Cambodge - Vendeur de papayes et bientôt star
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Cambodge - Vendeur de papayes et bientôt star
Un jeune homme de province venu tenter sa chance dans la capitale voit sa vie changer grâce à ses talents de chanteur. Ce qui n'était initialement qu'une astuce de commerçant pour vendre ses salades devient une belle histoire.
Mao Bora est déjà célèbre, mais après la sortie de son premier album au mois d'avril, il est bien possible que le plus charismatique des vendeurs de papayes devienne une véritable star.
Quand il arrive en moto dans la 136e rue, près de la rivière, le vendeur de rue le mieux habillé de Phnom Penh fait sensation avec son stand ambulant, son costume-cravate, ses chaussures blanches pointues, son sourire contagieux et les slogans qu'il chante à tue-tête : "La papaye rend beau ! La papaye accompagne très bien une bière ! La papaye porte chance !"
Les consommateurs se pressent autour de lui pour s'arracher les sachets de salade de papayes vertes marinées et pour plaisanter avec le jeune homme, originaire du village de Pich Sar, dans la province de Takeo [sud-ouest du pays]. Depuis son arrivée à Phnom Penh, au début de 2011, il a fait de sa petite entreprise un véritable spectacle. Et maintenant, près d'un an après que l'édition khmère du Phnom Penh Post lui a consacré un article, il va sortir son premier album. Il a déjà téléchargé le premier single sur son téléphone mobile. "Le titre n'a pas encore été édité", précise-t-il en tenant le téléphone près de mon oreille.
Aîné de six enfants, Mao Bora est arrivé à Phnom Penh dans l'espoir de trouver un moyen de subvenir aux besoins de sa famille. Mais comme il n'a pas dépassé le niveau CE2, peu de portes se sont ouvertes à lui. Faute de trouver un travail, il a décidé de monter son entreprise tout en continuant à poursuivre son rêve de devenir une pop star. Il a acheté un vélo d'occasion, y a attaché un panier à linge, puis a commencé à préparer des salades de papayes pimentées pour les vendre au bord de la rivière, aux Cambodgiens comme aux touristes.
Il s'est vite rendu compte qu'il fallait trouver un moyen de se démarquer, ce qui ne lui a posé aucun problème. "J'ai commencé à chanter à des mariages quand j'avais 16 ans, explique-t-il. J'ai toujours été bavard et j'ai toujours aimé faire sourire les gens. Même quand j'étais petit, j'aimais faire le guignol et faire rire mon public. Après, les gens sont plus décontractés."
En peu de temps, il est devenu la coqueluche de Phnom Penh. Ses ventes ont atteint des sommets et, neuf mois plus tard, il a pu acheter une moto. Ensuite, il a commencé à embaucher des employés - de jeunes hommes de son village natal qui n'avaient pas de travail. Il les a fait venir à la capitale, leur a donné des costumes et leur a appris ses slogans chantés. "J'adore interagir avec le public, c'est ma seconde nature. Les gens se dérident et ils papotent avec nous. Parfois, dès qu'on arrive et que l'on commence à discuter et à chanter, l'ambiance de la rue change. Même si les gens n'achètent rien, on est récompensés par un sourire", raconte Moa Bora, qui explique comment il a transformé un travail que la plupart veulent à tout prix éviter en une véritable aventure.
A la suite du portrait que lui a consacré le Phnom Penh Post en 2011, d'autres médias se sont intéressés à lui, mais aussi des maisons de disques. Plusieurs producteurs l'ont contacté et il a fait des essais en studio. Comme souvent, les premiers essais n'ont pas abouti. "Je n'ai jamais cessé d'être optimiste. A chaque rendez-vous, j'étais plein d'espoir, mais la plupart des producteurs ne m'ont jamais rappelé", avoue le jeune homme. Finalement, une nouvelle maison de production appelée Green Stone voit son potentiel. La société lui paie des cours de chant et des heures en studio pour répéter. "Mon premier album est déjà enregistré, et quand il sera édité il pourra sortir. Il compte plusieurs chansons et la première parle de la papaye", explique-t-il.
En raison de sa reconversion, il a moins de temps pour préparer les salades de papayes. Le matin et en début d'après-midi, il est en répétition ou enregistre en studio, mais grâce à ses nouveaux employés postés dans toute la ville, il vend désormais environ 100 kilos de fruits par jour.
"Nous sommes six et avons trois motos situées à différents endroits. Les revenus ont explosé, mais je paie mes salariés à la journée, ce qui entraîne plus de frais", explique le jeune homme.
Green Stone n'est pas une maison de production très connue, mais Mao Bora est confiant. Le caractère original de la société lui plaît et il s'est d'ores et déjà rendu compte que cette nouvelle aventure est bonne pour les affaires.
Dans son premier entretien avec le Phnom Penh Post, il admettait qu'il avait choisi la salade de papayes parce que c'est la collation la plus facile à préparer et que cet en-cas va bien avec une bière. "Je suis un cuisinier paresseux", admet-il. Avant d'arriver dans la capitale, il avait déjà proposé ses services de cuisinier lors de plusieurs mariages, mais il a toujours rêvé de devenir chanteur.
S'il devient célèbre, insiste-t-il, il n'abandonnera pas son commerce ambulant. "Même si je suis une star, je ne renierai jamais ce travail : au contraire, je le développerai dans tout le pays." Le patron de Green Stone, Chhun Lyheang, a déclaré qu'il était plein d'espoir pour Mao Bora et qu'il était emballé par son talent : "C'est l'association d'une voix magnifique et d'un début de carrière hors du commun. Mao en fait parfois un peu trop, ajoute Chhun Lyheang, alors on lui apprend à se détendre et à exprimer plus d'émotions quand il chante."
Selon le manager de Mao Bora, le jeune homme hésite à opérer la transition entre vendeur ambulant et star de la chanson. "Il est parfois un peu trop modeste", explique Chhun Lyheang. "Quand on l'emmène à une soirée ou dans une discothèque, il est si anxieux qu'il en oublierait presque qu'il est déjà chanteur, et qu'il pourrait bien devenir une vraie célébrité."
http://www.courrierinternational.com/article/2012/03/29/vendeur-de-papayes-et-bientot-star
Mao Bora est déjà célèbre, mais après la sortie de son premier album au mois d'avril, il est bien possible que le plus charismatique des vendeurs de papayes devienne une véritable star.
Quand il arrive en moto dans la 136e rue, près de la rivière, le vendeur de rue le mieux habillé de Phnom Penh fait sensation avec son stand ambulant, son costume-cravate, ses chaussures blanches pointues, son sourire contagieux et les slogans qu'il chante à tue-tête : "La papaye rend beau ! La papaye accompagne très bien une bière ! La papaye porte chance !"
Les consommateurs se pressent autour de lui pour s'arracher les sachets de salade de papayes vertes marinées et pour plaisanter avec le jeune homme, originaire du village de Pich Sar, dans la province de Takeo [sud-ouest du pays]. Depuis son arrivée à Phnom Penh, au début de 2011, il a fait de sa petite entreprise un véritable spectacle. Et maintenant, près d'un an après que l'édition khmère du Phnom Penh Post lui a consacré un article, il va sortir son premier album. Il a déjà téléchargé le premier single sur son téléphone mobile. "Le titre n'a pas encore été édité", précise-t-il en tenant le téléphone près de mon oreille.
Aîné de six enfants, Mao Bora est arrivé à Phnom Penh dans l'espoir de trouver un moyen de subvenir aux besoins de sa famille. Mais comme il n'a pas dépassé le niveau CE2, peu de portes se sont ouvertes à lui. Faute de trouver un travail, il a décidé de monter son entreprise tout en continuant à poursuivre son rêve de devenir une pop star. Il a acheté un vélo d'occasion, y a attaché un panier à linge, puis a commencé à préparer des salades de papayes pimentées pour les vendre au bord de la rivière, aux Cambodgiens comme aux touristes.
Il s'est vite rendu compte qu'il fallait trouver un moyen de se démarquer, ce qui ne lui a posé aucun problème. "J'ai commencé à chanter à des mariages quand j'avais 16 ans, explique-t-il. J'ai toujours été bavard et j'ai toujours aimé faire sourire les gens. Même quand j'étais petit, j'aimais faire le guignol et faire rire mon public. Après, les gens sont plus décontractés."
En peu de temps, il est devenu la coqueluche de Phnom Penh. Ses ventes ont atteint des sommets et, neuf mois plus tard, il a pu acheter une moto. Ensuite, il a commencé à embaucher des employés - de jeunes hommes de son village natal qui n'avaient pas de travail. Il les a fait venir à la capitale, leur a donné des costumes et leur a appris ses slogans chantés. "J'adore interagir avec le public, c'est ma seconde nature. Les gens se dérident et ils papotent avec nous. Parfois, dès qu'on arrive et que l'on commence à discuter et à chanter, l'ambiance de la rue change. Même si les gens n'achètent rien, on est récompensés par un sourire", raconte Moa Bora, qui explique comment il a transformé un travail que la plupart veulent à tout prix éviter en une véritable aventure.
A la suite du portrait que lui a consacré le Phnom Penh Post en 2011, d'autres médias se sont intéressés à lui, mais aussi des maisons de disques. Plusieurs producteurs l'ont contacté et il a fait des essais en studio. Comme souvent, les premiers essais n'ont pas abouti. "Je n'ai jamais cessé d'être optimiste. A chaque rendez-vous, j'étais plein d'espoir, mais la plupart des producteurs ne m'ont jamais rappelé", avoue le jeune homme. Finalement, une nouvelle maison de production appelée Green Stone voit son potentiel. La société lui paie des cours de chant et des heures en studio pour répéter. "Mon premier album est déjà enregistré, et quand il sera édité il pourra sortir. Il compte plusieurs chansons et la première parle de la papaye", explique-t-il.
En raison de sa reconversion, il a moins de temps pour préparer les salades de papayes. Le matin et en début d'après-midi, il est en répétition ou enregistre en studio, mais grâce à ses nouveaux employés postés dans toute la ville, il vend désormais environ 100 kilos de fruits par jour.
"Nous sommes six et avons trois motos situées à différents endroits. Les revenus ont explosé, mais je paie mes salariés à la journée, ce qui entraîne plus de frais", explique le jeune homme.
Green Stone n'est pas une maison de production très connue, mais Mao Bora est confiant. Le caractère original de la société lui plaît et il s'est d'ores et déjà rendu compte que cette nouvelle aventure est bonne pour les affaires.
Dans son premier entretien avec le Phnom Penh Post, il admettait qu'il avait choisi la salade de papayes parce que c'est la collation la plus facile à préparer et que cet en-cas va bien avec une bière. "Je suis un cuisinier paresseux", admet-il. Avant d'arriver dans la capitale, il avait déjà proposé ses services de cuisinier lors de plusieurs mariages, mais il a toujours rêvé de devenir chanteur.
S'il devient célèbre, insiste-t-il, il n'abandonnera pas son commerce ambulant. "Même si je suis une star, je ne renierai jamais ce travail : au contraire, je le développerai dans tout le pays." Le patron de Green Stone, Chhun Lyheang, a déclaré qu'il était plein d'espoir pour Mao Bora et qu'il était emballé par son talent : "C'est l'association d'une voix magnifique et d'un début de carrière hors du commun. Mao en fait parfois un peu trop, ajoute Chhun Lyheang, alors on lui apprend à se détendre et à exprimer plus d'émotions quand il chante."
Selon le manager de Mao Bora, le jeune homme hésite à opérer la transition entre vendeur ambulant et star de la chanson. "Il est parfois un peu trop modeste", explique Chhun Lyheang. "Quand on l'emmène à une soirée ou dans une discothèque, il est si anxieux qu'il en oublierait presque qu'il est déjà chanteur, et qu'il pourrait bien devenir une vraie célébrité."
http://www.courrierinternational.com/article/2012/03/29/vendeur-de-papayes-et-bientot-star
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