiens baptistes sont les plus nombreux. Ils sont pourtant divisés et disposent de deux armées différentes qui se sont déjà accrochées par le passé. Ce n’est pas vraiment une lutte religieuse mais bien une opposition entre les têtes dirigeantes.
A la fin de la «?route de la mort?», nous sommes accueillis par une vingtaine de combattants qui nous aident à décharger les bagages et à les porter au travers de petits sentiers. C’est la saison des pluies et donc des trombes d’eau tombent du ciel transformant bientôt le sentier en marre de boue. Nous arrivons au camp. Nous nous installons dans une cabane construite pour nous, après le repas nous nous couchons rapidement. Dans la jungle, on mange vers 18h30 et on se couche à 20h. car la nuit tombe tôt, le jungle se réveille alors, des bruits bizarres nous entourent.
La journée suivante, nous nous levons à l’aube. Nous sommes dans un camp militaire des forces spéciales «?Black Legion?» de Nerdah et à 5h30, c’est le rassemblement. A quelques dizaines de mètres du camp se trouve «?Little Verona?», exemple concret du grand travail de Popoli qui a construit ce village de 32 maisons où vivent 300 personnes. Et ce n’est pas tout. On y trouve aussi une clinique et une école primaire construites elles-aussi par l’association. Sur les toits, des panneaux solaires fournissent un peu d’électricité au village et au camp militaire.
Nous nous mettons en file indienne et nous partons vers le village. Nous sommes huit et accompagnés d’une vingtaine de soldats. Quand nous arrivons nous sommes accueillis par des chants des enfants de l’école. Ils sourient et nous saluent. Ce sont de beaux enfants, leur peau est couverte d’une pommade spéciale qui les protège du soleil et de l’humidité. Cela ressemble à de l’argile mais c’est en fait extrait d’un arbre local. L’humidité est telle que l’air est difficile à respirer et nos physiques d’occidentaux sont mis à rude épreuve.
Franco (Popoli) est très aimé par ces gens et c’est naturel puisque cela fait plus de dix ans qui leur amène de l’aide. Nous commençons alors la distribution de diverses choses. Il n’y a pas de privilégiés, on donne tout à tous. Les soldats sourient. Malgré la misère, on sent beaucoup de sérénité. Les enfants ne font pas de caprices quand ils regardent le jouet qu’a reçu son voisin. Chacun est heureux des peluches ou des poupées qu’ils reçoivent. Les adultes sont de même avec les vêtements.
A Little Verona, sur les 300 habitants, on compte 40 enfants âgés de 2 à 9 ans. La distribution se termine, Rodolfo, le chirurgien de Popoli commence ses visites aidé par Massimo et Cinzia. Tous les enfants sont vus, pesés et diagnostiqués. Ils comparent les données qu’ils avaient recueillies il y a 6 mois lors de leur dernière visite. Avec stupeur et joie, ils s’aperçoivent qu’ils vont bien Leur poids augmente normalement, c’est une grande victoire vu le contexte.
Après les enfants, ce sont les adultes qui reçoivent l’attention de Rodolfo. Ils sont une vingtaine qui attendent sagement. Un jeune homme a la malaria, on doit l’emmener d’urgence à l’hôpital le plus proche qui se trouve à 300 km. Dans la jungle le problème vient des moustiques. Ils transmettent les maladies comme la malaria ou la dengue qui, non soignée, provoque des hémorragies internes et donnent des douleurs osseuses. Les adultes sont patients. On opère un garçon. Son pied est infecté suite à une blessure. Les autres souffrent de dysenterie, on leur prescrit aussi des vitamines, les mêmes que l’on avait déjà donné aux enfants comme des bonbons.
A Little Verona existent deux terrains de sport, un pour le volley-ball, l’autre pour le football-tennis. Des jeunes hommes jouent et rient. Paolo et Fabio se joignent aux joueurs de volley. Moi je regarde les joueurs de football-tennis, sport très aimé en Thaïlande. Ils sont adroits, la balle ne doit pas toucher le sol. Les gagnants rient, les perdants doivent faire 20 pompes.
Les visites continuent. Nous demandons si nous pouvons être utiles dans le camp militaire. Paolo, Fabio et moi repartons dans le camp et nous mettons à consolider et terminer notre cabane qui servira désormais aux hôtes. Les Karens sont de très bons menuisiers. En quelques heures, ils ont construits une table. Ils ont l’intention d’agrandir la maison. Nous nous joignons aux travaux. Après cela, nous allons nous baigner dans un petit point d’eau situé à dix minutes de marche. Ce bain nous décrasse. L’eau est propre. Les karens font attention à jeter leurs eaux usées dans un autre torrent, les toilettes elles, sont situées dans une petite cabane. C’est une plate-forme qui fait penser à des toilettes à la turc.
Le soir, pour diner, nous mangeons des nouilles de riz, du poulet, des œufs, des cœurs de bambous bouillis. Nous sommes épuisés et pour la première fois de notre vie, nous nous couchons vers 19 heures. Demain matin nous nous lèverons à l’aube encore pour rejoindre un village situé à 10 km. On doit rendre visite à des personnes âgées. Le village se nomme Populata. Ce sera une longue et difficile marche. La jungle est infestée de mines et de patrouilles birmanes. Dans cette zone, la semaine dernière, est mort un soldat Karen. Avec nous viendront 80 soldats. Nos sacs sont prêts, encore un peu d’anti moustique et je me glisse dans mon sac de couchage. Bonne nuit.
.../...
source http://qc.novopress.info/9043/mission-humanitaire-en-birmanie-de-casapound-et-popoli%E2%80%AF-gianluca-raconte-son-voyage-chez-les-karens-premier-episode/
Avant d’affronter les cinq journées de jungle, nous faisons les courses de nourriture et de matériel militaire (sacs, moustiquaires, hamacs, ponchos, bottes…). Ensuite nous nous y mettons?: nous avons parcouru les 180 premiers kilomètres jusqu’à notre point de rencontre dans la benne d’un pick-up. Il y avait une place auprès du chauffeur mais j’ai préféré rester dehors pour profiter du paysage, des odeurs et des rumeurs si étranges des animaux. Cette route est surnommée «?la route de la mort?». Son nom vient des années 60 quand les communistes thaïlandais attaquaient les voyageurs afin de créer un climat de tension dans la nation. Boeh Mya, le père du commandant actuel de l’armée de libération Karen, Nerdah Mya, était à l’époque général et combattit les terroristes. Ceci valut une certaine clémence vis à vis des Karens de la part du gouvernement thaïlandais.
Sur la route, nous sommes passés à proximité du plus grand camp de réfugié Karen en Thaïlande, le camp d’Umphiang. Là se trouvent 40?000 personnes entassées dans des baraques adossées à la montagne. Les Karens sont la deuxième ethnie après les Shans. Il existe des centaines d’ethnies dans la région, trop pour pouvoir les énumérer ici. Les femmes girafes que l’on connaît en occident, font partie de l’ethnie Karen. Les Karens sont 6 millions et divisés en trois religions dont les bouddhistes et les chrétiens baptistes sont les plus nombreux. Ils sont pourtant divisés et disposent de deux armées différentes qui se sont déjà accrochées par le passé. Ce n’est pas vraiment une lutte religieuse mais bien une opposition entre les têtes dirigeantes.
A la fin de la «?route de la mort?», nous sommes accueillis par une vingtaine de combattants qui nous aident à décharger les bagages et à les porter au travers de petits sentiers. C’est la saison des pluies et donc des trombes d’eau tombent du ciel transformant bientôt le sentier en marre de boue. Nous arrivons au camp. Nous nous installons dans une cabane construite pour nous, après le repas nous nous couchons rapidement. Dans la jungle, on mange vers 18h30 et on se couche à 20h. car la nuit tombe tôt, le jungle se réveille alors, des bruits bizarres nous entourent.
La journée suivante, nous nous levons à l’aube. Nous sommes dans un camp militaire des forces spéciales «?Black Legion?» de Nerdah et à 5h30, c’est le rassemblement. A quelques dizaines de mètres du camp se trouve «?Little Verona?», exemple concret du grand travail de Popoli qui a construit ce village de 32 maisons où vivent 300 personnes. Et ce n’est pas tout. On y trouve aussi une clinique et une école primaire construites elles-aussi par l’association. Sur les toits, des panneaux solaires fournissent un peu d’électricité au village et au camp militaire.
Nous nous mettons en file indienne et nous partons vers le village. Nous sommes huit et accompagnés d’une vingtaine de soldats. Quand nous arrivons nous sommes accueillis par des chants des enfants de l’école. Ils sourient et nous saluent. Ce sont de beaux enfants, leur peau est couverte d’une pommade spéciale qui les protège du soleil et de l’humidité. Cela ressemble à de l’argile mais c’est en fait extrait d’un arbre local. L’humidité est telle que l’air est difficile à respirer et nos physiques d’occidentaux sont mis à rude épreuve.
Franco (Popoli) est très aimé par ces gens et c’est naturel puisque cela fait plus de dix ans qui leur amène de l’aide. Nous commençons alors la distribution de diverses choses. Il n’y a pas de privilégiés, on donne tout à tous. Les soldats sourient. Malgré la misère, on sent beaucoup de sérénité. Les enfants ne font pas de caprices quand ils regardent le jouet qu’a reçu son voisin. Chacun est heureux des peluches ou des poupées qu’ils reçoivent. Les adultes sont de même avec les vêtements.
A Little Verona, sur les 300 habitants, on compte 40 enfants âgés de 2 à 9 ans. La distribution se termine, Rodolfo, le chirurgien de Popoli commence ses visites aidé par Massimo et Cinzia. Tous les enfants sont vus, pesés et diagnostiqués. Ils comparent les données qu’ils avaient recueillies il y a 6 mois lors de leur dernière visite. Avec stupeur et joie, ils s’aperçoivent qu’ils vont bien Leur poids augmente normalement, c’est une grande victoire vu le contexte.
Après les enfants, ce sont les adultes qui reçoivent l’attention de Rodolfo. Ils sont une vingtaine qui attendent sagement. Un jeune homme a la malaria, on doit l’emmener d’urgence à l’hôpital le plus proche qui se trouve à 300 km. Dans la jungle le problème vient des moustiques. Ils transmettent les maladies comme la malaria ou la dengue qui, non soignée, provoque des hémorragies internes et donnent des douleurs osseuses. Les adultes sont patients. On opère un garçon. Son pied est infecté suite à une blessure. Les autres souffrent de dysenterie, on leur prescrit aussi des vitamines, les mêmes que l’on avait déjà donné aux enfants comme des bonbons.
A Little Verona existent deux terrains de sport, un pour le volley-ball, l’autre pour le football-tennis. Des jeunes hommes jouent et rient. Paolo et Fabio se joignent aux joueurs de volley. Moi je regarde les joueurs de football-tennis, sport très aimé en Thaïlande. Ils sont adroits, la balle ne doit pas toucher le sol. Les gagnants rient, les perdants doivent faire 20 pompes.
Les visites continuent. Nous demandons si nous pouvons être utiles dans le camp militaire. Paolo, Fabio et moi repartons dans le camp et nous mettons à consolider et terminer notre cabane qui servira désormais aux hôtes. Les Karens sont de très bons menuisiers. En quelques heures, ils ont construits une table. Ils ont l’intention d’agrandir la maison. Nous nous joignons aux travaux. Après cela, nous allons nous baigner dans un petit point d’eau situé à dix minutes de marche. Ce bain nous décrasse. L’eau est propre. Les karens font attention à jeter leurs eaux usées dans un autre torrent, les toilettes elles, sont situées dans une petite cabane. C’est une plate-forme qui fait penser à des toilettes à la turc.
Le soir, pour diner, nous mangeons des nouilles de riz, du poulet, des œufs, des cœurs de bambous bouillis. Nous sommes épuisés et pour la première fois de notre vie, nous nous couchons vers 19 heures. Demain matin nous nous lèverons à l’aube encore pour rejoindre un village situé à 10 km. On doit rendre visite à des personnes âgées. Le village se nomme Populata. Ce sera une longue et difficile marche. La jungle est infestée de mines et de patrouilles birmanes. Dans cette zone, la semaine dernière, est mort un soldat Karen. Avec nous viendront 80 soldats. Nos sacs sont prêts, encore un peu d’anti moustique et je me glisse dans mon sac de couchage. Bonne nuit.
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source http://qc.novopress.info/9043/mission-humanitaire-en-birmanie-de-casapound-et-popoli%E2%80%AF-gianluca-raconte-son-voyage-chez-les-karens-premier-episode/
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Date d'inscription : 31/05/2009
Re: Birmanie - Voyage chez les Karens
Nous nous sommes levés tôt ce matin. Ce n’est pas trop dur quand on s’est couché à 19h. Aller se coucher et se lever avec le soleil, c’est la première chose que nous enseigne les cultures traditionnelles et pas seulement la culture Karen.
Nous sommes prêts à affronter cette longue route. Nous sommes à peu prêt 80 sur la place. Une patrouille des Black Legion est déjà partie pour ouvrir la route trente minutes avant nous. Les soldats sourient, fument de longues cigarettes et sont très attentionnés vis-à-vis de nous.
Nous commençons à marcher. Il fait très chaud même à 8 heures du matin. Il a plu une grande partie de la nuit, le sentier est couvert de boue. Le premier panorama qui s’offre à nos yeux, c’est un champ de maïs sucré planté par les Karens pour le bio-diesel. En décembre, ils récolteront et les profits seront bons pour ces villages. Nerdah est préoccupé que l’armée birmane n’incendie ces champs. Aussi envoie-t-il constamment des patrouilles dans le secteur.
Notre chemin se poursuit. Nous sommes en file indienne à 3 mètres les uns des autres. Personne ne parle, on n’entend que le son de nos rangers et la cadence de notre souffle. Le terrain est assez plat, il n’y a que quelques petites descentes et montées. Après les champs, nous retrouvons la forêt. Des animaux s’enfuient devant nous. Les soldats qui marchent à droite et à gauche nous font sans arrêt des signes pour nous prévenir de la présence de mines. C’est important de suivre la file et de respecter le silence.
D’un seul coup, nous sortons de la forêt. Nous arrivons dans une petite prairie. L’herbe est haute. Des dizaines de poteaux brulés sont encore plantés dans le sol. Franco et Cinzia ont les yeux brillants, gonflés de rage. Ce village, terminé il y a 10 mois et nommé Colami, avait été construit par l’association «L’Uomo Libero». Les Birmans l’ont brûlé sans pitié. Après quelques secondes de silence Franco murmure «…nous le reconstruirons…». Nous reprenons notre route.
Après cinq heures de marche, le commandant Nerdah Mya décide de camper près d’une rivière. Il fait nuit tôt et c’est un bon endroit pour s’arrêter. Nous montons nos hamacs camouflés et dotés de moustiquaires. Après quelques minutes, chacun est prêt pour la nuit et nous finissons en accrochant des toiles au dessus de nos têtes car il va probablement pleuvoir durant la nuit.
Les soldats se mettent à cuisiner. On fait aussi bouillir de l’eau du torrent pour qu’elle soit potable demain. Les soldats sont disposés dans toutes les directions, tous les dix mètres afin d’assurer la surveillance. Ils nettoient leurs armes, des AK47, des RPG, des M16, des fusils de sniper et des pistolets de différents calibres. Ils le font loin des civils soit pour nous protéger, soit parce qu’ils ont reçu des consignes.
Le repas est à base de nouilles, de bambous et des poulets comme l’était déjà notre déjeuner. Nous nous lavons dans le torrent, l’eau est glacée mais c’est très agréable vu la chaleur ambiante et les heures de marches que nous venons d’effectuer.
Des insectes de toutes les couleurs volent près de l’eau. La nature a donné à ces insectes des couleurs hallucinantes, du violet au bleu en passant par le blanc, le rouge, ou le vert émeraude, cela crée une ambiance curieuse et improbable. Nous mangeons des fruits fuchsias délicieux. L’intérieur est blanc et constellé de petits points noirs. Cela me fait penser à la «stracciatella» de nos glaciers.
La nuit tombe et la fatigue nous gagne. Je me glisse dans mon hamac. Au travers de la moustiquaire j’aperçois des jeunes soldats qui rient autour d’un feu maintenu petit pour chasser les insectes. Ils parlent certainement d’amour et de guerre et comparent leurs cicatrices.
.../...
source http://qc.novopress.info/9055/mission-humanitaire-en-birmanie-de-casapound-et-popoli-gianluca-raconte-son-voyage-chez-les-karens-deuxieme-episode/
Nous sommes prêts à affronter cette longue route. Nous sommes à peu prêt 80 sur la place. Une patrouille des Black Legion est déjà partie pour ouvrir la route trente minutes avant nous. Les soldats sourient, fument de longues cigarettes et sont très attentionnés vis-à-vis de nous.
Nous commençons à marcher. Il fait très chaud même à 8 heures du matin. Il a plu une grande partie de la nuit, le sentier est couvert de boue. Le premier panorama qui s’offre à nos yeux, c’est un champ de maïs sucré planté par les Karens pour le bio-diesel. En décembre, ils récolteront et les profits seront bons pour ces villages. Nerdah est préoccupé que l’armée birmane n’incendie ces champs. Aussi envoie-t-il constamment des patrouilles dans le secteur.
Notre chemin se poursuit. Nous sommes en file indienne à 3 mètres les uns des autres. Personne ne parle, on n’entend que le son de nos rangers et la cadence de notre souffle. Le terrain est assez plat, il n’y a que quelques petites descentes et montées. Après les champs, nous retrouvons la forêt. Des animaux s’enfuient devant nous. Les soldats qui marchent à droite et à gauche nous font sans arrêt des signes pour nous prévenir de la présence de mines. C’est important de suivre la file et de respecter le silence.
D’un seul coup, nous sortons de la forêt. Nous arrivons dans une petite prairie. L’herbe est haute. Des dizaines de poteaux brulés sont encore plantés dans le sol. Franco et Cinzia ont les yeux brillants, gonflés de rage. Ce village, terminé il y a 10 mois et nommé Colami, avait été construit par l’association «L’Uomo Libero». Les Birmans l’ont brûlé sans pitié. Après quelques secondes de silence Franco murmure «…nous le reconstruirons…». Nous reprenons notre route.
Après cinq heures de marche, le commandant Nerdah Mya décide de camper près d’une rivière. Il fait nuit tôt et c’est un bon endroit pour s’arrêter. Nous montons nos hamacs camouflés et dotés de moustiquaires. Après quelques minutes, chacun est prêt pour la nuit et nous finissons en accrochant des toiles au dessus de nos têtes car il va probablement pleuvoir durant la nuit.
Les soldats se mettent à cuisiner. On fait aussi bouillir de l’eau du torrent pour qu’elle soit potable demain. Les soldats sont disposés dans toutes les directions, tous les dix mètres afin d’assurer la surveillance. Ils nettoient leurs armes, des AK47, des RPG, des M16, des fusils de sniper et des pistolets de différents calibres. Ils le font loin des civils soit pour nous protéger, soit parce qu’ils ont reçu des consignes.
Le repas est à base de nouilles, de bambous et des poulets comme l’était déjà notre déjeuner. Nous nous lavons dans le torrent, l’eau est glacée mais c’est très agréable vu la chaleur ambiante et les heures de marches que nous venons d’effectuer.
Des insectes de toutes les couleurs volent près de l’eau. La nature a donné à ces insectes des couleurs hallucinantes, du violet au bleu en passant par le blanc, le rouge, ou le vert émeraude, cela crée une ambiance curieuse et improbable. Nous mangeons des fruits fuchsias délicieux. L’intérieur est blanc et constellé de petits points noirs. Cela me fait penser à la «stracciatella» de nos glaciers.
La nuit tombe et la fatigue nous gagne. Je me glisse dans mon hamac. Au travers de la moustiquaire j’aperçois des jeunes soldats qui rient autour d’un feu maintenu petit pour chasser les insectes. Ils parlent certainement d’amour et de guerre et comparent leurs cicatrices.
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La liberté, fille de la tragédie
«Tu te rends compte de combien de temps tu as dormi ?». Franco (Popoli) est devant moi, caméra vidéo à la main et qui rit au travers de sa moustache. «Quelle heure est-il?» Je cherche une diversion, une sorte de justification… J’ai dormi depuis 17h. hier après-midi comme si je n’avais pas dormi depuis des années ou comme si je ne pourrais plus jamais dormir. Au cœur de la jungle, entouré de soldats, avec les Birmans qui patrouillent, je devrais être alarmé. Pourtant ce n’est pas le cas, je suis relax, je me sens en sécurité, loin de tout danger. La nuit fut calme, il n’a même pas plu. Tout le monde est encore dans son hamac, sans une chaise ou une table ou s’asseoir ou une lampe pour lire.
Franco me dit que dans ce type de situation, c’est toujours ainsi. Certains jours on peut dormir toute la journée, d’autre fois on ne dort jamais. Il faut s’adapter. La patience est indispensable, c’est elle qui commande. Cela fait 60 ans que les Karens vivent comme cela. Je me retourne et les regarde, ils sont jeunes, en uniformes, ils s’activent pour refaire les sacs, cuisiner, prêts à reprendre la marche.
Ces garçons sont nés dans ces conditions et ils continuent la même guerre que leurs grands parents. Bien qu’ils soient jeunes, ils ont choisi sans contrainte d’être soldat plutôt que de vivre dans un camp de réfugié. Ils le font malgré les besoins qu’ont tous les adolescents de se divertir. Ils se tatouent le nom de jeunes filles sur les bras. Il y a quelque chose de grand chez ces jeunes gens. Quelque chose qui va plus loin. Quelque chose de beau et romantique. C’est le courage absolu, un choix conscient, c’est l’attitude de la liberté. La liberté avec un L majuscule, la vrai, la fille d’une tragédie.
Alors que je sors du hamac, je me rhabille rapidement, le soldat Poh-Boh me salut et m’invite à prendre un petit-déjeuner autour du feu. Cette nuit, ils ont capturé un cobra de un mètre cinquante. Ils le cuisent délicatement, il suscite une certaine envie chez tous les soldats réunis autour du feu. Poh Boh, quand il n’est pas en expédition dans la jungle est le chauffeur de Nerdah Mya. Il l’accompagne dans tous ses déplacements. C’est un des soldats les plus sympathiques, aussi peut-être, car il parle un peu anglais.
Poh Boh est drôle, il sait que pour nous, occidentaux, le serpent n’est pas forcément un plat de choix. Du coup il m’appelle et me donne un gros morceau de cobra devant tous les autres soldats avec un grand sourire. C’est un petit déjeuner inhabituel mais je dois avouer que la viande est bonne. Cela rappelle un peu le poulet. Poh Boh me regarde et sourit, satisfait finalement que j’aime ça.
«Nerdah dit que nous ne pourrons pas rejoindre Populata : il y a des troupes birmanes qui rôdent sur cette route et il ne veut pas les affronter avec nous au milieu. Il a déjà envoyé des hommes là-bas pour défendre le village en cas d’attaque.», explique Franco. «Nous devons revenir sur nos pas.» Je comprends la situation et ne discute pas, même si j’ai du mal à cacher ma déception. Pourtant je sais que Nerdah a fait le meilleur choix. Huit civils à protéger serait un casse-tête. Sur le chemin du retour, Nerdah se rapproche de moi et me fait écouter son talkie-walkie : on entend parler birman. Les Karens écoutent leurs fréquences pour les espionner et savoir où ils se rendent.
Tous en file indienne, nous revenons à notre point de départ. Il fait très chaud et l’humidité est record. C’est la saison des pluies sans pluie. Nous arrivons bientôt dans une clairière qui est en fait une scierie, elle est à un kilomètre du camp de base. Nous sommes presque arrivés. On décide alors d’y manger. On se déshabille pour aller se baigner dans la rivière fraiche, c’est très agréable après cette pénible marche.
Après le repas composé de maïs et nouille, nous repartons. Il est 15h. quand nous arrivons au camp. Les soldats se changent, ils enfilent des shorts et t-shirts et se lancent dans des parties de Tennis-football. Nous sommes moins vaillants qu’eux après les deux derniers jours de marche dans la jungle. «Ils sont jamais fatigués ceux-là !» me glisse Fabio en souriant. Fabio est un volontaire de Popoli. Il vient de Peruggia et est un excellent compagnon de voyage. «C’est peut-être à cause des noix de bétel qu’ils mâchent en permanence» ironise Rodolfo, le médecin, qui, en fait, a interdit aux Karens de faire cela en sa présence. Certains karens prétendent que la noix de bétel leur donne beaucoup de force mais d’après Rodolfo, elle est extrêmement toxique. Ils la mastiquent comme du chewing-gum, les dents deviennent alors rouges sang.
Il y a un garçon au camp qui se nomme Roekhee. Il sourit tout le temps et porte toujours un t-shirt de Popoli. Roekhee est un de ceux qui se charge de la cuisine même si toute la journée, il la passe à effectuer diverses missions dans la jungle. Il ne s’arrête jamais. Il a une prothèse à la jambe droite, souvenir d’une mine anti-personnelle. C’est lui qui nous apporte le diner et, souriant, nous demande comment s’est passé notre périple. Nous commençons à discuter, à rire et à blaguer dans la lumière vacillante des bougies. À quelques pas de nous se trouve Johnny qui joue des chansons karens à l’aide de sa guitare. Jouer le tient éveillé durant son tour de garde.
source http://qc.novopress.info/9086/mission-humanitaire-en-birmanie-de-casapound-et-popoli-gianluca-raconte-son-voyage-chez-les-karens-troisieme-episode/
Franco me dit que dans ce type de situation, c’est toujours ainsi. Certains jours on peut dormir toute la journée, d’autre fois on ne dort jamais. Il faut s’adapter. La patience est indispensable, c’est elle qui commande. Cela fait 60 ans que les Karens vivent comme cela. Je me retourne et les regarde, ils sont jeunes, en uniformes, ils s’activent pour refaire les sacs, cuisiner, prêts à reprendre la marche.
Ces garçons sont nés dans ces conditions et ils continuent la même guerre que leurs grands parents. Bien qu’ils soient jeunes, ils ont choisi sans contrainte d’être soldat plutôt que de vivre dans un camp de réfugié. Ils le font malgré les besoins qu’ont tous les adolescents de se divertir. Ils se tatouent le nom de jeunes filles sur les bras. Il y a quelque chose de grand chez ces jeunes gens. Quelque chose qui va plus loin. Quelque chose de beau et romantique. C’est le courage absolu, un choix conscient, c’est l’attitude de la liberté. La liberté avec un L majuscule, la vrai, la fille d’une tragédie.
Alors que je sors du hamac, je me rhabille rapidement, le soldat Poh-Boh me salut et m’invite à prendre un petit-déjeuner autour du feu. Cette nuit, ils ont capturé un cobra de un mètre cinquante. Ils le cuisent délicatement, il suscite une certaine envie chez tous les soldats réunis autour du feu. Poh Boh, quand il n’est pas en expédition dans la jungle est le chauffeur de Nerdah Mya. Il l’accompagne dans tous ses déplacements. C’est un des soldats les plus sympathiques, aussi peut-être, car il parle un peu anglais.
Poh Boh est drôle, il sait que pour nous, occidentaux, le serpent n’est pas forcément un plat de choix. Du coup il m’appelle et me donne un gros morceau de cobra devant tous les autres soldats avec un grand sourire. C’est un petit déjeuner inhabituel mais je dois avouer que la viande est bonne. Cela rappelle un peu le poulet. Poh Boh me regarde et sourit, satisfait finalement que j’aime ça.
«Nerdah dit que nous ne pourrons pas rejoindre Populata : il y a des troupes birmanes qui rôdent sur cette route et il ne veut pas les affronter avec nous au milieu. Il a déjà envoyé des hommes là-bas pour défendre le village en cas d’attaque.», explique Franco. «Nous devons revenir sur nos pas.» Je comprends la situation et ne discute pas, même si j’ai du mal à cacher ma déception. Pourtant je sais que Nerdah a fait le meilleur choix. Huit civils à protéger serait un casse-tête. Sur le chemin du retour, Nerdah se rapproche de moi et me fait écouter son talkie-walkie : on entend parler birman. Les Karens écoutent leurs fréquences pour les espionner et savoir où ils se rendent.
Tous en file indienne, nous revenons à notre point de départ. Il fait très chaud et l’humidité est record. C’est la saison des pluies sans pluie. Nous arrivons bientôt dans une clairière qui est en fait une scierie, elle est à un kilomètre du camp de base. Nous sommes presque arrivés. On décide alors d’y manger. On se déshabille pour aller se baigner dans la rivière fraiche, c’est très agréable après cette pénible marche.
Après le repas composé de maïs et nouille, nous repartons. Il est 15h. quand nous arrivons au camp. Les soldats se changent, ils enfilent des shorts et t-shirts et se lancent dans des parties de Tennis-football. Nous sommes moins vaillants qu’eux après les deux derniers jours de marche dans la jungle. «Ils sont jamais fatigués ceux-là !» me glisse Fabio en souriant. Fabio est un volontaire de Popoli. Il vient de Peruggia et est un excellent compagnon de voyage. «C’est peut-être à cause des noix de bétel qu’ils mâchent en permanence» ironise Rodolfo, le médecin, qui, en fait, a interdit aux Karens de faire cela en sa présence. Certains karens prétendent que la noix de bétel leur donne beaucoup de force mais d’après Rodolfo, elle est extrêmement toxique. Ils la mastiquent comme du chewing-gum, les dents deviennent alors rouges sang.
Il y a un garçon au camp qui se nomme Roekhee. Il sourit tout le temps et porte toujours un t-shirt de Popoli. Roekhee est un de ceux qui se charge de la cuisine même si toute la journée, il la passe à effectuer diverses missions dans la jungle. Il ne s’arrête jamais. Il a une prothèse à la jambe droite, souvenir d’une mine anti-personnelle. C’est lui qui nous apporte le diner et, souriant, nous demande comment s’est passé notre périple. Nous commençons à discuter, à rire et à blaguer dans la lumière vacillante des bougies. À quelques pas de nous se trouve Johnny qui joue des chansons karens à l’aide de sa guitare. Jouer le tient éveillé durant son tour de garde.
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Date d'inscription : 31/05/2009
Re: Birmanie - Voyage chez les Karens
Jusqu’à la victoire
Aujourd’hui nous devons repartir. Alors que je prépare mon sac, je me rends compte que j’ai dans la tête une chanson que Johnny et les autres garçons de garde chantaient hier soir. C’est la chanson de la révolution et c’est Johnny lui-même qui l’a écrite reprenant les quatre point indiqués par Saw Bah U Gyi, héros national Karen tué par les Birmans en 1950: la reconnaissance totale de l’État Karen et le fait que tant que cela ne sera pas le cas l’affirmation que les Karens maintiendront leur armée et décideront de leur destin.
Lucky est un jeune militaire et infirmier. Il ressemble plus à un peau-rouge qu’à un Karen. Il fait parti de l’équipe médicale de Popoli et est un élément très important: c’est lui qui le premier est venu nous saluer. Sac à dos, ponchos, moustiquaires, nous laissons tout dans la maison des soldats qui en auront plus besoin que nous. Nous laissons aussi des t-shirts, des pantalons, des cigarettes, quelques baht. Le colonel Nerdah est sur la place tous ses soldats. Ils nous attendent et nous saluent.
La dernière fois que j’ai vu Pietro (Tarricone), nous parlions de l’histoire de ce peuple qui, avec dignité et ténacité affrontait la plus grosse armée du sud-est asiatique (500 000 soldats)?: « ils combattent la drogue et la prostitution. Ils sont contre le trafic des enfants…» Pietro écoutait avec attention. Il me posait des questions qui montraient son envie de venir et d’essayer de prendre cette cause en main. Voilà pourquoi, en ce moment d’adieu, Paolo et moi portons le t-shirt de «Istinto Rapace». Je ne lui avais rien dit, il y avait pensé tout seul. C’est une façon pour nous de l’avoir un peu avec nous, en souvenir d’une amitié qui s’est terminée trop vite à cause d’un destin tragique.
«Commandant Nerdah Mya, je vous donne ce drapeau de Casapound Italia fait à la main par Stefania et d’autres filles de notre association. Elle symbolise l’amitié de centaine de militants, sympathisants et activistes de toute l’Italie qui portent dans leur cœur le peuple Karen. Nous sommes avec vous et nous ferons tout ce qui est possible. Jusqu’à la victoire.» Nerdah a un sourire lumineux, un de ceux qui rayonnent. Il a déjà beaucoup voyagé. Il a étudié aux États-Unis, il aurait pu y rester, au lieu de cela, il a choisi de continuer la lutte de ses pères. C’est cela que dit son sourire. Pendant que l’on prend quelques photos avec Nerdah et ses officiers devant le drapeau, je pense à mes propres gars. C’est une cavalcade d’actions, de concerts, d’événements. Je comprends comment lui se sent à la maison et pourquoi il est revenu.
«Gianlucah». C’est Nerdah qui m’appelle à ma droite, lisant peut-être mes pensées. Je me tourne et il m’offre son M16 pour poser pour une photo souvenir. Beau geste, plein de sens, mais je ne peux accepter. D’ailleurs je refuse poliment, je souris et serre fort la main de ce grand combattant.
Il est tant de partir. Encore quelques photos et quelques accolades. «Good luck my friend», je sais que c’est probablement la dernière fois que je le vois. On remonte sur les petits tracteurs qui nous ont amenés ici. On reprend la route, nous distinguons de loin nos nouveaux amis qui nous saluent criant et en levant leurs armes. Le soleil est haut, il mord l’acier et fait briller leurs sourires.
source http://qc.novopress.info/9117/mission-humanitaire-en-birmanie-de-casapound-et-popoli-gianluca-raconte-son-voyage-chez-les-karens-quatrieme-episode/
Aujourd’hui nous devons repartir. Alors que je prépare mon sac, je me rends compte que j’ai dans la tête une chanson que Johnny et les autres garçons de garde chantaient hier soir. C’est la chanson de la révolution et c’est Johnny lui-même qui l’a écrite reprenant les quatre point indiqués par Saw Bah U Gyi, héros national Karen tué par les Birmans en 1950: la reconnaissance totale de l’État Karen et le fait que tant que cela ne sera pas le cas l’affirmation que les Karens maintiendront leur armée et décideront de leur destin.
Lucky est un jeune militaire et infirmier. Il ressemble plus à un peau-rouge qu’à un Karen. Il fait parti de l’équipe médicale de Popoli et est un élément très important: c’est lui qui le premier est venu nous saluer. Sac à dos, ponchos, moustiquaires, nous laissons tout dans la maison des soldats qui en auront plus besoin que nous. Nous laissons aussi des t-shirts, des pantalons, des cigarettes, quelques baht. Le colonel Nerdah est sur la place tous ses soldats. Ils nous attendent et nous saluent.
La dernière fois que j’ai vu Pietro (Tarricone), nous parlions de l’histoire de ce peuple qui, avec dignité et ténacité affrontait la plus grosse armée du sud-est asiatique (500 000 soldats)?: « ils combattent la drogue et la prostitution. Ils sont contre le trafic des enfants…» Pietro écoutait avec attention. Il me posait des questions qui montraient son envie de venir et d’essayer de prendre cette cause en main. Voilà pourquoi, en ce moment d’adieu, Paolo et moi portons le t-shirt de «Istinto Rapace». Je ne lui avais rien dit, il y avait pensé tout seul. C’est une façon pour nous de l’avoir un peu avec nous, en souvenir d’une amitié qui s’est terminée trop vite à cause d’un destin tragique.
«Commandant Nerdah Mya, je vous donne ce drapeau de Casapound Italia fait à la main par Stefania et d’autres filles de notre association. Elle symbolise l’amitié de centaine de militants, sympathisants et activistes de toute l’Italie qui portent dans leur cœur le peuple Karen. Nous sommes avec vous et nous ferons tout ce qui est possible. Jusqu’à la victoire.» Nerdah a un sourire lumineux, un de ceux qui rayonnent. Il a déjà beaucoup voyagé. Il a étudié aux États-Unis, il aurait pu y rester, au lieu de cela, il a choisi de continuer la lutte de ses pères. C’est cela que dit son sourire. Pendant que l’on prend quelques photos avec Nerdah et ses officiers devant le drapeau, je pense à mes propres gars. C’est une cavalcade d’actions, de concerts, d’événements. Je comprends comment lui se sent à la maison et pourquoi il est revenu.
«Gianlucah». C’est Nerdah qui m’appelle à ma droite, lisant peut-être mes pensées. Je me tourne et il m’offre son M16 pour poser pour une photo souvenir. Beau geste, plein de sens, mais je ne peux accepter. D’ailleurs je refuse poliment, je souris et serre fort la main de ce grand combattant.
Il est tant de partir. Encore quelques photos et quelques accolades. «Good luck my friend», je sais que c’est probablement la dernière fois que je le vois. On remonte sur les petits tracteurs qui nous ont amenés ici. On reprend la route, nous distinguons de loin nos nouveaux amis qui nous saluent criant et en levant leurs armes. Le soleil est haut, il mord l’acier et fait briller leurs sourires.
source http://qc.novopress.info/9117/mission-humanitaire-en-birmanie-de-casapound-et-popoli-gianluca-raconte-son-voyage-chez-les-karens-quatrieme-episode/
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